En amont de la sortie de Star Trek : Sans limites, on a pu voir le film en avant-première et poser quelques questions à certains membres d’équipage de l’USS Enterprise.
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Treizième opus cinématographique de la franchise, ou troisième depuis le reboot plutôt astucieusement opéré par J.J Abrams en 2009, Star Trek : Sans limites de Justin Lin est un film de science-fiction joyeusement divertissant qui célèbre assez élégamment les 50 ans de son univers. Co-écrit cette fois par Doug Jung et Simon Pegg (qui interprète le personnage de Montgomery Scott), cet épisode met une bonne partie de la noirceur militariste d’Into Darkness de côté au profit d’une aventure au ton plus proche de la série et d’un accent de nouveau porté sur l’exploration spatiale.
La recette fonctionne
L’annonce de Justin Lin au poste de réalisateur, pape des (meilleurs) Fast & Furious, puis le marketing axé sur la chanson inédite de Rihanna présente dans le film… Tout cela avait de quoi inquiéter légèrement les fans de Star Trek sur le papier : en pratique, la recette fonctionne bien et le long métrage témoigne d’un amour sincère pour la série, tout en apportant quelques nouveautés sur la table. Pas toujours brillante pendant les scènes au sol, avec une poignée de rotations de caméra assez surprenantes de gratuité, la réalisation de Lin est beaucoup plus impressionnante dans la station spatiale Yorktown et dans l’espace — le script impliquait une destruction intégrale de l’USS Enterprise, et celle-ci ne déçoit pas.
Bien qu’émaillé de scènes d’action efficaces, le scénario de ce Star Trek : Sans limites (qui entre immédiatement dans le vif du sujet, à la fin d’une longue mission de l’équipage mené par le Capitaine Kirk) n’oublie pas trop le principal, à savoir ses personnages.
Le casting est globalement impeccable dans l’incarnation de ces derniers, Chris Pine, Zachary Quinto et Karl Urban en tête. Et si l’on regrette de voir un Idris Elba (le méchant Krall) autant sous-exploité, Sofia Boutella (vue dans Kingsman) est une excellente nouvelle recrue dans l’équipe.
L’extraterrestre à la peau blanche et noire qu’elle interprète, Jaylah (un nom inspiré par Jennifer Lawrence), offre en effet certains des meilleurs moments du film, côté combat comme côté répliques drôles (en VO) — même si le duo formé par le Dr Bones (Karl Urban) et Spock (Zachary Quinto) génère indéniablement les meilleures vannes du film.
Après avoir vu Star Trek : Sans limites, on a justement eu l’honneur de rencontrer brièvement certains des acteurs évoqués ci-dessus : d’un côté le trio Chris Pine, Zachary Quinto et Sofia Boutella, de l’autre le duo formé par Karl Urban et John Cho.
Captain Kirk (Chris Pine), Jaylah (Sofia Boutella) et Spock (Zachary Quinto)
Konbini | Bonjour à vous, et merci de nous accorder un peu de votre temps…
Zachary Quinto (en français dans le texte) | Enchanté.
Chris Pine et Sofia Boutella (également en français) | Enchanté !
Zachary Quinto (donnant un coup de coude à Sofia Boutella) | Elle peut parler en français si vous voulez.
Konbini | Je pense qu’on va en rester à l’anglais.
Chris Pine (en français) | Putain.
(À Chris Pine et Zachary Quinto) | Qu’est-ce que ça vous a fait de retrouver vos rôles, plusieurs années après Into Darkness ?
Chris Pine | C’était très fun et l’équipe est toujours très soudée. On avait Simon Pegg comme scénariste et un nouveau réalisateur [Justin Lin, ndlr], donc il y avait une énergie différente sur le plateau, c’était une expérience nouvelle mais c’était tout aussi bien, de mon point de vue.
(À Sofia Boutella) | Qu’est-ce que ça vous a fait d’intégrer ainsi un équipage déjà formé ?
Sofia Boutella | J’étais assez nerveuse au début, mais ils ont tout fait pour me faciliter la tâche, tout le monde a été très accueillant.
Vous pensez que le personnage de Jaylah est voué à rester dans les épisodes ultérieurs ?
Zachary Quinto | Oh, vu la place qu’elle prend sur les affiches…
Chris Pine | … Je crois que c’est plutôt bon signe ! [rires]
Est-ce que vous pensez encore aux équipages précédents de Star Trek quand vous interprétez vos personnages ?
