Presque dix ans après que l’actrice Maria Schneider a révélé qu’une scène de viol lui avait été imposée, des aveux du réalisateur de ce classique des années 1970 viennent d’être révélés et créent la polémique.
Le Dernier Tango à Paris, sorti en 1972, avec Marlon Brando et Maria Schneider, est connu pour sa tristement célèbre scène de viol, dont on sait désormais qu’elle n’était pas consentie. Dans une vidéo de 2013 qui a récemment refait surface et a été repérée par l’édition américaine du magazine Elle, le réalisateur Bernardo Bertolucci admet avoir imaginé certains éléments de cette scène avec Marlon Brandon, sans en avoir parlé à Maria Schneider au préalable. Il explique :
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“La séquence du beurre est une idée que j’ai eue avec Marlon la veille du tournage. Je voulais que [Maria Schneider] réagisse, qu’elle soit humiliée. Je pense qu’elle nous a haïs tous les deux parce que nous ne lui avons rien dit.”
S’il admet dans la vidéo se sentir coupable, le cinéaste italien justifie son action en disant qu’il essayait juste de filmer une scène aussi réaliste que possible, pour avoir sa réaction “en tant que fille, pas en tant qu’actrice” :
“Pour avoir un résultat je pense qu’il faut être complètement libre. Je ne voulais pas que Maria joue son humiliation, sa rage : je voulais qu’elle ressente la rage et l’humiliation.”
Cela n’excuse absolument rien. Maria Schneider n’avait que 19 ans à l’époque. Être confrontée à Marlon Brando et Bernardo Bertolucci, de 29 et 12 ans ses aînés, n’a pas dû rendre les choses évidentes pour elle, quand elle s’est retrouvée piégée. Elle avait avoué à l’époque qu’elle ignorait pouvoir refuser une scène qui n’était pas dans le script, et qu’au lieu de ça elle s’était sentie humiliée et dans une certaine mesure violée par ces deux hommes qui ont profité d’elle.
Aujourd’hui décédée, elle avait expliqué au Daily Mail en 2007 :
“J’aurais dû appeler mon agent ou faire venir mon avocat sur le tournage, parce qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à faire quelque chose qui n’est pas dans le script. Mais, à l’époque, je ne savais pas. Marlon m’a dit : ‘Ne t’en fais pas Maria, c’est juste un film.’ Mais pendant qu’on tournait, même si ce que faisait Marlon n’était pas réel, mes larmes l’étaient. Je me suis sentie humiliée, et pour être honnête, un peu violée par Marlon et par Bertolucci. Après cette scène, Marlon ne m’a pas consolée et ne s’est pas excusé. Heureusement il n’y a eu qu’une prise.”
Il y a presque dix ans, ces déclarations de l’actrice étaient passées quasiment inaperçues. Il aura donc fallu attendre que le réalisateur lui-même aborde le sujet pour provoquer des réactions, ce qui aggrave un peu plus la situation. Le pire, c’est que Marlon Brando et Bernardo Bertolucci furent nommés aux Oscars pour leur travail sur ce film, respectivement pour “meilleur acteur” et “meilleur réalisateur”.
Sur Twitter, Hollywood réagit
Depuis que cette révélation de Bernardo Bertolucci a refait surface, plusieurs célébrités ont elles aussi partagé leur indignation sur les réseaux sociaux. C’est le cas notamment de Chris Evans, qui incarne Captain America dans les films Marvel, d’Ava DuVernay la réalisatrice du film Selma, et des actrices Jessica Chastain (Interstellar) et Evan Rachel Wood (Westworld).
“Ouah. Je ne verrai plus jamais ce film, Bertolucci ou Marlon Brando de la même façon. C’est pire que répugnant. Je ressens de la rage.”
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“Inexcusable. En tant que réalisatrice, je n’arrive même pas à comprendre. En tant que femme, je suis horrifiée, dégoûtée et en colère.”
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“À tous les gens qui aiment ce film. Vous regardez une fille de 19 ans se faire violer par un homme de 48 ans. Le réalisateur avait planifié cette attaque. J’ai la nausée.”
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“Je suis d’accord [avec Jessica Chastain]. C’est déchirant et scandaleux. Ils étaient tous les deux des malades pour avoir pensé qu’il n’y avait pas de problème.”
I second that. This is heartbreaking and outrageous. The 2 of them are very sick individuals to think that was ok. https://t.co/Ft4SArjcgd
— #EvanRachelWould (@evanrachelwood) 3 décembre 2016
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet