Un croquis se cache sous les couches de peinture du plus célèbre tableau de Rembrandt, La Ronde de nuit : des chercheur·se·s ont annoncé cette découverte majeure révélant la genèse du chef-d’œuvre du maître néerlandais. Le croquis montre notamment que Rembrandt avait initialement prévu de peindre des plumes sur le casque d’un milicien, et qu’il a décidé de supprimer une épée entre les deux personnages principaux.
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“Les plumes sont bien visibles sur le croquis, et pas sur la peinture”, a détaillé lors d’une conférence de presse Pieter Roelofs, responsable du département des peintures et sculptures au Rijksmuseum d’Amsterdam. “Nous ne savons pas pourquoi il a changé d’avis, peut-être parce que cela attirait trop l’attention sur ce personnage”, a-t-il ajouté.
Une trentaine d’expert·e·s travaillent depuis deux ans et demi sur la toile, l’une des plus célèbres au monde, l’étudiant méticuleusement avec des techniques d’imagerie et de technologie informatique les plus avancées. Le Rijksmuseum a récemment présenté des résultats de la première phase des études, qui ont pour but de comprendre la technique de l’artiste et, à terme, de redonner à la toile monumentale tout son éclat et sa splendeur.
“La découverte du croquis représente une percée dans cette recherche”, “nous avons découvert la genèse” de l’œuvre, s’est réjoui Taco Dibbits, directeur du Rijksmuseum, dont La Ronde de nuit peinte en 1642 est la pièce maîtresse.
“Nous avons toujours soupçonné que Rembrandt avait dû faire un croquis sur la toile avant de se lancer dans cette composition incroyablement complexe, mais nous n’en avions pas la preuve”, a poursuivi M. Dibbits. “C’est fascinant de voir Rembrandt chercher la bonne composition” pour réaliser le tableau, qui mesure 3,8 mètres de haut sur 4,5 mètres de large pour un poids de 337 kilogrammes, a-t-il ajouté.
Restauration historique
Le Néerlandais Rembrandt van Rijn (1606-1669) avait reçu en 1642 une commande du capitaine de la milice bourgeoise d’Amsterdam Frans Banning Cocq pour portraiturer les officiers et membres de sa milice. Depuis, en près de quatre siècles, le tableau a connu bien des épreuves. En 1715, il avait carrément été rogné pour être installé à l’Hôtel de ville d’Amsterdam et, lors de la Seconde Guerre mondiale, il a échappé aux nazis.
La dernière restauration majeure remonte à plus de quarante ans, après une attaque en 1975 d’un déséquilibré qui l’avait tailladé à coups de couteau. Depuis, les expert·e·s ont constaté l’apparition d’un halo blanc sur certaines parties du tableau, en particulier autour de la zone endommagée par les coups de couteau, décolorant un petit chien en bas à droite.
Le musée s’est donc lancé en juillet 2019 dans une opération de restauration, avec l’originalité qu’elle se déroule en direct sous les yeux du public. La toile est placée dans un écrin de verre au milieu de la galerie d’honneur du musée, et le public du Rijksmuseum – jusqu’à 3 millions de visiteur·se·s par an en temps normal, 675 000 en 2020 – peut tout observer.
Appelé “Opération Ronde de nuit”, le projet de restauration actuel, qui coûte plusieurs millions d’euros, est une grande première. Il s’agit du travail de recherche et de restauration le plus vaste et le plus complet du chef-d’œuvre.
Le 19 janvier 2022, les expert·e·s doivent débuter un traitement sur des déformations sur le coin supérieur gauche du tableau et évalueront ensuite si une restauration complète de l’œuvre est nécessaire. “L’état général du tableau est conforme à ce à quoi on peut s’attendre pour une peinture de près de 400 ans”, indique M. Roelofs, mais il n’y a “rien d’alarmant”.
Avec AFP.