Ils étaient en guerre depuis fin avril sur les délais entre la sortie d’un film dans les salles et sa diffusion en streaming : AMC, numéro un des cinémas aux États-Unis avec 8 000 écrans, et les studios Universal, ont annoncé mardi un accord “historique” en la matière.
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Après un énorme succès du film d’animation des studios Universal sur les plateformes de streaming pendant le confinement, le patron d’Universal avait alors décidé que ses studios sortiraient leurs films “dans deux formats”, à la fois en salles et sur les plateformes de vidéo à la demande, même après la crise sanitaire.
Pour AMC, la guerre a été déclarée. Adam Aron, le PDG d’AMC, avait alors annoncé que ses salles de cinéma “ne projetteront plus aucun film Universal aux États-Unis, en Europe et au Moyen-Orient”.
Il était en réalité peu probable qu’AMC se passe véritablement des films Universal, ce qui aurait signifié ne pas diffuser le prochain James Bond, les futurs Fast & Furious, Halloween, Jurassic Park et autres franchises à succès. Cela sonnait davantage comme une menace dans le but d’entreprendre des négociations, ce que confirme l’accord historique conclu mardi.
Un bouleversement historique
En 1927, le cinéma parlant a remplacé le cinéma muet, 1949 signe la fin du monopole des studios sur leurs circuits de salles de cinéma, en 1975, Les Dents de la mer marque le début des grandes sorties nationales le même jour aux États-Unis. Et aujourd’hui, AMC et Universal bouleversent l’économie de la distribution.
Jusqu’à présent aux États-Unis, l’usage voulait qu’un délai de 90 jours s’écoule entre la première projection d’un film et sa sortie sur un quelconque format numérique (DVD, vidéo à la demande, etc.). Une législation bien plus souple qu’en France où la chronologie des médias impose six mois avant qu’un film soit accessible en VOD, huit mois pour qu’il soit diffusé sur Canal+ et trois ans pour qu’un service de streaming façon Netflix ou Disney+ puisse le diffuser.
L’accord “pluriannuel” conclu entre Universal et AMC réduit drastiquement ce délai, ramené à 17 jours, selon un communiqué des deux groupes transmis à l’AFP. “L’expérience en salles continue d’être le cœur de notre activité. Le partenariat forgé avec AMC est animé par notre désir mutuel d’assurer un avenir prospère à l’écosystème de la distribution de films et de satisfaire la demande des consommateurs“, a déclaré dans le communiqué Donna Langley, présidente d’Universal Pictures.
Les deux groupes vont commencer dans les semaines à venir des “discussions autour des accords de distribution dans les pays européens et du Moyen-Orient”, où AMC est implanté, précisent-ils.
L’an dernier, les cinémas ont engrangé des profits records, à hauteur de 42,5 milliards de dollars, à la faveur notamment d’une série de grosses productions Disney. Mais l’essentiel de leur croissance s’est fait hors d’Amérique du Nord et les exploitants de salles voient depuis longtemps d’un mauvais œil l’engouement des spectateurs pour les services de streaming.
De nombreuses questions en suspens
Les termes de l’accord annoncé mardi restent “confidentiels“, insiste le communiqué et de nombreuses questions sont donc laissées en suspens.
AMC n’ayant pas l’exclusivité des productions Universal, les autres salles de cinéma devront-elles s’aligner sur ce délai ? Le réseau AMC touchera-t-il un pourcentage sur les revenus issus de l’exploitation VOD ? Dix-sept jours étant un délai minimum qui pourra varier selon les films, comment le spectateur va-t-il s’y retrouver ?
“AMC accueille avec enthousiasme ce nouveau modèle industriel“, assure le directeur général d’AMC. “La vidéo à la demande premium ajoute au potentiel de rentabilité des studios de cinéma, ce qui devrait à son tour se traduire par la sortie de films en plus grand nombre“, estime de son côté Adam Aron.
Cet accord, qui survient alors que l’industrie cinématographique mondiale est mise en difficulté par la crise sanitaire et le confinement, va-t-il aider à la survie des salles ? S’il est encore trop tôt pour le dire, Candyman, la prochaine sortie des studios Universal prévu pour le 16 octobre aux États-Unis, éclaira certainement notre lanterne.
Konbini avec AFP