De 2012 à 2014, cette statue de huit mètres de haut représentant Marilyn Monroe ornait le parvis du Palm Springs Art Museum. Après sept ans d’absence (et non de “réflexion”, comme le film de 1955 ayant inspiré la sculpture) et des détours dans le New Jersey, le Connecticut et l’Australie, Forever Marilyn signe un retour prolongé en Californie.
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Cependant, la position de l’actrice choisie par le sculpteur Seward Johnson (décédé en 2020) fait couler de l’encre. Imaginée d’après une scène culte du film Sept ans de réflexion de Billy Wilder, où le personnage de Marilyn Monroe se place au-dessus d’une bouche d’aération lui soulevant sa robe, la statue laisse apparaître sa culotte.
“Forever Marilyn”, prise en photo à Chicago le 25 juillet 2011. (© Raymond Boyd/Michael Ochs Archives/Getty Images)
Ce déploiement de chair est regretté par un groupe de personnes “passionnées” du musée d’art de Palm Springs, qui voient dans cette œuvre une représentation sexiste d’une femme qui s’est battue contre le harcèlement sexuel et le machisme de Hollywood :
“Marilyn Monroe est une icône adorée par des millions de personnes à travers le monde. Sa vie fut courte et difficile. Victime de viol à l’âge de 11 ans, Norma Jean Baker [son vrai nom, ndlr] a subi des abus sexuels toute sa vie. En commençant sa carrière dans l’industrie cinématographique, elle a été obligée de changer de nom et d’apparence afin de devenir une star.
Dans les années 1950, elle s’est exprimée très courageusement sur le sujet des abus qu’elle avait subis de la part des directeurs de studios et de ceux qu’elle appelait des ‘loups’. Elle en a averti les nouvelles actrices, leur conseillant de se méfier d’eux.
Placer une statue hyper-sexualisée et misogyne de Marilyn à l’entrée de l’élégant Palm Springs Art Museum indique à la communauté, au public […] et aux touristes que c’est cela qui représente ‘la vraie Marilyn‘, une Marilyn qu’elle aurait été fière de célébrer. Mais ce n’est pas le cas. En fait, c’est tout le contraire. Elle voulait être prise au sérieux en tant qu’artiste, et pas seulement comme une icône sexuelle.”
“Forever Marilyn”, prise en photo le 22 mai 2013 à Palm Springs. (© Gina Ferazzi/Los Angeles Times)
La pétition intitulée #MeTooMarilyn a pour l’instant récolté un peu plus de 41 000 signatures (sur un objectif de 50 000). Ces dizaines de milliers de noms ne semblent pas impressionner les défenseur·se·s de la statue, qui voient simplement en elle une belle attraction touristique.
Pour Aftab Dada, directeur du Palm Springs Hilton, à l’origine du comité de retour de Forever Marilyn dans le désert californien, l’œuvre ne représente qu’un joli coup de projecteur sur la région : “Les photos prises [de la statue] et retransmises à travers le monde ne feront que bénéficier à la ville de Palm Springs.”
Il semble que Forever Marilyn porte bien son nom et que la statue demeure à Palm Springs. Malgré tout, la polémique permet de remettre en perspective la carrière et la vie d’une actrice qui n’aura eu de cesse, de son vivant et après sa mort, d’être filmée, photographiée, représentée et commentée par des hommes.