Tout commence en 2018, lorsque le collectionneur Tatxo Benet achète une œuvre de l’artiste Santiago Sierra, intitulée Presos Políticos en la España Contemporánea (“Prisonniers politiques dans l’Espagne contemporaine”), qui aurait été retirée d’une foire d’art à cause du scandale qu’elle causait. Quelques mois plus tard, rapporte Le Monde, face à l’autocensure que s’impose l’artiste Zoulikha Bouabdellah concernant son “installation de stilettos sur des tapis de prière de mosquée”, Tatxo Benet a l’idée de s’intéresser aux “œuvres qui ont été censurées, attaquées, dénoncées ou retirées d’exposition”.
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Depuis cinq ans, le journaliste travaille à cette collection “interdite”. Cinq années qui ont mené à l’ouverture, le 26 octobre, de son Museu de l’Art Prohibit, un établissement qui montre 200 œuvres pestiférées. On y découvre des dessins érotiques, des sculptures raillant la religion ou des toiles soulignant des dérives politiques. Parmi les artistes exposé·e·s reviennent les noms d’Ai Weiwei, Amina Benbouchta, Larissa Sansour, Jani Leinonen ou Robert Mapplethorpe.
“J’aimerais que ce musée devienne un centre de réflexion sur la liberté d’expression et qu’il contribue à dessiner un atlas de la censure”, a affirmé le fondateur du musée au Monde. Sachant à quel point les conditions de censure sont circonstancielles aux contextes historique et géopolitique, il est intéressant d’interroger chacune de ces œuvres mais aussi, et peut-être surtout, de se demander si le statut de certains des travaux exposés dans le monde et actuellement jugés comme des chefs-d’œuvre ne mériterait pas d’être remis en question. Dans ce musée interdit, c’est un bouleversement de l’ordre ambiant que nous choisissons de voir.