Le visage est flou, brumeux, mais la mèche blonde et le costume-cravate ne laissent place à aucun doute : c’est bien Donald Trump, sous toutes les coutures, qui tapisse l’atelier du peintre israélien Iddo Markus, fasciné par la “figure tragique” de l’ancien président américain.
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“Avant toute chose, sachez que je ne l’aime pas !”, insiste l’artiste volubile, à la barbe fournie et aux yeux noirs perçants dans son atelier de Haïfa (au nord d’Israël). On y trouve par dizaines, sur le sol et sur les murs, des portraits de Donald Trump peints sur des toiles ou du bois d’une multitude de formats, parfois aussi petits que des photos d’identité.
© Emmanuel Dunand/AFP
Quand le milliardaire républicain s’est présenté à l’élection présidentielle américaine de 2016, Iddo Markus n’en “revenait pas”. Puis lorsque Donald Trump a été élu, l’artiste a été “terrifié” et “écœuré par sa façon de traiter les gens et les minorités”. Mais ses yeux ne pouvaient se détacher de l’homme “aux cheveux jaunes et au visage orange”, dont les images et la rhétorique ont inondé les médias et les réseaux sociaux en quatre ans de mandat.
Une première peinture faite sur un coin de table a été suivie par quelque 120 autres toiles, toujours à l’huile, avec un Donald Trump au visage comme effacé mais dont la silhouette est immédiatement reconnaissable. “Les premiers tableaux étaient beaucoup plus colorés et réalisés rapidement”, raconte à l’AFP Markus, qui a étudié la peinture aux États-Unis, où il est né, et en Israël.
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Une muse “tragique”
Mais après sa défaite en novembre face au démocrate Joe Biden et l’assaut du Capitole à Washington début janvier par une foule de ses partisan·e·s, il ressemble davantage à une figure “pathétique”, estime l’artiste. “Ces derniers temps, Trump a fait naître en moi une palette d’émotions différentes : il est comme une figure tragique, à la personnalité plus complexe qu’une simple icône.”
“On le voit à sa façon de se tenir : c’est comme si, d’un coup, il se rendait compte qu’il était un être humain, fragile”, après s’être pris pour “Dieu”. Iddo Markus souhaiterait exposer ses portraits – une série qu’il a baptisée L’Apprenti, d’après l’émission de téléréalité The Apprentice ayant contribué à la popularité de Donald Trump qui l’animait – dans une galerie ou dans un musée. Il en a déjà vendus plusieurs.
© Emmanuel Dunand/AFP
L’une de ses œuvres a par exemple été acquise par un démocrate américain qui voulait garder chez lui un souvenir de “l’abysse” dans lequel est descendue un jour la démocratie américaine, explique-t-il. Dans la pagaille de son atelier, où les murs sont recouverts de croquis épinglés, de photos découpées, de coups de pinceaux échappés d’une toile, Iddo Markus l’admet bien volontiers : il est “dans l’obsession, dans tout ce qu’[il] fait”.
Pour preuve : il est tombé un jour sur un cliché de son épouse, enfant, dans une robe rose. Il n’en fallait pas davantage pour qu’il s’empare de ses pinceaux et laisse aller son inépuisable verve sur de petits carrés de bois ou sur d’immenses toiles, pour parvenir au joli résultat de 1 000 œuvres en cinq ans. “Je n’ai pas besoin de drame, de la guerre, pour peindre, une photo me suffit pour entreprendre une aventure”, dit-il. “Portraiturer Trump, c’était une aventure…”
Avec AFP.