Une bonne nouvelle n’arrive jamais seule : les Chemical Brothers, 30 ans de carrière cette année, reviennent en forme avec un nouvel album et ont même embarqué Beck pour un morceau tout juste dévoilé.
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Avant la sortie le 8 septembre de For That Beautiful Feeling, dixième disque studio, le duo formé à Manchester par Tom Rowlands et Ed Simons va poser ses machines en tête d’affiche samedi à Rock en Seine, festival aux portes de Paris (150 000 spectateurs en 2022 sur quatre jours).
“On les avait déjà fait venir en 2004 pour la deuxième édition, ils ont une vraie énergie rock dans leur electro. Moi qui suis un fondu de rock, j’avais accroché immédiatement dès leurs premiers disques avec cette passerelle qu’ils ont réussi à créer entre les genres”, présente pour l’AFP Matthieu Ducos, directeur de l’événement.
Sur la lancée du premier morceau de leur histoire, “Song to the Siren” (1993) (titre emprunté au musicien américain Tim Buckley), les deux diplômés en histoire médiévale avaient sorti leur album originel Exit Planet Dust (1995). Ils ont poussé au flirt la techno et les vibrations pop-rock. Recette gagnante, avec 13 millions d’albums vendus au fil de leur carrière.
“C’est un groupe qui a une longue histoire, ce qui pourrait suffire, mais en plus, il y a un nouvel album en vue, et donc il y a des chances que même les fans soient un peu surpris”, poursuit le responsable de Rock en Seine.
Prédilection pour l’exploration
La surprise est déjà venue du single publié cette semaine, “Skipping Like A Stone”, avec Beck. “Les Chemical Brothers ont une prédilection pour l’exploration”, a commenté dans un communiqué l’Américain, tête chercheuse de la pop qui n’aime pas lui non plus se répéter.
“Ils ont cette façon de s’asseoir à une place inhabituelle, entre différentes époques de la musique électronique et de la culture DJ. C’est comme s’ils avaient un pied dans plusieurs décennies à la fois, c’est unique comparé à leurs pairs”, souligne l’interprète du hit “Loser”.
“Skipping Like A Stone” épouse d’abord les canons actuels de la pop avant que les Chem Bros n’y injectent un petit virus venu du dancefloor. “Ils font ça avec fluidité, malgré leur âge [ils sont quinquagénaires, ndlr] ils restent pertinents à l’heure où toutes les chapelles ont explosé, à l’image des playlists des jeunes générations entre rap, techno, pop”, salue pour l’AFP Antoine Dabrowski, rédacteur en chef de Tsugi Radio, webradio du magazine français éponyme.
“Et ils le font encore très bien en live, ce mélange de techno qui tape fort et de sons très mélodiques”, décortique ce spécialiste des musiques actuelles. Sans oublier le côté visuel de leurs shows.
Un vrai goût des voix
“Aujourd’hui, c’est classique de voir ça, mais ils ont été parmi les premiers à projeter des vidéos pendant leurs sets, à une époque on avait d’ailleurs l’impression d’une compétition entre Radiohead et les Chemical pour les plus belles vidéos sur scène”, développe Antoine Dabrowski.
Et ils sont à même de s’ouvrir à un nouveau public, comme l’explique le rédacteur en chef de Tsugi Radio : “La musique est toujours une histoire de cycle, et aujourd’hui, il y a cette tendance dans la techno à aller vite, taper fort – on n’est plus du tout dans le minimal – en y ajoutant des ingrédients de dance, et cette fusion, les Chemical Brothers en ont été précurseurs, le font encore très bien, et un public plus jeune s’y retrouve.”
Outre Beck, les Dust Brothers, premier nom envisagé pour le groupe, ont aussi convié une artiste française, Halo Maud, à poser sa voix sur “Live Again”. “Ils ont ce goût des voix. Quand je pense aux Chemical, je pense aux voix, aux mélodies, aux gimmicks, la texture feutrée de la voix de Halo Maud, celle de Beck avec ce velouté caractéristique, c’est ça qu’ils vont chercher”, conclut Antoine Dabrowski.