Avec les mots forts qu’on lui connaît, Kery James est de retour avec plus de six minutes d’émotion… pour le bien de la société française et sa scène rap.
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L’un des piliers les plus solides du rap français, le porte-parole d’une génération oubliée, le militant engagé et chef de meute à la plume d’or, reprend le micro.
Ce retour longtemps attendu s’est concrétisé en fin de semaine dernière avec le titre “Vivre ou mourir ensemble”, habillé d’un clip (réalisé par Leïla Sy) qui, comme à l’habitude du poète du 94, n’a pas besoin d’artifices pour forcer une admiration suscitée ici dans sa sobriété.
Vivre, mourir ensemble entre quête de liberté dans une société surplombée par la grisaille… Tel est le message porté par Kery James dans ces six minutes au texte fort, sur de simples notes de piano, pour un morceau déjà classique que le gouvernement devrait écouter sans plus attendre.
“Kery m’a motivé à vouloir changer les choses”
La vidéo se poursuit ensuite avec une partie de quatre minutes qui retrace son action louable avec son association ACES (apprendre, comprendre, entreprendre et servir) pour aider les jeunes à financer leurs études supérieures.
Pour témoigner de l’admiration et l’impact que Kery James provoque chez plusieurs générations provenant de tous milieux, quelques commentaires laissés sous la vidéo YouTube :
– “Il y a des rappeurs qui parlent de leur vie et y a les poètes qui parlent de la vie.”
– “Il n’y a pas que les jeunes de banlieues qui sont encouragés par le discours de Kery James. J’ai jamais manqué de rien, mais Kery m’a indigné en décrivant la situation des banlieues, m’a motivé à vouloir changer les choses. Quand je vois l’importance des études pour s’en sortir, je me dis que si je réussis les miennes, je pourrai aider les autres à faire de même. Si j’ai comme but pour mon existence de servir, c’est en partie grâce à lui.”
“Solidarité”
Pour présenter “Vivre ou mourir ensemble” et expliquer sa démarche, voici le message que Kery James a tenu à poster sur sa page Facebook :
Ici le texte que j’ai posté au lendemain des attentats du 13 novembre dernier et qui explique ce qui m’a poussé à écrire cette chanson :
SOLIDARITÉ
C’est avec tristesse et une émotion sincère que j’adresse ce message de solidarité à toutes les personnes qui ont été touchées de près ou de loin par cet attentat sanglant et meurtrier.
Deux de mes connaissances dont un ami d’enfance se trouvaient également dans le Bataclan. Heureusement ils sont sains et saufs. Plus encore, ils ont permis de sauver une centaine de vies humaines. Je salue leur courage et leur dévouement.
Je tiens également à renouveler avec encore plus de ferveur ma solidarité et toute ma compassion envers les peuples du monde entier qui sont victimes d’injustice sous forme d’oppression, de répression et de terrorisme. Ce vendredi nous avons effleuré l’horreur de leur quotidien et je me sens encore plus proche d’eux et concerné qu’auparavant. Quel que soit le manteau dont l’injustice se revêt, elle demeure une injustice et est condamnable.
Un homme d’une grande sagesse a comparé un jour l’injustice à un feu qui se propage dans le voisinage. Et de conclure que si l’on ne fait rien pour l’éteindre, même si son foyer se trouve dans un voisinage lointain, ce feu finit un jour par arriver à la porte de notre propre maison.
Il convient de faire face à l’injustice et de la dénoncer sans retenue. Mais on ne combat pas l’injustice par l’injustice tout comme on n’éteint pas le feu par le feu. On combat l’injustice et on s’élève au dessus d’elle par la justice, la droiture et l’équité.
Après ce drame choquant, traumatisant et après l’émotion, chacun d’entre nous va devoir faire face à un défi majeur pour l’avenir de ce pays. Nous allons devoir choisir entre l’unité et la division souhaitée par les extrémistes de tous bords.
Ceci est encore plus vrai pour la classe politico-médiatique dont les paroles, prises de position et parfois même les silences ont de graves répercussions sur nos vies.
J’espère de tout coeur qu’ils sauront faire preuve de décence, d’honnêteté intellectuelle, et qu’ils feront passer l’intérêt général avant les calculs électoraux. L’intérêt général de la France ne se trouve pas ailleurs que dans la construction d’une cohésion nationale qui nous fait tant défaut.
Les balles tirées ce vendredi 13 Novembre 2015 en direction des civils, ne distinguaient pas l’homme de la femme, le noir du blanc, le pauvre du riche, le patron de l’ouvrier ou le musulman du non musulman.
Nous étions tous des cibles potentielles et nous le restons. Alors essayons d’être justes, raisonnés et solidaires dans cette épreuve.
Kery James