Quand résonne le saisissant “How looooooong” au début de “Falling Forever”, titre présent sur son nouveau disque Radical Optimism, ça saute aux yeux et aux oreilles : Dua Lipa est vraiment la popstar qu’elle pense être. Après la nu-disco léchée de l’excellent Future Nostalgia, la chanteuse albano-britannique revient à ses bases pop, qu’elle célèbre dans des arrangements légers, solaires et pétillants, comme onze invitations à s’emballer sur la piste de danse. Cette année encore, la reine de l’été s’appelle Dua Lipa.
À voir aussi sur Konbini
Alors qu’elle officialisait la fin de son ère disco dans le clip de son tube “Dance The Night” l’année dernière, la superstar assume et cristallise son renouveau avec le tonitruant “End Of An Era”, qui prouve qu’elle et les lignes de basse langoureuses, c’est une histoire d’amour faite pour durer. C’est la fin d’une Dua, le début d’une autre, mais rassurez-vous : la nouvelle Dua Lipa est toujours aussi iconique, elle a juste des cheveux rouges, adore la guitare sèche et a pondu onze nouvelles pépites pour vous faire danser.
Si elle avait promis des touches de trip-hop et de psyché inspirées notamment par Massive Attack (on les cherche encore, et le nom de Kevin Parker à lui seul ne suffit pas à couvrir ce vilain mensonge), on se retrouve plutôt avec un album purement pop, dans tout ce qu’elle a d’efficace, de fédérateur et de lumineux, en témoigne le succès de “Houdini” ou celui à prévoir pour “These Walls” ou “Watcha Doing” — dont le potentiel tubesque est plus évident que sur le reste. Aucun doute là-dessus, Dua est toujours en possession de la recette secrète pour une pop parfaite.
Sans véritable fil rouge ni univers bien défini (un coup, c’est la salle de sport ; un coup, c’est la plage), contrairement à la précédente ère de la chanteuse, Radical Optimism ne fait pas toujours sens. D’un côté, tant mieux. C’est tout ce qu’on devrait attendre d’un bon disque pop, finalement : un peu d’évasion et beaucoup de refrains à hurler à tue-tête.
La fête a changé
Lorsqu’on croit comprendre où le disque veut nous mener, comme sur “Anything For Love” et son intro piano-voix larmoyante, on se prend une claque agréable de synthétiseurs seventies et de snares qui font secouer les épaules à la moitié du morceau. Décidément, Dua ne peut plus s’arrêter de faire la fête. Il faut dire qu’elle était déjà bien motivée sur Future Nostalgia, mais ses nouvelles soirées finissent plus tard, l’ambiance est différente.
Le décor est moins “paillettes et cocktails fruités”, on y trinque des pintes de bière, on n’y voit pas grand-chose, juste l’essentiel éclairé au vieux néon, la musique va trop fort et les gens se roulent des pelles de toute part. La nouvelle Dua Lipa rentre tard, oublie son téléphone dans le taxi et ne retire pas ses lentilles avant de se coucher. Trois signes que la fête a été bonne.
Cet esprit plus “authentique”, on le doit certainement à l’enrobage plus organique et instrumental que jamais dans la discographie de Dua, qu’on savoure surtout sur les incroyables versions Extended des morceaux, occasions parfaites de dérouler tout le génie de production de Kevin Parker, à l’œuvre sur sept compositions du disque.
Loin du lisse et du glossy qui ont fait la gloire du disque précédent, cette ère cheveux rouges et garde-robe full black–full cuir est parfaite à la fois pour son lâcher-prise, sa simplicité débraillée et sa spontanéité. Une certaine mentalité “j’aime bien donc je rajoute” semble se glisser sur l’ensemble, justifiant cette flûte traversière sur “Maria” (sérieusement, qui fait ça ?), les sons de cloches sur “Illusion”, les envolées vocales à la sauce Eurovision de “Falling Forever”, et toutes ces inclusions de guitare sèche, qu’on ne s’attendait pas à voir revenir dans le petit monde de la popstar de sitôt.
En ce sens, l’album est un peu comme cette pote complètement bourrée au milieu d’une soirée pourrie qui te force la main pour bouger de là et trouver une meilleure façon de finir la nuit : il s’emmêle dans ses références, se débarrasse des filtres et de la prétention et ne semble finalement guidé que par une seule chose, à savoir le désir viscéral de danser et de bouger. Oui, voilà, Radical Optimism, c’est cette meuf-là — sans l’haleine alcoolisée et les pleurs de fin de soirée pour ce tocard qui ne la mérite pas.
Dua Lipa sera à l’affiche du Festival de Nîmes les 12 et 13 juin prochains.