L’expansion de l’intelligence artificielle créative continue son bout de chemin, et surtout de faire parler d’elle. Si plusieurs mondes artistiques ont déjà dû s’adapter à cette intelligence artificielle mal-aimée, c’est au tour du monde de la photographie d’être touché. Les retouches Photoshop abusives déjà pointées du doigt depuis longtemps laissent aujourd’hui place à des photographies générées par IA.
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Le photographe italien Emanuele Boffa, contributeur pour Vogue, a avoué au média PetaPixel que certaines de ses œuvres, dont plusieurs estampillées Vogue, sont en réalité de pures créations algorithmiques. Ce n’est pas vraiment qu’Emanuele Boffa a voulu cacher son usage de l’IA, se décrivant lui-même comme photographe et artiste numérique dans sa bio Instagram.
C’est plutôt qu’il n’avait jusqu’ici jamais abordé le sujet, et que des témoignages recueillis par PetaPixel dénoncent une censure de celles et ceux qui commentaient ses posts en soupçonnant l’usage d’une IA. La publication en ligne a par exemple analysé des doigts étranges et une éolienne cassée sur une des images de l’artiste.
Autre problème : ses œuvres photos et numériques se mêlent sans distinction sur sa page Instagram — suivie par plus de 30 000 personnes. Dans une interview donnée à PetaPixel, Emanuele Boffa s’est justifié : “James Cameron ou Christopher Nolan et bien d’autres réalisateurs et directeurs de la photographie génèrent en permanence des images à l’aide d’infographies ou d’IA. Et je ne pense pas que les gens s’en soucient beaucoup. L’intelligence artificielle, lorsqu’elle est utilisée correctement, génère exactement ce qu’il y a dans l’esprit de l’auteur.”
Les retouches sur ses “vraies photos” rendent la différenciation quasi impossible. Selon l’artiste, seules “cinq photos ont été générées par l’IA et post-produites avec Blender, les autres sont de vraies personnes et de vrais paysages.” Néanmoins, force est de constater que le résultat est bluffant. De quoi inquiéter les amoureux·ses de l’art photographique qui redoutent l’arrivée de plus en plus menaçante des technologies de reproduction visuelle.