Damien Hirst, c’est l’artiste qui rend un peu fou le monde de l’art et ce n’est pas seulement le fait de ses œuvres classées parmi les plus chères vendues sur le marché et de sa manie de conserver des cadavres d’animaux dans du formol. En 2020, par exemple, il trollait la banane de Maurizio Cattelan. Durant la même période, relate Dazed, il s’empêtrait dans le business éclaté des NFT, licenciait d’une part 63 employé·e·s de son atelier et recevait d’autre part une avance de 15 millions de livres Sterling.
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Sa dernière folie en date ? L’artiste antidaterait ses œuvres. Indirectement, cela signifie qu’elles augmentent en cote plus rapidement. Le Guardian explique que l’artiste a daté de 2016 mille peintures issues de sa série intitulée The Currency, sortie en 2021. Ces œuvres dépeignaient sur papier des pois colorés et pouvaient être achetées soit physiquement pour 2 000 livres Sterling, soit sous forme de NFT (les originaux étant brûlés par l’artiste).
Ce projet, qui réunissait – après les ventes – 10 000 NFT dont les œuvres physiques remontaient soi-disant à 2016, lui a rapporté 18 millions de dollars. Heni, le vendeur, a surenchéri, confirmant que les œuvres avaient bien été réalisées en 2016. Sauf qu’il n’en serait rien : le Guardian révèle que cinq proches de l’artiste (dont des assistant·e·s ayant aidé à peindre les points, masque à gaz sur le nez, et bossant, le dos constamment voûté, huit heures par jour) ont attesté que les œuvres avaient été réalisées en série “de 2018 à 2019”. Cela concernerait mille peintures, si ce n’est des milliers, précise Dazed.
Ce sont des témoignages qui font état d’une grande arnaque, la date ayant une influence considérable dans le prix de l’œuvre et la cote de l’artiste. L’entreprise de production et l’artiste n’ont pas commenté les dates de ces œuvres visées, sans nier pour autant que mille œuvres de cette série pouvaient bien avoir une date différente de celle revendiquée.
Selon l’équipe légale de Damien Hirst, ce n’est en rien une fraude car l’année 2016 serait, en réalité, la date de création et conception du projet et non de production physique. Ce référencement, suivant la date de création et non de fabrication, semble être une pratique courante et normalisée chez Hirst. Si on part de ce principe, beaucoup d’œuvres de Damien Hirst peuvent être considérées comme anachroniques, datées par exemple des années 1990 mais produites à partir de techniques et matériaux créés beaucoup plus tard.