Matt Damon a raison : le monde du cinéma allait mieux quand les DVD étaient quelque chose de courant, qui se vendait en millions d’exemplaires, permettant aux studios de rentabiliser des films non bénéficiaires lors de leur sortie en salles. On ne dit pas qu’acheter du format physique est une forme de militantisme, mais presque.
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Ne croyez pas ce qu’on peut lire ici et là, collectionner n’est pas une forme de fétichisme. Qu’il s’agisse de vouloir avoir près de soi les films qu’on aime, être sûr de pouvoir visionner les films quand on veut (n’oublions pas que les plateformes peuvent lourder à leur bon vouloir les films, même les leurs), que ce soit parce qu’on aime l’objet, qu’on veut soutenir une industrie, qu’on aime prêter des films… Qu’importe. Acheter des films fait toujours du bien.
Tous les mois, nous reviendrons désormais sur les sorties les plus marquantes des derniers jours. Pour cette rentrée, retour sur un été chargé, que ce soit avec des nouveautés, des ressorties en 4K, ou des films plus rares enfin remis au goût du jour. Que l’on aime les blockbusters ou les propositions d’auteurs, les films français, américains ou d’ailleurs, d’horreur ou de comédie, les documentaires ou les nanars : il y en aura pour tous les goûts.
Le film de Michael Bay a pris tout le monde de court, le public peu aguerri pensant que le cinéaste ne savait pondre que des Transformers, avant de se prendre dans la tronche un des blockbusters les plus généreux, avec des envies de mise en scène délirantes. Donc si vous êtes passés à côté, ruez-vous dessus, et visionnez-le sur le plus grand écran possible, et en meilleure qualité possible – on met notre main à couper que vous ne le regretterez pas.
Un des plus grands films de l’année, qui mérite bien une place dans votre DVDthèque. Et dans la meilleure qualité possible, c’est évident. Car s’il y a bien un élément marquant sur cette production, c’est bien la qualité visuelle du produit fini, plus que bluffante – parfaitement retranscrite dans cette 4K. +1 pour l’analyse de la course-poursuite présentée dans les bonus, qui vaut le détour.
Une claque, rien que ça. Le film de Vincent Le Port sur le premier tueur de sang-froid étudié par la science, à savoir le jeune Bruno Reidal, est aussi glaçant que fascinant. Pas besoin d’être fan de Faites entrer l’accusé pour le vouloir dans sa DVDthèque.
Le premier long-métrage de Fabrice Du Welz et un exemple du genre, horrifique et glauque à souhait. On vous l’avait déjà vendu dans notre sélection des dix films d’horreurs francophones indispensables, et on pense encore que c’est sa place – surtout maintenant qu’il est disponible en Blu-ray pour la première fois en France.
Ryusuke Hamaguchi avait déjà fourni l’un des plus beaux longs-métrages de 2021 avec Drive My Car. Voilà qu’il récidive avec un nouveau chef-d’œuvre. Trois courts-métrages d’une beauté et d’une poésie déconcertantes, qu’il faut voir et revoir, parfois pour n’en voir qu’un seul, au choix. Donc à avoir sous la main en permanence, on est bien d’accord.
Parmi les ressorties 4K notables, on trouve le film déjà culte de Doug Liman. Ce jour de la marmotte SF où un Tom Cruise se retrouve bloqué dans une journée de l’enfer face à des aliens et est aidé par une Emily Blunt. Mais plus encore que le travail de l’image, qui est certes sublime, c’est le steelbook contenant le film, un livret de photos making-of, deux posters, et plus encore, qui vaut le détour – que l’on soit fan, collectionneur, ou les deux.
Ce n’est pas tous les jours qu’un thriller français est aussi intelligent et bien mis en scène que cette nouvelle pépite de Thierry de Peretti (qui n’en est pas à son coup d’essai). On ne dit pas ça parce qu’on adore le duo d’acteurs, qui rassemble Roschdy Zem et Pio Marmaï, mais c’est franchement l’une des plus belles réussites de l’année côté ciné hexagonal.
Ne nous mentons pas, Paul W. S. Anderson est surtout connu pour avoir pondu un paquet de navets. De ses Resident Evil au récent Monster Hunter en passant par le premier Alien vs. Predator, on est clairement sur une filmographie compliquée. Néanmoins, un film n’a jamais été considéré comme autre chose qu’une “Andersonnerie” : Event Horizon. Heureusement, la Paramount a tenté une entreprise folle : réhabiliter ledit long avec une édition 4K, rappelant que le film, tué au box-office par Titanic, massacré par un studio avec un montage, tentait quelque chose d’ambitieux, à savoir offrir un film d’horreur spatial avec un casting classe, sans monstres, centré sur l’isolement et la dépression. À redécouvrir de toute urgence, donc.
Soyons clairs : Henri Verneuil a pondu plus de classiques qu’on ne peut compter. Un singe en hiver, Le Clan des Siciliens, Peur sur la ville, Mélodie en sous-sol… Néanmoins, I… comme Icare, bien que moins connu, est l’un des plus riches et intéressants. Déjà pour son postulat d’une enquête retraçant un meurtre à la Kennedy, sur fond de complot et de film de guerre froide ; pour son traitement, très froid ; mais aussi, pour son image, d’une splendeur assez renversante.
