“Rendre Riley moins gay” : d’anciens salariés racontent la pression et la censure de Pixar sur Vice-Versa 2

“Rendre Riley moins gay” : d’anciens salariés racontent la pression et la censure de Pixar sur Vice-Versa 2

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© Pixar Animation Studios

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Par Manon Marcillat

Publié le

Horaires de travail, culture d’entreprise et censure des thématiques LGBTQIA+ : Pixar au cœur d’une crise "sans précédent".

Alors que Vice-Versa 2 a battu tous les records en devenant le film d’animation le plus rentable de tous les temps avec 1,6 milliard de dollars de recettes, les studios Pixar sont au cœur d’une enquête du média IGN publiée le 16 septembre dernier. Dix anciens salariés — récemment mis à la porte à la suite d’une vague de licenciements concernant 175 collaborateurs de l’entreprise — témoignent, sous couvert d’anonymat, d’une crise “sans précédent” durant la création de Vice-Versa 2.

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À la suite du Covid qui avait forcé les studios à sortir Soul, Luca et Alerte rouge uniquement sur les plateformes puis aux échecs successifs de Buzz l’éclair et Élémentaire, Pixar a fait peser une pression énorme sur ses salariés pour les sorties de Vice-Versa 2 et Elio (prévu pour 2025). Une situation “de vie ou de mort”, selon plusieurs salariés.

“Je pense que pendant un mois ou deux, les animateurs ont travaillé sept jours sur sept […] des gens se sont retrouvés à des postes qu’ils n’avaient jamais eus avant”, témoigne un ancien salarié. “La culture d’entreprise est actuellement très difficile chez Pixar, beaucoup de salariés disent qu’ils n’y arrivent plus”, ajoute un autre.

Outre la pression et les conditions de travail, des salariés dénoncent également de la censure de la part des studios, qui ont imputé l’échec de Buzz l’éclair au baiser gay présent dans le film (la scène avait d’abord été coupée puis remontée à la suite de la gronde des salariés). Ces derniers racontent avoir reçu des consignes pendant la production de Vice-Versa 2 visant à supprimer toute “alchimie romantique” entre Riley et Val afin de rendre le personnage principal “moins gay”.

Ces mêmes employés expriment également des inquiétudes envers la direction créative des studios qui, sous couvert d’histoires universelles, censurent les thématiques LGBTQIA+ de leurs productions. “On s’est fait à l’idée qu’on ne verrait jamais un personnage principal gay dans un film Pixar.”