Le sculpteur britannique Thomas J. Price s’attache à faire une place aux minorités dans l’espace public, où les femmes noires sont largement sous-représentées. À Art Basel, l’artiste originaire du quartier londonien Brixton a dévoilé une statue en bronze de 3,60 mètres de haut représentant une femme noire à l’air pensif, un demi-sourire aux lèvres.
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“Mon travail est une critique des monuments”, poursuit l’artiste qui s’interroge qui nous choisissons de représenter dans les espaces publics ornant nos villes. Plutôt que ces statues d’élites “triomphantes” glorifiant des figures esclavagistes, cet artiste préfère se focaliser sur l’universalisme des émotions avec des sculptures représentant des personnages de la vie de tous les jours.
Ses statues représentent souvent un homme noir ou une femme noire en train de regarder leur smartphone, un objet qui “nous connecte et nous isole” à la fois, explique l’artiste qui l’utilise volontiers pour symboliser “ce qui nous relie les uns aux autres”.
Rendre visibles les personnes noires dans l’espace public
“[Dans mes statues], les gens sont noirs parce que je suis moi-même un artiste noir, même si je ne me définis pas comme ça. Je m’inspire des gens autour de chez moi, des gens que je connais, qui se trouvent être noirs”, explique l’artiste, même si son travail entend surtout questionner les émotions universelles qui nous relient “en tant qu’être humain”.
En 2020, l’installation d’une de ses sculptures de femme noire dans un parc londonien avait coïncidé avec les vastes mouvements de protestation qui avaient vu des statues déboulonnées, arrachées ou même jetées à l’eau comme à Bristol, où la statue d’un riche marchand de la ville qui avait fait fortune dans le commerce des esclaves avait été précipitée dans la rivière, puis repêchée.
“Beaucoup de ces statues doivent être enlevées”, juge Thomas J. Price. “Mais il faut y voir une opportunité, pas une menace. C’est une opportunité de réfléchir à comment nous voulons nous représenter en tant que société” et “à qui nous représente”. Ce questionnement doit, selon lui, être aussi l’occasion d’élargir le champ des personnes représentées dans l’espace public où “les personnes non blanches sont historiquement sous-représentées”.
La semaine prochaine, l’artiste doit inaugurer deux statues en bronze en hommage à la “génération Windrush”, du nom d’un bateau qui avait acheminé quelques-un·e·s des 500 000 immigré·e·s venu·e·s des Antilles, principalement de Jamaïque, entre 1948 et 1971. Le sort de ces Antillais·es, injustement traité·e·s après avoir participé à la reconstruction du pays, a été au cœur d’un scandale au Royaume-Uni. Les statues seront installées devant la mairie du quartier londonien d’Hackney.
Konbini arts avec AFP.