Voilà, la saison 2 du Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir s’est achevée ce 3 octobre sur Prime, avec la sensation — inédite pour qui suit la série — d’avoir passé huit semaines dans un tourbillon d’intrigues en Terre du Milieu. La saison 1 laisse d’autant plus un goût amer quand on comprend qu’elle n’a servi, pour caricaturer, que de prologue. Un prologue long, avec plus de neuf heures de visionnage, et coûteux, puisqu’il a fallu débourser 250 millions de dollars pour acquérir les droits de la saga de Tolkien et la production des huit épisodes a coûté 450 millions supplémentaires.
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Pourtant, pour celles et ceux qui ont persisté, cette saison 2 valait vraiment l’attente. Un avertissement cependant, on ne parlera ici que de ce qui fait ou non une bonne série — son écriture, son rythme, sa réalisation, l’évolution de ses personnages, l’émotion ou l’absence d’émotion qu’elle inspire, etc. Tous les critères racistes et misogynes avancés par la part la plus toxique de son fandom, qui valu à la série un review bombing comme on en voit hélas de plus en plus, n’ont rien à faire dans la grille de lecture critique d’une œuvre.
Oui, la saison 1 était laborieuse…
© Prime
Puisque nous essayons de convaincre les réfractaires déçu·e·s par la saison 1 de redonner sa chance aux Anneaux de Pouvoir, nous ne spoilerons pas cette saison 2. Déjà, elle partait avec un sérieux avantage : la première avait déjà douché presque toutes nos attentes de voir un jour l’œuvre de Tolkien honorée par une série digne de ce nom. Non pas qu’elle fût ratée sur toute la ligne — on a par ailleurs adoré retrouver un peu de l’univers visuel de la trilogie de Peter Jackson — mais elle nous a tellement baladé·e·s… au sens propre comme au figuré.
On sait que de s’attaquer au lore du Seigneur des Anneaux n’est pas une mince affaire, c’est une histoire qui s’étend sur des millénaires, avec des contrées lointaines, des langages et des noms qui ne nous sont pas familiers et des peuples très différents. Cette saison 1 avait la lourde tâche d’étaler sur son script de huit épisodes un univers ultra vaste, avec un vrai bourbier d’intrigues à lancer.
Mais c’est aussi un choix conscient des showrunners J. D. Payne et Patrick McKay de faire se rencontrer certaines de ces intrigues, qui se déroulent parfois à des siècles différents dans l’œuvre de Tolkien, pour les faire converger en un seul et même point dans le temps sériel. C’est pure folie, nous direz-vous ? Pas si on veut mettre le paquet sur l’action, jusqu’à ne plus savoir où donner de la tête. Malheureusement, la saison 1 a uniquement servi de patron, avec de jolies lignes en pointillé, au dessin plus net et plus riche que fut la saison 2.
La saison 2 de la rédemption ?
© Prime
Donc, d’une saison 1 qui tissait (trop) lentement sa toile, nous voilà, avec la révélation dans le final de la véritable identité de Halbrand, dans une saison 2 qui doit raccrocher tous les bouts, répondre aux questions restées en suspens, faire avancer la psychologie de ses (trop nombreux) personnages, raviver la flamme chez les fans avec des protagonistes ou créatures iconiques, et, au bout de huit épisodes, semer les graines de la saison 3.
Cette saison 2 des Anneaux de Pouvoir a tenu la plupart de ces promesses. Elrond, Galadriel, Durin, L’Étranger, Celebrimbor, Adar et même le Haut roi Gil-galad ont tous et toutes eu droit à de solides arcs narratifs. On les voit changer sous nos yeux, trouver leur raison d’avancer, renoncer à certains idéaux, s’affirmer sur le champ de bataille ou opérer une remise en question. Si la série manque encore un peu de cœur, on s’attache au moins un peu plus à ces personnages, en les comprenant davantage.
Comme on le disait, la saison 2 était bien remplie ! Chaque épisode nous laisse peu de temps pour souffler, là où la saison 1 nous laissait beaucoup trop sur notre faim. L’écueil habituel dans les séries aux nombreux protagonistes et lieux — coucou Game of Thrones — c’est qu’on est parfois amenés à passer du temps sur des endroits et avec des personnages qui au mieux nous indiffèrent, au pire nous ennuient profondément. On a beau savoir que ce qui se joue à Númenor sera déterminant pour la suite… on souffle fort en attendant.
C’est aussi une malédiction très contemporaine de ces séries qui se revendiquent comme “un film de 8 heures” (une expression que les puristes ont en horreur), là où, par le passé, des saisons de 24 épisodes de 45 minutes maîtrisaient parfaitement le rythme qu’imposait une diffusion télé entrecoupée de pauses publicitaires. L’écriture d’une série (même sans coupures pub) n’est pas la même qu’un film, et encore moins celle d’un film de 8 heures. Comme une brillante partition musicale, c’est une science quasi mathématique, autant qu’un art. Et ça, toute la prétention et les dollars du monde n’y changeront rien.
Les Anneaux de Pouvoir n’a peut-être pas encore trouvé son rythme de croisière et se prend parfois les pieds dans la densité de l’œuvre de Tolkien à trop vouloir restituer son aspect grandiose, mais la saison 2 a toutefois corrigé les défauts les plus rédhibitoires de la précédente, et on l’en remercie. La magie renaît en Terre du Milieu, et avec elle, l’espoir d’une saison 3 encore plus spectaculaire commence à poindre dans nos cœurs de sériephiles.