Au tribunal, les accusations contre Sausage Party donnent des dialogues hallucinants

Au tribunal, les accusations contre Sausage Party donnent des dialogues hallucinants

“Maître, sauf erreur, la bande-annonce contient la scène très violente d’épluchage de légumes que vous venez d’évoquer.
– Oui, mais pas celle de la partouze finale.”

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Quels sont les arguments des associations ?

  1. Sausage Party prendrait volontairement “le ton, les expressions de visage, les intonations de Pixar”. Implicitement, le film utiliserait donc une esthétique attrayante afin de faire passer des messages à caractères pornographiques, entraînant une véritable confusion dans l’esprit des jeunes spectateurs ;
  2. Et après Sausage Party, qu’aura-t-on ? “Oui, vous mettez en scène des légumes. Que peut-on reprocher à des légumes ? Vous aurez très vite des films d’animation avec des scènes pornographiques.” L’argument du cheval de Troie cinématographique : si ce film n’est pas remis en cause, d’autres, encore plus violents, seront aussi diffusés dans les salles ;
  3. La scène de l’orgie finale est particulièrement ciblée : “Une orgie sidérante entre scènes de fellation, de sodomisation (sic) […] où l’on voit un paquet de corn-flakes – un objet assez corpulent – assénant des mouvements de va-et-vient brutaux et demandant : ‘Tu aimes ça salope ?'” ;
  4. Mais pas seulement. Il y aurait aussi une scène de “viol” selon l’avocate d’Action pour la dignité humaine : “On va tenter de relativiser, ironise-t-elle, ce n’est qu’une brique de jus de fruits, on montre ça sous un jour très rigolo…” ainsi que la description du personnage de la poire vaginale qui “cherche à tout prix un cul, car, nous dit-on, ‘elle est faite pour ça'”;
  5. Même le trailer est mis en cause : il “ne dit rien sur le véritable contenu du film. Il s’agit d’une entreprise délibérée de toucher les plus jeunes, avec des images et des concepts qui ne sont pas adaptés à eux”.

Pour l’avocat de l’association Promouvoir, c’est sûr et certain : il s’agit là d’une “question de civilisation et de protection de l’ensemble de la société”. Il y a donc “urgence, vu qu’il est déjà visible en salles et susceptible de créer un trouble chez le jeune public”, poursuit maître André Bonnet.
En réponse à ces accusations, maître Jacques Molinié, l’avocat du ministère de la Culture, explique :

“L’un des buts du film est de critiquer sur un mode humoristique la société de consommation, la religion aussi en prend pour son grade, mais il ne s’agit pas d’inciter à la violence [….]. Oui, le langage est cru mais regardez les protagonistes. Il n’y a pas de représentation de sexe, juste une activité sexuelle. [Le ton] est celui du grotesque, déjanté, et permet de prendre de la distance, tout ce qui est montré n’est pas réaliste.”

On attend désormais la décision du tribunal, prévue ce mercredi 14 décembre à midi.

Pas le premier film à être accusé

Le 2 décembre dernier, l’association Promouvoir, par la voix d’André Bonnet, remettait en cause Sausage Party à travers ce communiqué :

Sausage party est d’abord un film libertaire et antireligieux, avec un fort contenu philosophique et politique caché, en faveur de la jouissance ‘libre et sans entraves’. Les ‘personnages’ (des saucisses, pains à hot dog, boîtes et bocaux divers se comportant comme des êtres humains) sont présentés comme de malheureux crédules persuadés que les consommateurs qui viennent les chercher dans les rayons du supermarché sont des ‘dieux’ qui les emmènent ensuite au paradis.
Le ‘héros'(une saucisse de Francfort) tente de leur montrer la vérité, à savoir que ces ‘dieux’ sont en réalité des monstres abominables qui se repaissent des malheureux aliments pour accroître leur propre énergie vitale. Finalement, après une révolte de ces aliments et l’assassinat des ‘dieux’ (les clients du supermarché), la liberté enfin trouvée dans la ‘vérité’ leur permet de s’adonner à la jouissance totale, d’où une longue partouze géante finale.”

Et d’aller plus loin :

“On voit ainsi des tomates découpées en rondelles pousser des cris épouvantés, des crêpes hurler dans la poêle parce qu’on les y fait frire ‘vivantes’, des saucisses débitées dans des hurlements d’horreur, etc. De quoi perturber les plus jeunes ! Cela peut être rapproché de la torture infligée aux animaux. Pour un enfant de 12 ans c’est violent, à l’évidence.”

Ce n’est pas la première fois que des films sont attaqués par des associations ou des mouvements à connotation religieuse. La plus connue des médias se nomme Promouvoir. Très cinéphile, elle s’en est prise à Love de Gaspar Noé, La Vie d’Adèle d’‎Abdellatif Kechiche, Bang Gang d’Éva Husson, Saw 3D, dernier opus de la série horrifique réalisé par Kevin Greutert, ou encore aux Huit Salopards de Quentin Tarantino.