Le 12 octobre dernier, Amazon Prime Video mettait en ligne Alphonse, la série de Nicolas Bedos, sans avoir communiqué de lien de visionnage aux journalistes ni organisé d’interviews en amont. Si la plateforme se fait discrète sur le sujet, c’est parce que le réalisateur est visé depuis le 5 juillet dernier par une enquête préliminaire pour “viol” et “agressions sexuelles”, non sans avoir précisé qu’elle voulait respecter “le principe fondamental de présomption d’innocence”.
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Dans cette nouvelle enquête, Mediapart relate le témoignage d’une jeune femme de 25 ans qui a porté plainte le 12 juin dernier à l’encontre du cinéaste pour “agression sexuelle”. Après avoir d’abord refusé la médiatisation de sa plainte, elle a finalement décidé de “mettre ces récits dans les mains de ceux dont c’est le métier pour essayer de protéger d’autres femmes”, comprenant à la suite de la lecture de la première enquête du média qu’elle n’était pas un cas isolé.
Elle a donc raconté au journal sa soirée en boîte de nuit où le réalisateur, qu’elle ne connaissait pas, aurait “tendu sa main droite au niveau de [sa] culotte” par-dessus son jean et l’aurait “posée sur la droite de son entrejambe”. Trois jours après son dépôt de plainte, Nicolas Bedos lui écrit sur Instagram pour lui présenter ses excuses, affirmant n’avoir “aucun souvenir” de cette soirée où il fêtait la grossesse de sa compagne. Inquiète qu’il connaisse son identité, Lola a cependant été au bout de sa démarche et l’affaire passera devant les tribunaux en février 2024.
La médiatisation de l’affaire a poussé trois autres femmes à témoigner auprès de la justice au début de l’été. Une comédienne et scénariste de 50 ans accuse le réalisateur de l’avoir violée en 1999, une amie de longue date de ce dernier affirme qu’il aurait eu “un comportement déplacé et violent” à son égard en 2016, tandis qu’une troisième dénonce une “agression” ainsi qu’un “comportement extrêmement déplacé et violent” qui auraient eu lieu le 14 juin 2018, alors qu’elle avait 27 ans : au cours d’une soirée regroupant des professionnel·le·s du cinéma, le réalisateur aurait mis “sa main sur [son] ventre”, l’aurait “suivie aux toilettes” et lui aurait “craché un verre d’eau” au visage. Nicolas Bedos se serait par la suite excusé auprès de la plaignante par un ami commun.
Le dernier témoignage venant accabler le réalisateur est celui d’une journaliste et autrice qui aurait refusé ses avances en 2010, alors qu’elle était âgée de 27 ans, lors d’un festival en Corse. Après l’avoir harcelée “de manière oppressante” pour qu’elle lui accorde un rendez-vous à leur retour à Paris, il se serait immiscé à un dîner professionnel pour l’humilier et l’insulter publiquement, la poussant à quitter la soirée. Dix ans plus tard, alors que l’autrice et journaliste venait de publier un livre, Nicolas Bedos l’aurait félicitée sur Instagram. Face à l’absence de réaction de cette dernière, il la menacera d’un “petit scandale 2.0 pour [son] bouquin”. Elle n’a pas porté plainte.
Comme en juillet dernier à la suite de la publication des quatre premiers témoignages, Nicolas Bedos n’a pas souhaité répondre aux questions de Mediapart.