Il est mort en 2015, à l’âge de 32 ans seulement, mais il a durablement marqué l’art pictural contemporain. Neuf ans après la disparition de Noah Davis, le musée d’art de Potsdam Das Minsk, en Allemagne, organise “la plus grande rétrospective institutionnelle à ce jour” qui lui soit consacrée. La pluridisciplinarité de l’artiste et ses “contributions à l’art contemporain” y sont présentées au travers d’une myriade de sculptures, dessins, installations et peintures – dont cinquante n’ont jamais été montrées au public auparavant.
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Dans la veine d’artistes figuratif·ve·s comme Kerry James Marshall, Amy Sherald ou Arcmanoro Niles, Noah Davis a toujours affirmé la nécessité et la “responsabilité de représenter les personnes qui [l’entouraient]“, des personnes noires dans des scènes de la vie quotidienne, sans voyeurisme, ni pathos. Pour ce faire, l’artiste glanait des images d’anonymes dans “des marchés aux puces, ses archives personnelles, le cinéma et la télévision, la musique, la littérature, l’histoire de l’art et son imagination”, rappelle le Barbican. Il les replaçait ensuite dans ses tableaux aux grands formats qui happent le public et l’hypnotisent.
Noah Davis, Untitled (Girls), 2015. (© Estate de Noah Davis/David Zwirner/The Museum of Modern Art, New York. Don de Marie-Josée et Henry R. Kravis en l’honneur de Jerry Speye)
Bien qu’ancrés dans des scènes du quotidien, les personnages de Noah Davis baignent dans des jeux de couleurs, de textures et d’aplats de couleurs qui les plongent dans des univers oniriques et surréalistes. En oscillant entre scènes concrètes et contours fuyants, le peintre crée des œuvres sous forme de rêves, des endroits où la réalité déborde et émulsionne.
Créer… et aider à la création
Bien décidé à mettre en avant les personnes et les histoires silenciées, Noah Davis a cofondé avec l’artiste Karon Davis, avec qui il partageait sa vie, The Underground Museum de Los Angeles. Actuellement mis sur pause, le projet avait pour ambition de célébrer l’art hors de l’entre-soi des grandes institutions et de “changer la façon dont les gens voient l’art, dont les gens achètent l’art, dont ils font l’art”.
En plus de créer de nouvelles représentations, l’artiste militait pour que chacun·e puisse créer les représentations qui lui manquent. “Je rêve d’un héritage artistique qui ne fait pas que transcender l’expérience noire mais qui crée des convergences et impacte toutes les cultures”, affirmait Noah Davis de son vivant. Neuf ans après sa mort et à l’aube d’une rétrospective qui voyagera, après l’Allemagne, au Barbican de Londres et au Hammer Museum de Los Angeles, sa prophétie continue de se réaliser.
Noah Davis, Isis, 2009. (© Estate de Noah Davis/David Zwirner/Mellon Foundation Art Collection)
Noah Davis, Mary Jane, 2008. (© Estate de Noah Davis/David Zwirner)
Noah Davis, Painting for My Dad, 2011. (© Estate de Noah Davis/David Zwirner/ Rubell Museum)
Noah Davis, 40 Acres and a Unicorn, 2007. (© Estate de Noah Davis/ David Zwirner)
Noah Davis, Single Mother with Father Out of the Picture, 2007–2008. (© Estate de Noah Davis/David Zwirner)
Noah Davis, The Missing Link 4, 2013. (© Estate de Noah Davis/David Zwirner)
Noah Davis, 2009.
La rétrospective “Noah Davis” est exposée au Das Minsk Kunsthaus de Potsdam jusqu’au 5 janvier 2025.