Un dimanche où on n’avait rien de mieux à faire, on s’est rendues au Primark avec ma collègue. Pour les bonnes affaires et les lunettes qu’on avait vues sur une autre collègue. Dans les rayons à prix très abordables, déjà, nous sommes tombées nez à nez avec une paire de tongs à 1 euro. Et elles ne semblaient pas être en promotion.
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OK, c’est du plastique. Mais il doit quand même y avoir un coût de production, de main-d’œuvre, d’envoi. Qui paie les pots cassés pour qu’on puisse avoir des sandales à 1 euro ? Malheureusement, on ne doit pas chercher la réponse très loin. Ce sont les plus précaires et les plus démunis, que ce soit en Asie, au Portugal ou encore en Angleterre. Des employés font un travail à la chaîne pénible, doivent fabriquer des tops et des robes en quelques heures et obtiennent une paie ridicule.
À Leicester, une ville dans le centre de l’Angleterre très connue pour être l’une des premières productrices de fast fashion européenne, des ouvriers affirment au micro de la RTBF qu’ils ne gagnent pas plus de 3 euros par jour.
Pourquoi faire travailler des personnes à un rythme effréné et dans des conditions souvent semblables à de l’esclavage moderne ? Pour vendre toujours plus, avoir toujours plus de marge (quand on ne vend que des crop tops à 3 euros, il faut bien faire son bénéfice quelque part) et augmenter les besoins en vêtements des consommateurs. Parce que plus il y a de nouveaux habits, plus on veut en acheter.
Selon un documentaire Arte, les grandes enseignes comme Zara produisent plus de 65 000 nouveaux produits par an. Contre plus ou moins 5 000 pour les marques dites “éthiques”. Le rêve des acheteurs compulsifs, donc. À chaque fois qu’on se rend dans un Bershka, dans un H&M ou sur un site comme Boohoo ou PrettyLittleThing, il y a des nouveautés. Ce qui pousse l’acheteur à venir plus souvent que dans les autres magasins qui ne renouvellent leurs collections que quelques fois par an.
Le pire (ou le mieux) est que la plupart de ces marques à petits prix font presque un copier-coller des vêtements tendance des maisons de luxe, de l’ersatz de Dior, de Balenciaga, de Gucci ou de Jacquemus. La fast fashion, c’est la promesse d’être à la mode ou habillé comme la célébrité ou l’influenceur qu’on apprécie, à moindre coût. Mais seulement pour les consommateurs. Parce qu’en plus du “coût humain”, c’est dévastateur pour la planète.
L’industrie de la mode est le deuxième pollueur mondial. On produit beaucoup trop et très mal. On achète beaucoup et on génère trop de déchets. Une étude publiée par Teenage Lab indique que le géant chinois Shein serait responsable de 22 % des émissions CO2 des adolescentes françaises, soit plus que leurs autres activités. À ça, on doit ajouter les autres enseignes qui séduisent ces acheteuses.
On est tous d’accord pour dire que c’est horrible. Horrible pour les conditions humaines, horrible pour notre planète. Mais comment sortir de la fast fashion quand notre portefeuille nous oblige à faire attention à toutes nos dépenses ?
Il y a quelques alternatives. Si on aime la seconde main, il y a les friperies et les sites, comme Vinted, qui proposent la revente de vêtements déjà portés ou déjà achetés. Mais le “vintage” est de plus en plus convoité, donc les prix augmentent.
D’un autre côté, des sites comme Good on You classent les marques éthiques et vous permettent de vous y retrouver. Parce que, bien sûr, il y en a des plus éthiques que d’autres. Ces enseignes essaient d’être le plus diversifiées et abordables possible, mais faire les choses bien et payer les travailleurs correctement a un coût qui se ressent, logiquement, sur le prix du vêtement. Donc, c’est moins attractif.
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Il reste la taille. Les femmes grosses et les hommes gros vous le diront : c’est difficile de trouver des marques qui font des vêtements beaux et de bonne qualité en très grande taille. C’est comme pour les soutiens-gorge. Plus le bonnet augmente, plus le design se fait terne et informe. Ce qui est incompréhensible, parce que toutes les personnes grosses ne veulent pas s’habiller en large et en marron.
Certaines marques de fast fashion, comme Fashion Nova avec sa gamme Fashion Nova Curve, l’ont bien compris. Ces enseignes ont commencé à faire les mêmes vêtements, la même coupe, le même côté sexy pour toutes les morphologies, du 34 au 58. Et ça paie.
Alors, comment pousser les consommateurs à aller vers les marques plus éthiques ? Le prix, le choix et la taille.