Laura Berlingo est gynécologue obstétricienne. Elle a créé le Diplôme Universitaire “Santé sexuelle pour tou·te·s” à Sorbonne Université, et écrit l’essai “Une sexualité à soi”, publié aux éditions Les Arènes. On lui a demandé de répondre à notre courrier des cœurs (et des culs). Un rendez-vous que vous pourrez retrouver tous les mois sur Konbini.
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Ressent-on du plaisir en se faisant sucer les testicules ?
Écoute, il paraît que certaines personnes aiment ça ! De manière générale, lorsqu’une pratique sexuelle vous attire, qu’elle n’est pas interdite par la loi, et que le/la/les partenaire(s) sont consentant·e·s, essayez ! Vous verrez bien.
Je me suis toujours demandé comment avoir un plan à trois avec deux femmes et pouvoir rester protégé des MST ?
Oui, se protéger lors de relations à plusieurs demande un petit effort mental !
Avant tout, petit point sémantique : on parle plutôt d’IST (Infections Sexuellement Transmissibles) que de MST (Maladies Sexuellement Transmissibles) pour une raison simple : beaucoup d’infections ne sont pas symptomatiques, elles passent inaperçues et ne créent pas de maladies. Cependant elles peuvent tout de même se transmettre et provoquer une complication soit plus tard dans la vie, soit directement à quelqu’un d’autre, d’où l’importance du dépistage, même sans signe ! Il est aussi très important de prévenir ses partenaires si on est positif·ve à quelque chose.
Lorsque l’on a des rapports à plusieurs, les risques se multiplient, on recommande un dépistage plus régulier ! Que ce soit avec deux femmes, ou plus, à vrai dire quel que soit le genre, les recommandations sont les mêmes : on évite de croiser les fluides. Je ne peux pas te faire la liste de toutes les positions/situations avec la réponse adéquate, mais, globalement : changement de préservatif, protection pour les rapports oraux-génitaux (digue dentaire ou préservatif) et digitaux (gants en latex ou au moins lavage des mains, si pas de coupures sur les mains), avec changement de la protection à chaque changement de partenaire.
S’il y a des jouets, on les nettoie soigneusement entre chaque utilisation et, pour les pénétrants, on utilise un préservatif. En fait, dès que quelque chose ou quelqu’un entre en contact avec un sexe ou un anus, il faut une protection adaptée qui doit être changée lorsque l’on change de personne. Comme je le disais au début, c’est une petite gymnastique des méninges à prendre, car si les relations à plusieurs décuplent le plaisir, elles décuplent aussi les risques, alors profitez bien, mais en étant attentif·ve·s ! Encore une fois, n’hésitez pas à vous faire dépister, ça ne doit pas vous empêcher de vous protéger mais c’est une sécurité en plus ! (Et un soulagement après, parfois).
Comment passer au rapport sexuel avec une fille après l’étape des préliminaires ? Toujours bloqué à cette étape, j’ai du mal à comprendre.
Ma première remarque sera que les “préliminaires” font partie intégrante du “rapport sexuel”. Se toucher, se lécher, se caresser, c’est tout autant du sexe que pénétrer / être pénétré·e. Je ne dis pas ça juste pour faire joli. Cela peut t’aider aussi : si tu ne vois pas la pénétration comme une finalité, mais comme une continuité avec les autres pratiques, peut-être que cela te mettra moins de pression ? La pénétration n’est pas un passage obligé, ni le Graal à obtenir pour un rapport sexuel réussi. Tu peux faire descendre un peu la pression de ce point de vue-là, et l’envisager exactement comme toutes les autres pratiques. Avec joie et légèreté, car après tout, ce n’est que du sexe !
Je suis une fille et je suis consciente que nous avons comme un système d’autolavage avec les pertes blanches. Je me suis toujours dit qu’à la fin de la journée, après être bien restée enfermée dans ma culotte et mon pantalon, je pense que ça ne doit pas être fun de mettre son nez dedans. Mais j’ai un copain qui a des désirs et qui, parfois, veut me faire un cunni et je ne suis pas vraiment à l’aise en fin de la journée. Est-ce que c’est OK pour lui de faire ça alors que je n’ai pas encore pris une douche ?
Je vais faire un petit point “pertes vaginales” pour tout le monde (oui, surtout les hommes là-bas, au fond, on sait que vous n’y connaissez trop rien). Il est absolument normal d’avoir des pertes blanches. Plus liquides ou plus épaisses, plus transparentes ou plus blanches, elles varient au cours du cycle et c’est normal. Si elles changent d’aspect, deviennent bleues / vertes ou sentent mauvais ou si vous ressentez des démangeaisons / brûlures / gêne, alors il faut consulter. En dehors de ces cas, c’est normal, votre culotte ne peut pas être sèche tout le temps. C’est le jeu, quand on a un vagin.
Quant aux bactéries, oui, elles sont bien présentes, on appelle ça la flore vaginale, et lorsqu’elle est riche, c’est plutôt bon signe ! Pour le système “autolavant”, tu as raison aussi, du coup pas besoin de laver l’intérieur du vagin, c’est même fortement déconseillé, au risque de dégommer toutes les gentilles bactéries suscitées et de les remplacer par des bactéries dont on ne veut pas (qui provoquent mycose, vaginose, etc.)
Donc pas de question de “classe” ou pas, les pertes existent, c’est comme ça. Tu n’es pas sale en fin de journée parce que tu as des pertes dans la culotte, cela ne t’empêche donc pas d’avoir des rapports sexuels si tu en as envie.
Ceci dit, et quelque que soit son genre, il n’y a pas que les pertes vaginales dans des sous-vêtements en fin de journée : la sueur, l’urine…
Si vous voulez vous rafraîchir un peu avant un rapport, vous pouvez toujours rincer vulve (pas vagin hein) ou pénis à l’eau et au savon, ça prend 10 secondes et cela peut permettre d’être plus à l’aise ! Dans tous les cas, évitez les lingettes intimes, qui ont plus tendance à déséquilibrer la flore qu’autre chose…
Pour écrire à Laura Berlingo, ça se passe à cette adresse : vossexualites@konbini.com