Racisme et préjugés : C’est quoi le “syndrome méditerranéen” auquel Kodes fait allusion dans sa dernière interview ?

Racisme et préjugés : C’est quoi le “syndrome méditerranéen” auquel Kodes fait allusion dans sa dernière interview ?

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Youtube : “Kodes | Koba, Zola, Dawala, son retour, la dépression – CKO”

"Le médecin n’a pas voulu la soigner, elle était en train de faire une crise." Kodes a raconté son histoire avec sincérité, mettant en avant un phénomène méconnu.

Dans une récente interview pour l’émission CKO de Chris et Baloo, le rappeur Kodes s’est confié sur la perte récente de sa mère :

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“Ma daronne, à la base, elle avait rien du tout. Je l’accompagne à l’hôpital. Le médecin n’a pas voulu la soigner, elle était en train de faire une crise en fait. C’était à l’époque du Covid, elle n’arrivait pas à respirer et elle a voulu enlever son masque et le médecin a dit ‘Je vous soigne pas’. Le temps que je l’accompagne à un autre hôpital, c’était cuit, le truc avait déjà tout pris.

Derrière ce témoignage, qui s’ajoute à une longue liste d’autres affaires du même type, dont la mort de Naomi Musenga en 2017, ont ressurgi plusieurs questionnements sur les réseaux sociaux, pointant tous du doigt un phénomène connu dans le domaine médical appelé le syndrome méditerranéen ou syndrome nord-africain.

Il s’agit là d’une idée reçue discriminante et raciste selon laquelle les personnes, en fonction de leur origine, exagéreraient leur douleur ou y seraient moins résistantes qu’une personne dite caucasienne. “On parle d’exagération, de simulation, de théâtralisation” explique Myriam Dergham, invitée de France Inter et son émission Zoom Zoom Zen en tant qu’interne en médecine générale et titulaire d’un master en sciences politiques. Elle ajoute à cela que les femmes racisées seraient plus sujettes à ce syndrome en raison des nombreux préjugés auxquelles elles feraient face.

Cela pose le problème du traitement inégal, en fonction de la couleur de peau du patient, dans l’hôpital public ou privé français touché par ce phénomène qui fait directement écho aux biais racistes de la société ou racisme ordinaire. Le terme, invoqué une première fois par Frantz Fanon en 1952, est directement lié à l’immigration et au travail peu mis en valeur des immigrés à cette période, résume Mathilde Lambert en 2022 dans une revue médicale publiée sur Science Direct :

“Fanon considère que les médecins, conditionnés par le racisme institutionnalisé de l’époque, se plaisaient à ignorer le probable impact des conditions de vie dégradées de ces travailleurs des colonies sur leur santé psychique.”

Un syndrome encore visible actuellement et dont l’État ne favorise pas sa disparition dans un système de santé français complètement sous l’eau et qui pourrait malheureusement faire partie de l’explication lorsqu’on souhaite comprendre pourquoi ce phénomène raciste persiste encore de nos jours.