Tyler, The Creator et les nombreux personnages qui peuplent sa tête (et sa musique)

Tyler, The Creator et les nombreux personnages qui peuplent sa tête (et sa musique)

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© Youtube Tyler, The Creator

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Par Simon Dangien

Publié le , modifié le

L’artiste s’apprête à revenir avec un nouveau personnage et on s’est dit qu’une rétrospective de tous ses précédents alter ego ne serait pas de trop, accrochez-vous bien.

Une marche quasi militaire, une grosse explosion, une courte vidéo dévoilée sur YouTube et ses réseaux qui pourrait s’apparenter au teaser d’un nouvel album intitulé CHROMAKOPIA : Tyler, The Creator semble bel et bien préparer sa prochaine mue, entraînant l’arrivée inévitable d’un énième personnage. Les informations quant à ce potentiel futur alter ego ne courent pas les rues, mais c’est l’occasion de revenir sur la faculté et l’amour du rappeur pour la transformation et la mise en place de personnages rendant son univers artistique riche et complexe.

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Depuis le début de sa carrière en 2009 avec son premier album Bastard, Tyler, The Creator n’a eu de cesse d’explorer les tréfonds de son enfance, de sa vie, de sa mémoire et de ses pensées, le tout couplé à sa créativité, pour développer des personnages, à la manière d’un David Bowie, ou plus récemment The Weeknd. Le premier, Dr. TC, représente le psychiatre de l’artiste. Ce personnage sera présent jusqu’à son troisième album, Wolf, en 2013. Pour le reconnaître ? Rien de plus simple, il suffit de se référer à son ton et au pitch de sa voix tourné vers les graves, comme dans l’introduction de son deuxième album Goblin.

Si on reprend les initiales de Dr. TC, nous découvrons un autre personnage, la face cachée du psychiatre, Tron Cat. Une entité bien plus violente, à l’âme noire, qui nourrira Tyler de pensées sanglantes. Un autre personnage apparaîtra au même moment que Dr. TC, il s’agit de Ace. Cet alter ego est à l’image des traumatismes de Tyler, exprimés ici avec une grande agressivité. Ace ne sera que peu présent et c’est surtout sur Bastard que sa colère sera vraiment identifiable. Viendra ensuite l’apparition de Sam dans Wolf, troisième album du rappeur. Un personnage bien plus sensible et peu sûr de lui, que l’on peut analyser plus en profondeur dans le titre clippé de “IFHY” issu de Wolf ou dans le morceau “Pigs” issu du même disque.

Vient alors le dernier personnage de la première partie de carrière de Tyler, Wolf Haley, dit Wolf. C’est un peu le personnage principal, celui qui accompagne au plus près Tyler. Dans le featuring avec Domo Genesis “Sam (Is Dead)”, Tyler mettra en scène la mort de plusieurs de ses personnages, Ace, Wolf Haley et Tron Cat. Mais malgré ce drame et toute la symbolique derrière cette mise en scène, ce n’est pas la fin de la multiplication de son identité.

Tyler a en effet encore de belles histoires à nous raconter. Et c’est premièrement via Chur Bum sur l’album Cherry Bomb qu’il le fera. Un disque qui pourrait correspondre à la nouvelle ère musicale de Tyler, débarrassé de ses précédentes attaches. Un personnage qui porte un masque étrange et une chemise bleue.

S’ensuit, avec la sortie des albums éponymes, l’arrivée de Flower Boy en 2017, puis du fameux IGOR en 2019, un personnage intrigant, à la perruque blonde reconnaissable entre mille, tout comme sa voix. C’est avec l’album IGOR, qui fêtait ses 5 ans il y a quelques mois, et donc ce personnage, que Tyler, The Creator atteindra pour la première fois de sa carrière la plus haute place du top album et remportera le prix du Meilleur album rap aux Grammy Awards en 2020.

L’histoire entourant la discographie de Tyler et ses alter ego est faite de mystère, d’interprétations, dont la seule vérité réside dans le crâne de l’artiste, ou quelque part ailleurs, loin du réel. En 2023, Tyler, The Creator dévoilait “SORRY NOT SORRY”, outro de la réédition de son dernier album CALL ME IF YOU GET LOST (qui apportait d’ailleurs le dernier personnage en date de l’artiste, Tyler Baudelaire). Dans le clip du morceau, il vient redonner vie à (presque) tous ses précédents alter ego, depuis Bastard jusqu’à CMIYGL, faisant lui-même la propre rétrospective de l’histoire sophistiquée entre lui et ses autres lui qui ne restent malgré tout jamais très loin de sa personne et de sa musique.