Fratrie fracassée
Lorsque leur cher papa subit un pépin de santé et finit à l’hosto, les trois grands enfants se mobilisent et se serrent les coudes, tout en voyant ressurgir de vieux griefs tapis sous des années de problèmes de communication. En cause : ce père justement, volubile, charismatique, angoissé, parfois pathétique, parfois magnifique, qui s’est imposé comme un mur bloquant le soleil. Toutes ces années vécues dans l’ombre, à tenter de se construire, de bâtir une identité qui ait un sens (artistique) profond, ça laisse forcément des séquelles. Et c’est sur ces cassures alléniennes que Noah Baumbach va miser, poussant ses personnages à des logorrhées curatives, à des sorties de piste salutaires. En creux, le réalisateur de Frances Ha évoque surtout ses névroses dans une évidente tentative d’exorcisme filmique.
Le véritable problème de sa démarche, c’est qu’elle n’est que redite. À croire que les idées lui manquent cruellement et que seul le recyclage occupe son inspiration. The Meyerowitz Stories n’invente rien, propose peu, rejoignant ces productions indés américaines ivres de bobos en déconfiture existentielle. Toujours l’art, les expositions, les appartements new-yorkais truffés de livres, l’intellectualisation d’une pensée, les discussions à diction olympique… Des gimmicks sundanciens usés jusqu’à la corde par des auteurs qui rêvent sûrement de plaire à Robert Redford (le papa du célèbre festival). Baumbach avance sans hargne, sans passion. Sa mise en scène pantouflarde rappelle parfois le dispositif d’une sitcom de luxe, sur une chaîne câblée. Une impression renforcée par quelques éclairs d’humour qui, hélas, ne suffisent pas à rallumer notre conviction. Une présentation hors compétition à Cannes eut été nettement plus judicieuse.
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