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Dévoilé en l’an de grâce 1992, The Chronic, le premier album studio de l’illustre Dr. Dre, définissait les codes du hip-hop californien et de la G-funk. Après une traversée du désert de plusieurs années, l’album phare d’une génération revient sur les plateformes de streaming ainsi que dans une édition vinyle superbe.
Un projet très important pour Dr. Dre
Dr. Dre dévoile The Chronic en 1992, avec un nouveau label qui va devenir mythique, Death Row Records. Ce premier album sort suite à son départ du groupe NWA, de ses litiges avec Eazy-E, Jerry Heller et leur label Ruthless Records.
Fondé en 1991 par Suge Knight et Dr. Dre lui-même, Death Row Records devait bientôt révolutionner le monde du hip-hop et produire des légendes telles que Snoop Dogg, 2pac, Dogg Pound ou encore The Lady of Rage. Afin de marquer le lancement de son nouveau label, Dre devait taper fort.
Un album qui a modelé le rap californien
Avec The Chronic, Dr. Dre s’impose en tant que maestro précurseur du rap West Coast. Premièrement, le rappeur et homme d’affaires instaure un nouveau style, le G-funk. Des sonorités chaudes typiquement californiennes, mêlées aux rythmiques agressives du gangsta rap : Dre impose sa signature, notamment sur l’incroyable “Let Me Ride” dont on vous recommande la version extended club de 11 minutes pour plus de folie avec le pape du P-funk, George Clinton, leur père spirituel à tous.
Deuxièmement : Snoop Dogg. Présent sur la majorité des titres de l’album, celui qu’on surnommera le Doggfather s’illustre avec virtuosité tout au long du projet. Sa performance avait été remarquée depuis la sortie du single “Nuthin’ but a G’Thang”.
Le flow faussement tranquille de Snoop Dogg, ainsi que ses gestes nonchalants, contrastent avec la combativité habituelle du gangsta rap de l’époque, et cette originalité séduit. “Nuthin’ but a G’Thang” connaît un succès fulgurant en 1993. La carrière d’Uncle Snoop amorce un vif décollage.
Le reflet d’une époque
Outre la musicalité, Dr. Dre aborde également des faits de société importants de l’époque. Par exemple, dans “The Day the Niggaz Took Over”, le rappeur évoque l’affaire Rodney King, un Afro-Américain passé à tabac par des policiers de Los Angeles et dont l’attaque a été enregistrée en vidéo. On retrouve aussi cette dimension générationnelle dans le morceau “Lil’ Ghetto Boy”.
Lorsque tous les policiers seront acquittés lors du procès, une série d’émeutes débutera dans les quartiers de Watts et South Central. L’album de Dr. Dre est aussi un reflet de cette époque : “Me not out for peace and me not Rodney King”.
C’est un véritable monument qu’a érigé Dr. Dre, en révolutionnant la manière de penser le hip-hop et la perception que le public avait du gangsta rap. Comme le rappelle Snoop Dogg dans “Fuck With Dre Day” : “Death Row is in the motherfuckin’ house”.
The Chronic, un album qui a donc modelé l’histoire de la musique et qui est autant ancré dans son époque par ses enjeux qu’intemporel par sa portée. Une œuvre qui mérite donc d’être préservée.
The Chronic, une œuvre d’utilité publique
En 2020, The Chronic était entré à la bibliothèque du Congrès, créée par le président John Adams, est l’institution culturelle la plus ancienne des États-Unis. En tant qu’organe de recherche du Congrès américain, son but est de préserver la connaissance du pays. Plus grande bibliothèque du monde, elle compte des millions de livres, enregistrements et photographies qui ont fait l’Histoire.
Le Registre national des enregistrements, qui gère la collection des enregistrements préservés dans la bibliothèque, a donc décidé de placer The Chronic parmi ses archives. L’institution a en outre affirmé sa volonté de “refléter des moments historiques, capturés par les voix et les sons de l’époque”.