Voilà une diffusion qui fait beaucoup, beaucoup de bruit. Tomboy fait partie de ces oeuvres dont la réputation dépasse de loin l’oeuvre en tant que telle. Après être passé hier soir sur l’antenne d’Arte, ce film est à voir pendant une semaine sur la plateforme Arte+7.
Sauf que depuis quelques jours, le film est devenu le symbole à abattre pour les partisans de valeurs familiales et sociales conservatrices.
Fin novembre 2013, déjà, une pétition était lancée afin d’interdire la diffusion de ce film dans les écoles. L’oeuvre de Céline Sciamma était alors programmée dans les écoles primaires dans le cadre du programme “Ecole et Cinéma”. Le principe ? L’œuvre est étudiée par les élèves parmi d’autres, comme Pierre et le Loup de Suzie Templeton ou Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki. Ces cours optionnels ont pour but d’initier les enfants à la culture cinématographique par la découverte de productions anciennes et récentes.
Après l’école, la télévision. Tout récemment, le 18 février, les ultra-catholiques de Civitas appelaient à se mobiliser contre la chaîne Arte. Et pour cause : la chaîne franco-allemande se rendait coupable de programmer ce “film de propagande pour l’idéologie du genre” mercredi 19 février à 20h50.
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“Une coïncidence heureuse”
Or, là où Civitas voit les sabots du Malin, il n’y aurait qu’une volonté éditoriale d’Arte. Olivier Père, directeur du cinéma chez Arte France, déclare à 20 Minutes : “La programmation de Tomboy n’est pas du tout liée à la polémique récente. On le diffuse à cause de la Berlinale, où il avait été découvert, au même titre que l’on diffuse Une séparation ou Confessions d’un homme dangereux. C’est décidé depuis très longtemps”.
Il poursuit :
Je dirais plutôt que c’est une coïncidence heureuse, du moins intéressante. Car elle permettra aux gens de se faire une opinion, pour décider d’eux-mêmes si ce film est choquant, offensant, ou même de parti-pris. De notre côté, il n’y a rien de militant. On est militants pour les bons films et le cinéma d’auteur (…). Il ne s’agissait pas d’instrumentaliser la diffusion pour faire un débat social ou politique. Le film vaut beaucoup plus que ça. Céline Sciamma s’inscrit dans la lignée d’un François Truffaut avec ses films sur l’enfance comme Les 400 coups ou L’argent de poche.
Civitas à l’attaque
Des explications insuffisantes pour les conservateurs de l’institut Civitas, qui publiait un violent billet le 18 février pour dénoncer et empêcher la diffusion de Tomboy. Le film de la réalisatrice de La Naissance des Pieuvres est décrit comme un “film de propagande pour l’idéologie du genre”. Pour tout argument, il reprend des morceaux d’une interview de la réalisatrice accordée à TV5 Monde. Selon les ultra-catholiques, cet entretien est la preuve que Tomboy est un outil militant et fait du “prosélytisme en faveur de l’idéologie du genre”.
Tomboy sort le 20 avril 2011 et malgré son succès populaire confidentiel (moins de 300.000 entrées en France), bénéficie d’excellentes critiques, dans Télérama et le Nouvel Observateur, mais dans le Figaro et l’Express – des journaux plus conservateurs – également. À vous de vous forger une opinion en regardant le film ci-dessus. Vous avez une semaine.