Qui est Eva Jospin, l’artiste qui a investi (comme Rihanna) le château de Versailles cet été ?

Qui est Eva Jospin, l’artiste qui a investi (comme Rihanna) le château de Versailles cet été ?

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© Isa Foltin/Getty Images for Ruinart ; © Marc Piasecki/WireImage/Getty Images

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Ses impressionnantes sculptures ont gagné nos cœurs.

Miniatures ou monumentales, ses sculptures en carton ont fait sa renommée : en moins de vingt ans, la plasticienne Eva Jospin, fille de l’ex-Premier ministre Lionel Jospin, est devenue une figure incontournable du monde de l’art. En France et ailleurs. “Elle est à part. C’est dur d’être insensible à ce qu’elle fait”, glisse à l’AFP Sofia Grimou, la directrice associée de l’antenne parisienne de la Galleria Continua, qui lui consacre une exposition jusqu’au 14 septembre 2024.

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Qu’on soit sensible ou non à l’art d’Eva Jospin, il est difficile d’y échapper. Outre cette exposition, elle est mise à l’honneur à l’Orangerie du château de Versailles et dans une nouvelle station de métro du Grand Paris, où une de ses œuvres monumentales (en béton) orne la façade de la gare. À l’Orangerie, l’artiste, née à Paris en 1975, assume une forme de rupture. Cette rupture, c’est Chambre de soie, une broderie de plus cent mètres de long avec des dizaines de panneaux de 3,50 mètres de hauteur, offrant une plongée dans un paysage fantasmé et luxuriant.

Tromper l’œil

Le nom de l’œuvre est aussi un clin d’œil au manifeste féministe de l’autrice Virginia Woolf, Une chambre à soi. La broderie ? “C’est quelque chose qui m’a toujours attirée”, assure la plasticienne à l’AFP. Peau diaphane, grands yeux verts et coupe au carré, Eva Jospin s’est fait connaître grâce à ses impressionnantes forêts et grottes en carton. Elle n’avait, jusque-là, jamais sauté le pas de la broderie même si certaines de ses créations intègrent des petites touches de cette discipline.

C’est la maison de haute couture Dior qui lui a permis de le faire. L’immense broderie avait été conçue pour un défilé (2021-2022). Ce panorama grandiose (plus grand que la Tapisserie de Bayeux) a été réalisé par des centaines d’ouvrières à partir de dessins de la plasticienne. L’œuvre exposée à l’Orangerie a été rallongée et inclut désormais des bosquets issus des jardins du château. “C’était important qu’il y ait ces clins d’œil”, souligne-t-elle.

Chez l’artiste, le clin d’œil n’est jamais loin du trompe-l’œil, nom de l’exposition qui lui est consacrée à la Galleria Continua. Figuratives sans jamais être narratives, ses œuvres parviennent à instiller le doute dans la tête du public, et pour cause : les écorces ou racines de ses forêts de carton sont plus vraies que nature. “C’est l’avantage quand on utilise encore et toujours le même matériau… On arrive à une forme de maîtrise”, observe-t-elle.

Le carton : choix économique

Aux Beaux-Arts de Paris, d’où elle est diplômée, elle s’est formée au dessin et à la peinture et a étudié pendant un an l’architecture. Comme chaque artiste tout juste diplômé·e, elle a des rêves plein la tête mais pas l’assise financière pour les réaliser. C’est là que le carton fait son apparition dans sa vie et dans son œuvre. C’est “un matériau disponible à profusion, qui ne coûte presque rien”, détaille-t-elle. De quoi lui permettre de se lancer dans des créations monumentales, son rêve de toujours.

Surtout, “je suis quelqu’un de patient mais j’aime l’idée de pouvoir me saisir immédiatement de mon matériau. Avec le carton, je prends, je coupe, je colle. Il n’y a pas de temps de perturbation”, poursuit-elle. Le succès arrive progressivement. En 2016, elle expose dans la cour carrée du Louvre. S’ensuivent d’autres expositions à Paris, Bruxelles et Venise. “Les parcours des artistes sont longs. Personne ne vous attend, pas plus moi que quelqu’un d’autre”, note-t-elle lorsque l’AFP lui demande si elle estime avoir atteint un pic dans sa carrière. “Moi, ce qui ce qui m’importe, c’est de continuer. J’espère que je vais pouvoir travailler jusqu’à la fin de mes jours et pas avoir trop d’arthrose à 90 ans.”