“L’État providence est le meilleur ami de la femme”, affirme un slogan féministe. Dans les pays nordiques, l’État providence est surnommé le “modèle nordique”. Les modèles sociaux-démocrates adoptés en Finlande, au Danemark, en Norvège et en Suède ont en effet plusieurs points communs dont la promotion de l’égalité des sexes, une politique sociale importante, une large redistribution des richesses et la promotion de valeurs telles que la tolérance, l’ouverture et l’égalité de tou·te·s les citoyen·ne·s. Et en donnant accès à des services comme la garde d’enfants, l’État providence a en effet joué un rôle important dans l’égalité de genre et les droits des femmes.
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L’exposition “Søsterskap” (“sororité” en français), visible jusqu’au 24 septembre à l’église Sainte-Anne dans le cadre des Rencontres de la photographie à Arles, observe ce modèle sociopolitique à travers l’objectif d’artistes femmes et non binaires, tou·te·s militant pour un féminisme intersectionnel. “À travers le prisme de la photographie, ‘Søsterskap’ donne une visibilité au modèle nordique tout en interrogeant la friction entre le subjectif, le collectif et le politique à mesure que ceux-ci se déploient dans l’État providence”, détaillent les commissaires d’exposition.
À la recherche de Sivagami, 2019. (© Hannah Modigh)
Art, féminisme et politique
En activité depuis les années 1980, les artistes exposé·e·s dans le cadre de “Søsterskap” documentent et interrogent à leur façon le modèle nordique : ses avantages, la prospérité mise en avant, les effets sur le quotidien (comme sur la répartition des tâches domestiques)… mais aussi ses pendants négatifs, dont une croissance économique constante qui cause toujours plus de dégâts environnementaux.
On retrouve ainsi le projet Pères de Verena Winkelmann qui a suivi de jeunes papas durant leur congé parental ou encore Emma Sarpaniemi qui explore les notions de féminité et de camaraderie, notamment dans son “Autoportrait en Cindy”. On retrouve aussi Annika Elisabeth von Hausswolff dont l’œuvre photographique entamée au début des années 1990 se nourrit des théories psychanalytiques et de la situation de femmes vulnérables, ou les travaux de Tuija Lindström, Jeannette Ehlers, Eline Mugaas, Raakel Kuukka et bien d’autres encore. Autant de projets qui mettent en lumière l’influence de ces artistes féministes sur la photographie nordique, mais aussi le contexte sociopolitique qui tisse la toile de fond de ce même paysage photographique.
Pères, 2014-2023. (© Verena Winkelmann)
Autoportrait en Cindy, 2022, Deux façons de porter un chou-fleur. (© Emma Sarpaniemi)
L’exposition “Søsterskap” est à voir jusqu’au 24 septembre 2023 à l’église Sainte-Anne, lors des Rencontres de la photographie d’Arles.