Le mannequin Rosie Nelson et Nicolas Winding Refn, le réalisateur de The Neon Demon, ont discuté pour la BBC de normes de beauté, d’image de soi et de l’industrie de la mode.
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L’image du corps dans l’industrie de la mode est de plus en plus décriée ces derniers temps. Le gouvernement britannique a commencé à se demander s’il ne faudrait pas mettre en œuvre des lois interdisant l’utilisation de top-modèles mineurs ou super-maigres et la France a adopté une loi demandant aux top-modèles d’être à même de montrer une note du toubib prouvant qu’elles ne sont pas “trop minces”.
Le mannequin australien Rosie Nelson mène la charge dans le combat contre les carcasses maladivement minces qui paradent sur les podiums. Par le passé, une agence de mannequins lui avait dit qu’il faudrait qu’elle n’ait “que la peau sur les os”. Sa pétition sur Change.org réclamant une “loi contre les mannequins dangereusement maigres” pour protéger les top-modèles a déjà réuni près de 150 000 signatures.
À la lumière de son nouveau film, The Neon Demon, qui examine le côté obscur de cette industrie, Nicolas Winding Refn a rencontré Rosie Nelson pour parler de normes de beauté, des médias sociaux et de la manière dont ils affectent la façon dont on déforme notre corps. L’entretien a été filmé pour la BBC et mis en ligne le 7 juillet.
“On m’a dit de perdre du poids tant de fois que même aujourd’hui je ne me trouve pas assez maigre“, admet Rosie Nelson, en dépit d’être très mince. “L’industrie de la mode, c’est ça“, ajoute-t-elle.
La discussion aborde ensuite le sujet des dangers associés au travail de mannequin, à être ainsi louée seulement pour votre apparence et sur la façon dont cela peut réduire la façon dont elles (et quiconque se soucie de son apparence) se voient elles-mêmes.
La top-modèle et activiste répond que certaines personnes finissent par “se perdre elles-mêmes en quelque sorte,” avant d’ajouter : “On ne sait pas toujours où on en est, avec soi-même, [en tant que mannequin]”.
L’influence croissante des réseaux sociaux pour les blogueurs, les top-modèles, les magazines de mode (et, plus globalement, tous ceux qui s’y intéressent) nous conduit vers une société encore plus obsédée par son apparence.
Notant comment ses jeunes enfants “grandissent dans la révolution numérique“, Nicolas Winding Refn prétend que l’on porte de nos jours plus d’attention sur “ce que l’on voit“, au détriment de ce qui est à l’intérieur, à cause de cette culture Instagram basée sur l’image et de l’industrie de la mode.
Interrogé sur ce qu’il dirait si sa fille venait à décider de se conformer aux normes de beauté d’aujourd’hui — c’est-à-dire d’être super maigre avec les os qui dépassent — Winding Refn a une réponse assez poignante :
“Je lui dirais ‘S’il te plaît arrête, ou tu vas mourir’, et puis je lui parlerais de la révolution numérique et de ses côtés négatifs : de tous cette artificialité qui fait loi dans cette nouvelle réalité.”