Du 11 octobre 2024 au 16 février 2025, le Musée d’Art Moderne de Paris expose la première rétrospective française consacrée à Hans Josephsohn (1920-2012). L’œuvre du sculpteur suisse, qui a fait de la figure humaine son motif de prédilection, est présentée de manière chronologique, et à travers le regard du peintre allemand Albert Oehlen. Retour sur trois faits marquants à savoir sur Hans Josephsohn pour mieux appréhender son œuvre.
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Juif pendant la Seconde Guerre mondiale, il en a gardé des séquelles toute sa vie
Né en 1920 en Prusse orientale, Hans Josephsohn assiste à la montée du régime nazi et quitte son pays natal et ses lois répressives en 1938 pour rejoindre l’Italie. Déjà attiré par la sculpture, il veut entamer des études d’art à Florence, mais ses origines juives l’obligent rapidement à plier bagage de nouveau pour rejoindre Zurich, en Suisse. Il est également brièvement retenu dans un camp de réfugié·e·s, et il perd ses deux parents, vraisemblablement tués dans un camp de concentration.
Hans Josephsohn, Sans titre (Ruth), Laiton, 1975, Kesselhaus Josephsohn Saint-Gallen. (© Josephsohn Estate and Kesselhaus/Photo : Katalin Deér/Kesselhaus Josephsohn)
La sculpture est devenue un refuge pour lui
En Suisse, il apprend la sculpture auprès d’Otto Müller (1905-1993). Hans Josephsohn ouvre son propre atelier en 1943 et expose ses œuvres en Suisse dès 1964, année où il obtient la nationalité suisse. “Il considérait son atelier comme un lieu où ‘tout est en suspens’, une pièce où le rôle de l’artiste était de donner vie à des masses inanimées” détaille l’autrice australienne Jennifer Higgie. L’art, et particulièrement la sculpture, revêt pour lui une valeur refuge, après des années de guerre traumatisantes. “Apprendre m’a sauvé. La sculpture est devenue mon pays natal. Les sculpteurs de l’histoire de l’art étaient pour moi de véritables parents”, a déclaré Hans Josephsohn.
Certaines de ses figures représentent des femmes de son entourage
Le sculpteur explore principalement la figure humaine féminine : il crée des têtes, des bustes, des figures allongées, assises ou debout, en plâtre, bronze ou laiton. Si nombre de ses œuvres ne représentent aucune femme en particulier, certaines s’inspirent a contrario directement de femmes de son entourage, qu’il soit privé ou professionnel : des amies, des amantes, des assistantes.
“Sans titre (Mirjam), par exemple, fait référence à la première épouse et modèle constant de Josephsohn, Mirjam Abeles, dont il représente le visage et le haut du corps en forme de Madone dans des plans expressifs en forme de stèle. En 1956, il sculpte Sans titre (Beno) : la tête d’un jeune homme, la peau claire, l’expression stoïque. Des décennies plus tard, il dépeint sa troisième épouse, Verena Wunderlin – comme dans Untitled (Verena) – comme une énergie brute et abstraite, une étude de masse et de volume”, illustre Jennifer Higgie.
Atelier d’Hans Josephsohn, 2006. (© Katalin Deér/Kesselhaus Josephsohn)
Hans Josephsohn, Sans titre, Laiton, 1990, Kesselhaus Josephsohn Saint-Gallen. (© Josephsohn Estate & Kesselhaus/Photo : Katalin Deér/Kesselhaus Josephsohn)
L’exposition “Josephsohn, vu par Albert Oehlen” est visible jusqu’au 16 février 2025 au Musée d’Art Moderne de Paris.
Konbini, partenaire du Musée d’Art Moderne de Paris.