Plongez dans la galaxie planante de The Trp, le trio le plus mystérieux de New York

Plongez dans la galaxie planante de The Trp, le trio le plus mystérieux de New York

The Trp est un groupe dont les membres souhaitent rester anonymes, qui vise à créer de la “musique transdimentionnelle” et qui se situe actuellement quelque part dans “la cinquième dimension”. Intrigués par leur délire et conquis par leur musique, nous avons tenté de percer le mystère.

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C’est à l’été 2015 que, pour la toute première fois, la musique émouvante de The Trp (à prononcer “The Trip”) attira notre attention. À l’époque, le groupe originaire de New York venait de dévoiler Yahuda : un EP éthéré, aux sonorités R’n’B et expérimentales, qui nous invitait à un voyage spirituel empli de douceur. Il n’y a qu’à écouter “Catching Fire”, la première piste de ce projet, pour saisir le désir intime du trio : celui de propulser notre âme au-dessus des nuages, par-delà la stratosphère.

Trois ans après ce premier essai délicat, les mecs trippy de The Trp ont finalement rejoint la terre ferme, bien décidés à marquer l’année 2017 de leur ADN mystique. Après avoir lâché “Never Learn”, qu’ils ont eux-mêmes qualifié de “R’n’B psychédélique”, conté l’histoire d’un amour extraterrestre sur “Gummy Bears” et rendu hommage à l’inspirant Frank Ocean, le trio s’apprête aujourd’hui à nous offrir un nouveau projet.

Une nouvelle aventure annoncée par le sensuel et introspectif “Lavender”, récemment diffusé par la réputée BBC Radio 1, qui nous encourage à reconnecter avec notre nature, et nous interroge un peu plus : de quelle planète peut bien venir The Trp ? Dans un mail intergalactique, les trois comparses nous répondent.

“Il n’y a pas de ‘je’ dans la création”

Konbini | Alors, comment ça se passe dans la cinquième dimension ?

The Trp | Ça tue. Les pêches nous manquent, mais ça tue.

Sur Twitter, j’ai lu que vous “[traversiez] la galaxie à bord d’un vaisseau spatial bleu décapotable”… Vous avez un penchant pour la cosmologie, non ?

Ouais, on est très inspirés par l’espace. C’est un endroit super mystérieux, avec une expansion illimitée. Ça nous fascine.

Pourquoi ce désir de rester anonymes ?

Il y a plusieurs raisons, comme le détachement de l’ego par exemple. Pour nous, The Trp est une entité à part entière, un être entier.

Il y a des millions d’artistes qui ont souhaité rester anonymes par le passé, et nous partageons avec eux ce même désir : que les gens développent une connexion brute et sincère avec notre art et notre musique, une connexion qui ne puisse être altérée par l’identité des personnes qui les ont créés. Ce désir est particulièrement pertinent de nos jours, où les gens sont tellement concentrés sur le “moi, moi, moi”…

J’ai lu que The Trp était né dans un appartement à Paris…

Nous avons grandi ensemble, et nous avons toujours fait de la musique ensemble. Mais ouais, c’est dans cet appartement parisien que nous avons réalisé qu’il fallait que l’on s’unisse pour créer The Trp.

“S’exprimer en bougeant, en dansant, en baisant, en créant”

À l’été 2015, vous avez sorti l’EP Yahuda, en collaboration avec Michael “Dos Global” Tousana. Comment l’avez vous rencontré ?

Nous l’avons rencontré à New York il y a quelques années. Il venait d’y emménager et vendait parfois ses tableaux dans la rue. Un jour, on est passés devant lui, et son art était tellement mortel qu’on s’est arrêtés et on a commencé à discuter. On a tissé des liens et on est devenus amis. Yahuda est né ainsi, de façon organique. On a commencé à créer de la musique comme ça, un peu au hasard, et à un moment un son très fort en est sorti.

Ce projet avait quelque chose de profondément émouvant, et nous invitait clairement à l’introspection… C’est quelque chose que vous cherchez à déclencher chez les gens ?

