Au premier étage de la célèbre National Portrait Gallery de Washington D.C., aux côtés des portraits de Pocahontas, des Obama, de Beyoncé et d’Abraham Lincoln, se trouve désormais une large toile représentant Oprah Winfrey. Vêtue d’une longue robe de taffetas violet (signée Christian Siriano), l’animatrice star des États-Unis s’est fait tirer le portrait par Shawn Michael Warren, qui a décrit l’opportunité comme “l’un des moments les plus déterminants de [sa] carrière”. Avec ce portrait, la philanthrope adoubée “reine de tous les médias” a rejoint le Panthéon du portrait états-unien, une reconnaissance culturelle majeure outre-Atlantique.
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Un projet d’une telle envergure ne s’improvise pas : dès 2017, Oprah Winfrey avait été missionnée par la National Portrait Gallery pour trouver l’artiste qui la représenterait. Malgré “200 noms d’artistes” envoyés par le musée, elle ne parvenait pas à trouver son bonheur et c’est finalement d’elle-même, et par hasard, qu’elle a trouvé celui de Shawn Michael Warren, en tombant sur la photo d’une fresque la dépeignant qu’il avait réalisée à Chicago.
“Je me suis dit : ‘Je pense que c’est lui.’ J’ai appelé [mon ami], et je lui ai dit que j’avais trouvé ce jeune homme, que je n’avais pas vu sa fresque en vrai mais que j’allais y aller, voir s’il avait bien mis mon nez au bon endroit”, se remémorait-elle gaiement lors d’un dîner de célébration. “Non seulement tu as mis le nez au bon endroit, mais tu as réussi à capturer l’énergie dans mon regard, la joie dans mes pieds, le swing de ma taille, le fait que je suis une femme phénoménale”, l’a-t-elle remercié.
Le peintre s’est épanoui dans un art figuratif et réaliste. Ses toiles et ses muraux figent des événements et figures historiques, comme “Martin Luther King Jr., Maya Angelou, […] Marshall Major Taylor, entre autres”. Il a également travaillé sur la Grande migration africaine-américaine, sur le massacre de personnes noires à Greenwood dans les années 1920 ainsi que sur la crise sanitaire de Flint causée par le gouverneur du Michigan, Rick Snyder, qui a exposé sa population à une eau contaminée au plomb.
Souvent déroutantes de réalisme, ses œuvres se basent sur un travail de recherche poussée et visent une exigence de “véracité historique”. Sa série la plus récente, La Reina Calafia, est pluridisciplinaire et s’inspire des travaux éponymes du poète espagnol Garci Rodríguez de Montalvo, réalisés en 1510. Le peintre a imaginé l’apparence de cette “reine fictive de l’île de Californie”, qui serait “l’inspiration derrière Wonder Woman et de nombreux autres contes héroïques”. Shawn Michael Warren peut désormais se targuer d’avoir une de ses créations exposées de façon permanente au sein d’un des plus célèbres musées états-uniens. Sa toile est actuellement présentée en même temps que “The Time is Always Now”, une exposition consacrée aux artistes “qui repensent la représentation noire”.