Zachary Quinto | Je pense que ça fait clairement partie de notre connexion avec les personnages : et comment pourrait-il en être autrement ? Il ne peut pas y avoir 50 ans d’existence de ces personnages sans que cela n’ait pas une influence sur la suite. Après, je pense que J.J. [Abrams] a été très clair quand il a pris le relais de la franchise : il voulait que l’on puisse apporter notre propre point de vue, une autre perspective sur ces personnages. Et on a fait de notre mieux pour arriver à quelque chose de neuf.
Pour ma part, j’avais une relation très proche avec Leonard [Nimoy, le Spock original. Sans limites lui est dédié, ainsi qu’à Anton Yelchin, ndlr] et c’est le premier film que l’on fait depuis sa mort… Donc c’est vraiment important pour moi d’honorer sa mémoire.
(À Chris Pine) | Et selon vous ?
Chris Pine (un peu ailleurs) | Euh… Oui ! Je veux dire, c’est impossible de ne pas y penser, je crois qu’on est même influencés de manière inconsciente par l’ancien casting.
À quel point le film a-t-il été tourné sur fond vert ? Et est-ce que ça vous a affecté ?
Zachary Quinto | Le film contient clairement son lot de fonds verts… Mais cela n’affecte pas nécessairement notre expérience en tant qu’acteurs. L’important, c’est que ce qui peut être réellement construit le soit, et que les effets numériques soient utilisés pour enrichir les décors au-delà des limites du plateau.
Du coup, beaucoup des fonds verts étaient situés en périphérie des décors, pour augmenter et améliorer le panorama. Mais beaucoup de ce qui pouvait être fait en dur était réel. Il y a eu beaucoup de boulot du côté des cascades, de la production des costumes, des accessoires et de l’éclairage.
Vous n’aviez pas peur de vous faire voler la vedette par Sofia Boutella ? Son personnage arrive à peine et le film lui offre beaucoup de moments de gloire, de répliques drôles, de scènes d’action…
Zachary Quinto | Elle nous vole carrément la vedette ! [rires]
Chris Pine (soudain très sérieux) | J’étais un peu inquiet à ce sujet au début et c’était hors de question qu’elle prenne autant de place. Alors j’ai demandé à Simon [Pegg] de me donner ses meilleures répliques. Elle devait aussi avoir une bande-annonce relativement importante centrée sur son personnage, mais on s’est assurés qu’elle reste enterrée à jamais…
Zachary Quinto (hilare, à Chris Pine) | Cette blague ne va jamais être traduite, tu vas être totalement coupé au montage de cette interview.
Chris Pine | Je blague évidemment. On adore son personnage et c’était un plaisir de tourner avec Sofia.
Karl Urban (Dr “Bones” McCoy) et John Cho (Mr Sulu)
Karl Urban | [Baille un peu]
Konbini | Comment ça va ?
Karl Urban | Ça irait mieux avec un peu de gin. Mais ça va, merci beaucoup.
Je suis un peu surpris que vous soyez en duo pour cette interview, vous n’avez pas beaucoup de scènes en commun dans le film…
Karl Urban | J’étais étonné aussi, je dois bien l’admettre. Je ne sais pas trop pourquoi ils nous ont mis ensemble.
John Cho | C’est parce qu’ils voulaient te mettre en duo avec le meilleur acteur du film ! [rires]
Karl Urban | En vrai, je pense que c’est parce que Zach [Quinto] n’était pas disponible.
Vous avez des rôles très différents dans la franchise, en particulier dans Sans limites. Par exemple, John, votre personnage est terriblement sérieux dans ce volet. C’est difficile de rester ainsi imperturbable en permanence ?
John Cho | Comment dire… L’espace est clairement un endroit très sérieux ! En vrai, non seulement je ne suis pas si sérieux, mais j’ai un peu du mal avec les trucs technologiques [alors que son personnage est le pilote de l’Enterprise, ndlr].
Karl Urban | Il n’a pas le choix, il doit garder le style Sulu.
Cho | Sulo ? Est-ce que tu viens de dire Sulo ?
Urban | J’ai dit Sulu. Sulo… Han Sulo.
Cho | Mmh.
Par opposition, Karl, votre personnage est très ironique et vous avez probablement les répliques les plus drôles du film. C’est parce que vous êtes ami avec Simon Pegg ?
