De Diam’s à Stromae : fallait qu’on parle avec Vitaa

De Diam’s à Stromae : fallait qu’on parle avec Vitaa

Stromae, vrai maître d’orchestre de l’album

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Si la jeune femme avait habitué son public à des collaborations avec des artistes urbains comme Jul ou Maître Gims, sur cet album elle a décidé de passer un cap supérieur. Vitaa a invité le Belge Stromae à apporter sa touche à “l’album du renouveau”. Si Vitaa n’est plus là pour conter ses chagrins d’amour, la peine fait apparemment toujours partie de son registre. Après avoir écouté tous les morceaux, Stromae a eu un réel coup de foudre sur le titre “Peine & Pitié” qui n’était pas encore achevé. “On était sur la fin de l’album et ce morceau n’était pas encore terminé, mais il me faisait penser à lui. Je l’ai alors contacté et tout s’est fait naturellement”, confie Vitaa Les deux chanteurs ont alors repensé le morceau, mêlant le phrasé de Stromae et le timbre profond de Vitaa. Après des heures passées en studio et de longues conversations échangées, Stromae a décidé de créer de A à Z un second morceau avec la chanteuse, ce qui a donné “Comme dab”. Charlotte éprouve une réelle fierté d’avoir collaboré avec cet artiste de renom :

“Il écrit vraiment comme un rappeur. Chaque phrase est comme une punchline à peine chantée et il a une réelle culture hip-hop. C’est vraiment un chanteur et une personne extraordinaire.”

La plume de Stromae a une réelle identité et rien qu’à l’écoute de “Peine & Pitié” ou de “Comme dab”, on peut vraiment imaginer sa voix sur les lyrics fredonnés par Vitaa. Sur le titre “Comme dab”, elle se remémore d’ailleurs une anecdote de studio, qui la fait rigoler rien qu’en y repensant : “C’est un son guitare-voix et, sur la fin du morceau, Stromae nous a envoyés dans la cabine d’enregistrement pour faire des bruits olé-olé afin de simuler qu’il y avait foule. On aurait dit la col’,o comme si on était 20 personnes à crier alors qu’on était trois pauvres zoulous à chanter n’importe quoi.” Elle sourit et reprend : “C’était vraiment un bon moment. On était dans un moment de convivialité juste magnifique.”

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“Un peu de rêve” : sa collaboration avec Claudio Capéo

Sur cet album, on la retrouve également aux côtés de Claudio Capéo. Une collaboration pour le moins surprenante, vu leur différence d’univers. Une divergence musicale que les deux artistes ont réussi à mixer sur “Un peu de rêve”. “C’était vraiment difficile de faire matcher les deux mais en même temps c’était un vrai challenge. Les deux compositeurs ont concocté une production reggaeton avec des lyrics de variété française et je trouve que nos deux styles se lient très bien”, déclare Vitaa. Elle raconte à quel point Claudi Capéo a eu peur lorsqu’il a entendu la prod’, totalement éloignée de son style initial : “Quand il a écouté la mélodie, il s’est demandé ce qu’il allait bien pouvoir faire dessus.” Un vrai défi que Claudio Capéo a remporté avec succès, sa voix rocailleuse collant très bien à la production enjouée. “Il était vraiment content du résultat”, conclut Charlotte. Au-delà de son univers musical bien à lui, elle dit “apprécier son côté vrai artiste, honnête musicien de tournée”. Aussi à l’aise au studio qu’à la ville, Claudio Capéo est même venu enregistrer ses deuxièmes voix en compagnie de sa famille : “C’est une personne très simple qui aime les gens et la vie en général. Il n’est pas surfait, il est vraiment lui-même.”

Dissocier l’artiste et la personne

Cette capacité à concilier musique et vie de famille, Charlotte l’apprécie mais n’arrive pas à en faire autant : “On me dit souvent que je suis schizo comme artiste” balance-t-elle en rigolant. Si je ne les dissocie pas, ça me fait paniquer.” Tiens, on la reconnaît bien là. “Pour moi, il faut vraiment dissocier les deux personnes : la chanteuse et la femme. Quand je suis au studio je suis à fond et je m’éclate mais quand je rentre à la maison, je veux être comme tout le monde et laisser le travail de côté pour m’occuper pleinement de ma famille.” Avec la télé et Internet, cela n’est pas toujours facile de préserver ses deux petits garçons de 5 et 2 ans et demi de son image de star : “L’autre fois, mon petit dernier a vu mon clip et savait que c’était moi. Il m’a même demandé de remettre le titre quatre fois. Mais je veux vraiment dissocier les deux, sinon ça m’angoisse.”
En dix ans de carrière, Vitaa a su trouver son équilibre entre musique et famille. Si aujourd’hui l’artiste propose un album beaucoup plus moderne, son thème de prédilection reste les rapports homme-femme. Elle a fait chavirer des cœurs blessés sur son premier opus, À fleur de toi, et dix années après, malgré une vie de famille stable et deux bouts de chou à la maison, Vitaa émet toujours des réticences face à l’amour. Sa peur de l’abandon, elle l’exprime sur “Tu me laisseras”, un titre où elle a vraiment laissé libre cours à ses doutes. “Le couple est un réel travail du quotidien et même si tout se passe bien dans ma vie, j’aurai toujours cette angoisse de finir seule et de me retrouver face à moi-même”, révèle-t-elle, le cœur à nu. Elle essaye de se rappeler tous les jours que “rien n’est acquis et que l’amour s’entretient.” Et au pire si ça se passe mal, elle peut toujours lui rayer sa BM. À fleur de toi is back ? 

Diam’s, toujours sa confidente

Ses peurs, ses peines ou ses joies, elle peut toujours les confier à son amie de longue date, Diam’s. Passent-elles toujours leurs journées dans le noir comme à l’époque ? L’artiste rap s’est retirée de la scène musicale depuis quelques années pour redevenir ou plutôt devenir Mélanie et s’épanouir dans sa vie de famille. “Elle a complètement changé de mode de vie, elle s’est convertie à la religion musulmane, elle est mariée et mère de famille. Elle est mille fois plus heureuse comme ça, même si les gens ont du mal à l’entendre”, affirme Vitaa.

 Autrefois elles partageaient leur amour pour la chanson, aujourd’hui elles déblatèrent sur le quotidien, leur vie de famille et de femme. Avant, ça discutait bad boys, maintenant c’est couscous party et dîner de famille. “La musique nous a mises sur le même chemin mais nous sommes très vite devenues amies et c’est ce qui fait qu’on en est toujours là”, témoigne la jeune chanteuse. Si Diam’s est aujourd’hui simplement Mélanie, Vitaa reconnaît qu’elle était “une artiste extraordinaire et la première femme à s’être imposée dans le rap français”. Quant à un retour éventuel de l’interprète de “La Boulette” à la musique, elle ne peut s’exprimer à sa place mais “n’y croit pas”.

Avant de finir cette interview, Vitaa tient à conclure par son proverbe préféré, “qui casse paye” : “J’adore cette expression car je suis quelqu’un de très responsable. Impossible de prêter ma voiture sans sortir cette petite phrase qui met bien en confiance”, lâche-t-elle, les yeux rieurs.


L’album J4M est sorti le 5 mai. Vitaa se produira au Trianon à Paris le 2 novembre 2017.