Ancien membre du groupe de rock indé français Revolver, Ambroise Willaume s’est converti à une musique plus électro et plus personnelle avec un projet solo baptisé Sage, nom qu’il a donné à son premier album, sorti en mars 2016. Un nouvel univers qu’il a fait découvrir au public du festival Fnac Live, vendredi 23 juillet.
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En 2009, vous n’avez pas pu passer à côté du refrain de “Get Around Town” interprété par les trois frenchies du groupe Revolver. Si la formation est dissoute depuis 2012, Ambroise Willaume, l’un des anciens membres du trio, ne compte pas en rester là.
En mars 2016, le musicien a confirmé le début de sa carrière solo avec la sortie de son tout premier album, Sage. Un blase qu’il a aussi choisi comme nom de scène. Un nouveau départ risqué pour un artiste au visage encore juvénile mais à l’esprit bien plus mature qu’il n’y paraît.
Tourner la page de Revolver
Ambroise l’avoue sans peine, quitter Revolver lui a procuré un certain soulagement. “Au second album, je commençais à en avoir marre,” confesse-t-il. Le succès est en effet tombé sans prévenir sur les trois Français. Quelques maquettes envoyées ont suffi pour décrocher un contrat avec un label et, jusqu’en 2012, les enregistrements et les concerts se sont naturellement enchaînés.
Malgré tout, l’idée de créer seul mûrit dans l’esprit d’Ambroise et il préfère, d’un commun accord avec sa bande, enterrer la formation. “L’expérience de groupe est très intense, explique-t-il. On avait tous les trois des envies différentes, difficiles à concilier dans un même projet. Se séparer a aussi été un moyen de rester bons amis.“
Si les envies et la lassitude l’ont poussé à composer dans son coin, c’est dans le studio de Woodkid qu’il découvrira son intérêt pour une carrière solo :
“Avoir bossé avec Woodkid, sur son album, m’a fait réaliser ce que c’était de monter un projet seul, et ça m’a donné envie d’être à cette place-ci. Pouvoir tout contrôler, l’image, la musique, la production… Pouvoir créer un truc plus global et plus autonome.”
Mais passer d’un groupe à un projet indépendant est loin d’être aisé. D’autant qu’Ambroise a choisi de ne pas rester enfermé dans le style de Revolver. Le destin lui a aussi donné un coup de pouce, lors d’un événement pas franchement agréable. Il raconte :
“En 2013, en rentrant de tournée en Australie avec Revolver, j’ai retrouvé mon studio parisien cambriolé. Toutes mes guitares avaient disparu. Il fallait que je trouve une solution, ou j’arrêtais tout simplement la musique.”
Heureusement, Ambroise est un passionné, et cela fait déjà un bon moment qu’il a choisi de faire de la musique son métier. Alors il s’est tourné vers le piano, en s’inspirant (mais sans jamais se comparer) d’artistes qui sont passés, eux aussi, de la guitare au clavier :
“Je me suis intéressé à ce qu’avaient fait Neil Young et John Lennon, et je me suis rendu compte que leurs chansons au piano étaient plus simples, plus naïves. Et c’était un peu ce que je voulais retrouver, quand j’ai commencé à apprendre à jouer de cet instrument.”
“Apprivoiser l’exigence”
Ambroise n’est pas fou. Dans cette aventure solo, il a fait le choix judicieux de s’entourer d’un des musiciens du duo d’électro français The Shoes : Benjamin Lebeau. La collaboration est un véritable coup de foudre humain et musical, assure l’ancien Revolver :
“Benjamin a réalisé l’album avec moi et il est devenu comme un alter ego. En fait, c’est comme si on formait un groupe à deux, même si c’est moi qui ai écrit et qui chante tous les morceaux. Quand on se retrouve tout seul, on a plus de liberté mais c’est difficile de garder la foi en permanence. Benjamin a été très présent, je pouvais lui faire confiance.”
L’influence de Benjamin Lebeau s’entend très clairement sur l’album de Sage, dont l’univers est assurément électro mais teinté d’une certaine mélancolie, partie intégrante de la personnalité du jeune musicien. “Pour moi, ce n’est pas un album triste, commente-il. Les atmosphères sont très chargées, c’est vrai, mais j’essaie quand même d’amener une touche un peu solaire.”
Ambroise a passé beaucoup de temps sur cet album, afin qu’il soit le plus abouti possible. Son perfectionnisme frise d’ailleurs l’exigence. Par exemple, il explique avoir eu du mal à s’habituer à sa voix, qu’il ne connaissait qu’à travers les harmonies vocales de Revolver. Cette fois-ci, il se retrouve seul, avec sa propre tessiture qu’il n’a cessé de perfectionner. “Avec Revolver, j’essayais de la rendre plus jolie tandis que pour Sage, je cherche à dissimuler ses défauts, pour l’améliorer et la rendre personnelle.” affirme-t-il.
Un niveau d’exigence élevé qu’il est parvenu à “apprivoiser”, dit-il. Sûr de lui et de ce qu’il veut en studio, Ambroise ne parvient pas à imaginer ce qui l’attend dans les années à venir :
“C’est trop dur de savoir ce que je ferais dans dix ans. Je n’étais même pas dans Revolver, il y a dix ans, d’ailleurs. Je pense continuer à faire de la musique mais, si ça se trouve, je vais me mettre à la cuisine !”
Pour lui, cet avenir quelque peu incertain a tout à voir avec l’époque dans laquelle nous vivons aujourd’hui :
“Je pense que c’est une question qui touche au recul qu’on a sur l’histoire. Il y a cinquante ans, on ne choisissait pas vraiment sa vie, ceux qui se lançaient dans une carrière musicale étaient de vrais marginaux convaincus. C’est moins comme ça maintenant, et c’est presque dommage.”
L’album Sage, de Sage, est disponible ici, et en streaming ci-dessous :