Un bâtiment industriel constitué d’une immense verrière se détache du paysage. La rénovation de ce joyau de l’ère industrielle, structure en fer et briques apparentes qui a servi de hangar à dirigeables, s’annonce comme un événement. À Meudon, près de Paris, le Hangar Y – qui était fermé depuis 40 ans – rouvre comme centre d’art.
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Pour ce projet d’envergure, à l’orée d’une forêt, l’idée était de créer un lieu au confluent entre culture, sciences et nature, et de s’inspirer de son histoire, souligne à l’AFP Aideen Halleman, sa directrice générale. Le Hangar Y fut le premier hangar à dirigeables au monde et est situé non loin d’un important site du CNRS et de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales.
Après avoir été longtemps désaffecté, le lieu abrite aujourd’hui une sculpture monumentale imitant la forme d’un dirigeable, suspendue au plafond haut de 23 mètres. Une œuvre de la Sud-Coréenne Lee Bul, qui jouxte un aéronef piquant du nez réalisé par le Suisse Roman Signer. Les deux installations font partie de l’exposition “Dans l’air, les machines volantes”, mêlant œuvres conceptuelles, images d’archives, objets de collectionneurs, tous liés au thème de l’envol, développe la directrice artistique Blanche de Lestrange.
Musée de l’air
Créé en 1879 à Meudon, le Hangar Y fut construit à partir d’éléments de l’Exposition universelle. Il accueillit en 1884 le premier vol mondial d’un dirigeable en circuit fermé, avant de se transformer en musée de l’air en 1921, après la Première Guerre mondiale. Si sa vocation scientifique n’est guère à démontrer, le site a aussi été le terrain de projets artistiques. Le peintre Chagall s’y est installé dans les années 1960 pour assembler le plafond de l’Opéra Garnier. En 2003, le réalisateur Jean-Pierre Jeunet transforme les lieux en hôpital militaire pour son film Un long dimanche de fiançailles. Parmi la très riche offre culturelle en région parisienne, “ce qui est surprenant” est qu’un tel lieu “soit aussi près de Paris, à 10 kilomètres de la tour Eiffel”, souligne Aideen Halleman.
Avec ses expositions temporaires (deux par an), son parcours d’œuvres en plein air (une statue géante de pigeons voyageurs d’Adel Abdessemed, une maison de casseroles de Subodh Gupta…), le Hangar Y veut accueillir chaque année 150 000 visiteur·se·s durant les week-ends et les vacances scolaires. Des familles, des passionné·e·s d’art contemporain, comme des promeneur·se·s du dimanche voulant profiter d’un lieu niché en pleine nature, avec un parc de neuf hectares imaginé par Le Nôtre, le paysagiste de Louis XIV. Le site compte également un restaurant et prévoit d’accueillir des événements privés en semaine, comme des séminaires et des défilés de mode.