Oui, mais nous souhaitons aussi les encourager à s’interroger et à s’exprimer… Déclencher chez les gens l’envie de s’exprimer en bougeant, en dansant, en baisant, en créant.

J’imagine que vous ne voulez pas être catalogués dans un seul et unique genre (et de toute façon, ce serait trop difficile car votre musique est très riche). Où puisez-vous vos influences ? Qui sont les artistes, les livres, les films qui vous inspirent ?

Ah, merci pour ces mots ! C’est vrai, il y a tellement d’influences, dont certaines que nous n’avons encore jamais verbalisées, comme l’afrobeat ou la musique africaine. Il y a aussi toute la culture psychédélique. Terence McKenna est une légende.

Vous dites vouloir “créer de la musique transdimensionnelle”. Qu’est-ce que ça signifie, concrètement ?

Créer une musique surréaliste, exotique et extraterrestre, mais qui sonne bien, qui te met à l’aise.

Comment travaillez-vous tous ensemble ? 

Quand on crée ensemble, il faut que l’on soit dans un état d’esprit particulier, et donc l’environnement est très important. Le moment le plus propice, c’est quand on traîne avec un groupe de très bons potes, qu’on se met à faire de la musique en déconnant… on adore l’énergie qui se dégage de la pièce à ce moment-là.

Bien que nous ayons chacun nos spécificités, nous touchons à tout, donc nos rôles se chevauchent, que ce soit en matière de chant, de production ou de composition. Au lieu de siphonner la créativité comme au sein de pas mal de groupes traditionnels, où chaque membre occupe un rôle bien défini, nous créons beaucoup de choses en commun, ce qui nous permet de collaborer de façon incroyable, puisque nous avons une vision claire de ce que nous devons faire ensemble pour créer.

“Représenter les êtres humains qui ne sont pas représentés par les médias mainstream”

En septembre dernier, vous avez remixé “Nights”, un titre extrait de l’album Blonde de Frank Ocean… Quel est votre rapport à cet artiste ?

À sa sortie, Blonde a provoqué quelque chose de vraiment spécial en nous. Nous avons vraiment aimé le fait que Frank n’ait pas essayé de créer un disque commercial, avec des beats de trap très intenses, comme la plupart des artistes de R’n’B de son niveau le font aujourd’hui.

Notre groupe de potes avait envie de s’ambiancer à mort sur certains des morceaux de cet album, dont “Nights”. Alors on a décidé de le revisiter à notre façon. Résultat : les gens ont vraiment aimé cette version. Aujourd’hui, si tu tapes “Frank Ocean Nights” dans Google, notre son est sur la première page de recherches. C’est plutôt cool.

Il y a quelques jours, vous avez dévoilé votre tout nouveau morceau, “Lavender”. Qu’est-ce qu’évoque ce morceau ?

Le sujet de “Lavender”, c’est de trouver sa maison dans un espace extraterrestre. Quand on a écrit la chanson, on imaginait deux amants traversant la galaxie. Ensemble, ils établissent un campement sur une planète alien poussiéreuse, sur laquelle la fille ramène un brin de lavande. Et ce brin de lavande leur rappelle la Terre.

À quoi va ressembler votre année 2017 ?

On s’apprête à mettre en ligne pas mal de nouveau morceaux, assez surréalistes pour la plupart. On va également sortir notre premier clip dans quelques semaines. D’ailleurs, on compte sortir une vidéo tous les mois en 2017. Avec ces vidéos, nous souhaitons représenter tous les êtres humains, particulièrement ceux qui ne sont pas représentés dans les médias mainstream.

Nous voulons explorer tous les types d’expressions, de relations. Nous commencerons avec la jeunesse, puisque nous en faisons partie et que c’est ce que nous connaissons le mieux. Mais nous voulons aussi représenter les personnes plus âgées, car nous pensons que notre société ne les humanise pas assez. Nous avons aussi un EP dans les tuyaux et d’autres projets très excitants… mais nous ne pouvons pas encore en parler !