Karl Urban | Eh bien… Je n’ai pas trop la réponse à cette question, à vrai dire. L’une des idées du film était effectivement de prendre ces deux personnages qui ne s’entendent pas très bien, Bones et Spock, et de les forcer à rester en tête à tête. Et c’était cool à faire, j’ai beaucoup aimé mes scènes avec Zach [Quinto].
Vous pensez quoi de cette idée de vous mettre en binôme avec Spock pour la majeure partie du film ?
Karl Urban | Je pense que l’un des défis à relever, pour le cinquantième anniversaire de Star Trek, c’était de parvenir à fournir quelque chose de frais et nouveau au public. Et je ne crois pas qu’on avait trop vu ce genre d’échanges avec ce duo, certainement pas en tout cas dans cette timeline de films. Spock et Bones n’ont pas autant d’interactions en temps normal, et c’était intéressant de les voir se taquiner ainsi.
John Cho | Enfin ils se taquinent depuis un moment non ?
Karl Urban | Oui, ce que je veux dire c’est qu’on a essayé d’atteindre un nouveau palier dans leur relation.
En revanche, j’ai l’impression que Mr Sulu apparaît nettement moins que dans les films précédents. John, est-ce que vous avez tourné des scènes qui ne sont pas dans le montage final ?
John Cho | Effectivement, j’ai l’impression que tout ne se retrouve pas dans le film. Notamment, je crois que j’avais une scène avec Zoe [Saldana] qu’on ne voit pas dans le montage définitif.
Le fait qu’on apprenne que Mr Sulu ait un compagnon a fait couler un peu d’encre avant la sortie du film, mais c’est finalement très anecdotique dans l’histoire… Et surtout : avec son travail, honnêtement, à quel moment Mr Sulu a-t-il eu le temps de fonder une famille ?
Karl Urban | Hey, c’est une excellente question !
John Cho | C’est une bonne question. À quel moment a-t-il eu le temps de faire des rencontres, d’avoir des rencards ?
Karl Urban | Je me suis demandé la même chose. Comment est-ce arrivé ? Qu’il ait adopté une fille et se retrouve à repartir cinq ans dans l’espace… J’aurais aimé que ce soit expliqué.
John Cho | C’est vrai, je ne sais pas non plus.
(À John Cho) | Pour vous, c’était comment de travailler de nouveau avec Justin Lin ? C’est un réalisateur que vous connaissez depuis longtemps…
John Cho | En effet ! Et c’était très cool de bosser de nouveau avec lui. Cela nous a rappelé le film indépendant qu’on a fait ensemble [en 2002], Better Luck Tomorrow. Parce que Justin est arrivé assez tard sur Star Trek : Sans limites… Un autre réalisateur [Roberto Orci, scénariste sur les deux précédents volets] devait le faire à la base, à partir d’un script différent, donc Justin a eu moins de temps qu’il aurait voulu pour le faire. C’est pour cela que ça nous faisait un peu penser à un film indépendant, à cause de cet esprit de débrouille avec lequel on a dû concrétiser le projet.
Le script n’était pas terminé quand on a commencé à tourner, il fallait prendre des décisions difficiles, il y a des choses qu’on a été obligés d’improviser un peu. C’était stressant, mais passionnant aussi.
Ce n’était pas étrange de savoir que l’un des membres de l’équipage avait co-écrit le script du film ? Vous alliez parfois interpeller Simon Pegg au sujet d’une action ou d’une réplique qu’il avait rédigée ?
Karl Urban | Franchement, c’était très sympathique de travailler avec Simon, d’avoir cet ami que l’on pouvait aller voir à tout moment pour parler du script. Il était très ouvert au dialogue, très gentil à ce sujet, il voulait que toutes les répliques sonnent le mieux possible.
John Cho | Même si on avait un nouveau réalisateur et de nouveaux auteurs, Simon apportait une forme de continuité rassurante pour les fans de Star Trek. Et pour nous, c’était un peu notre confident sur le plateau.
(À Karl Urban) | Et vous, qu’est-ce que vous pensez du style de Justin Lin comme réalisateur ?
Karl Urban | C’est quelqu’un qui communique extrêmement bien. Il est très spécifique dans ses instructions et explique très clairement ce qu’il veut. Et c’est un fan de Star Trek de longue date, donc il pouvait utiliser ses connaissances pour rester fidèle à la saga, tout en lui insufflant son style de réalisation très fluide et rapide. Je pense qu’il a bien réussi.