Si on vous parle de Jiang Wen, vous pensez sans doute au camarade de Donnie Yen dans Rogue One. Côté réalisation, sa belle carrière (que ce soit avec l’énorme succès au box-office chinois Let the Bullets Fly ou la sensation cannoise Les Démons à ma porte) a démarré par un chef-d’œuvre méconnu, In the Heat of the Sun. Une errance dans le Pékin des années 1970 aussi personnelle que politique, aussi belle que mélancolique. Et en plus, avec The Emperor’s Shadow, Spectrum fournit un film d’époque avec un Wen encore peu connu à l’époque.
On avait découvert Luàna Bajrami dans L’Heure de la sortie, aux côtés de Laurent Lafitte, avant de la voir dans Fête de famille, Les 2 Alfred ou encore Portrait de la jeune fille en feu. Aujourd’hui âgée de 20 ans, l’actrice est passée de l’autre côté de la caméra pour son premier long-métrage, La Colline où rugissent les lionnes, présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2021, à Cannes. Un premier film puissant qu’il ne faudra pas rater, sur trois jeunes femmes au Kosovo essayant de fuir leur village natal et vivre leur vie.
Vous pourriez penser qu’il s’agit d’un nanar, et vous auriez raison. Mais du genre jouissif, remarquable, un peu débile et important. Car tout de même, il faut rappeler qu’il est à l’origine d’une franchise des années 2000 (le premier était un remake plaisir coupable qui reprenait pas mal d’éléments de l’original mais s’en éloignait dans son synopsis de base), à savoir Death Race. Mais avant que l’on voie Jason Statham péter des voitures à tout va, on avait cet ofni, objet filmique non identifié, sorte de GTA avant l’heure, dans lequel un jeu télé voit des pilotes traverser les États-Unis en tuant le plus de passants possible pour avoir un maximum de points. On vous l’a dit, jouissif. Débile, mais jouissif.
Une autre remastérisation, très impressionnante cette fois. Car le chef-d’œuvre de Luis Buñuel n’a jamais été aussi beau que dans cette nouvelle édition, qui existait déjà en Blu-ray depuis quelques années. Mais voir cette satire de la bourgeoisie aussi détestable que délicieuse en 4K est un bonheur qu’on ne peut refuser.
Si le nom du cinéaste vous est familier, son tout premier long-métrage en couleur, sans doute pas. Et pourtant, c’est une œuvre charnière. Déjà, parce que c’est le climax de sa collaboration avec Monica Vitti, mais aussi parce que c’est sans doute l’un de ses plus beaux films en termes de visuel, avec un jeu sur les teintes et les paysages utilisés pour coller avec l’esprit torturé de son personnage central. Et également parce que le film est aussi beau que déchirant. Le tout aidé par une sublime remastérisation, et une édition prestige qui vaut le détour – lire le dossier de presse d’origine est toujours un plaisir.
Tout film de Paul Thomas Anderson est un événement. Plus encore : vous devriez avoir dans votre collection absolument tous les films de PTA. Sans exception. Et surtout le sublime Licorice Pizza.
La collection de Jean-Baptiste Thoret contient son lot de pépites, mais assez peu de films noirs. Chose réglée avec ce double programme. D’un côté, un Douglas Sirk pas des plus connus, avec Des filles disparaissent, sur un tueur en série à l’époque victorienne. De l’autre, un Joseph Losey, Les Criminels, restauré en 4K, où Stanley Baker incarne un braqueur emprisonné avec un secret. Que du bonheur.
Un des meilleurs films de Cannes 2021, un des meilleurs films de l’année. Pourquoi s’en priver ?
La série documentaire de l’année, tout simplement. On passe six heures aux côtés des Beatles sur la conception, ou en tout cas la genèse, du dernier album des quatre Britanniques, alors qu’on aimerait y passer le double. Le travail de restauration de l’image n’est pas la seule chose remarquable, le montage aidant à vivre de vrais moments de vie. Et en plus, la version physique vient avec.
Avec la disparition du grand Peter Bogdanovich, beaucoup n’ont retenu que les longs-métrages culte du réalisateur, oubliant tout un pan de sa carrière – celle d’un historien du cinéma. Sa plus belle preuve demeure ce documentaire, sorti en 2018, qui revient sur l’immense Buster Keaton, et ressorti par Carlotta. Le casting est assez remarquable – de Quentin Tarantino à Werner Herzog en passant par Mel Brooks ou même Johnny Knoxville. Nécessaire.
Si je vous dis que c’est un film d’horreur thaïlandais que je vous propose, vous me direz : pourquoi diable l’acheter ? Parce que ce n’est pas un film facile d’accès, et qu’il est diablement efficace. Un faux documentaire sur un exorcisme au sein d’une famille de chamans, que vous aurez envie de revoir, et de montrer. Donc, à acheter, oui.