Pourquoi la série Echo, déjà perçue comme la future plus éclatée du MCU, pourrait en réalité bousculer la recette Marvel

Pourquoi la série Echo, déjà perçue comme la future plus éclatée du MCU, pourrait en réalité bousculer la recette Marvel

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© Disney+

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Par Adrien Delage

Publié le

Une série qui devrait être plus mature, engagée et déconnectée de la timeline globale du MCU.

Après avoir régné en maître sur le box-office US et international, le Marvel Cinematic Universe traverse sa première crise : baisse des recettes en salle (Ant-Man et la Guêpe: Quantumania), mise en lumière de problèmes de production internes (utilisation de l’IA sur Secret Invasion, syndicalisation des métiers de la postproduction), affaire Jonathan Majors qui devait incarner la nouvelle menace globale des Avengers…

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Kevin Feige, ses équipes et Disney font face à une volée de bois vert de la part des fans, suite à une lassitude des super-héros et le manque de renouvellement de cet univers étendu, qui part de tous les côtés depuis le lancement de la phase IV post-Endgame.

Pourtant, c’est bien sur le petit écran que le MCU pourrait trouver un peu d’air voire bouleverser sa formule vue et revue. On a déjà observé un soupçon d’originalité et de prise de risques dans WandaVision ou la très appréciée Loki, mais Marvel pourrait se réinventer avec une série paria que personne ne voulait vraiment voir venir : Echo.

Le spin-off consacré à Maya Lopez, incarnée par Alaqua Cox et introduite dans Hawkeye, est déjà perçue comme un échec critique et commercial par de nombreux fans avant même sa sortie. D’un côté, le show a été repoussé à 2024 et ses épisodes sortiront tous d’un coup, pour la première fois dans l’histoire des séries Marvel Studios.

Avec ce lancement extraordinaire sur Disney+, on avait le sentiment que Kevin Feige voulait vite se débarrasser de ce spin-off pour passer à autre chose et notamment une année 2024 chargée côté MCU : l’arrivée de Deadpool, le retour de Captain America et les introductions potentielles de Daredevil et Ironheart.

Mais en réalité, Echo pourrait complètement trouver sa place dans la saga du Multivers et on vous donne trois raisons d’y prêter attention, trois points grâce auxquels elle pourrait changer la donne.

La première production (vraiment) violente et mature du MCU

Avec le rachat de Marvel par Disney en 2012, on se doutait que le MCU allait pencher vers une tonalité family friendly. Des films et séries pour toutes et tous, histoire d’amasser un maximum d’entrées en salle. Mais les phases V et VI devraient bousculer ce schéma, comme l’a promis Kevin Feige : déjà, Deadpool 3, gardera sa classification “Rated R” de l’époque 20th Century Fox et ne se transformera pas en princesse Disney aseptisée, puis plus tard avec Blade, le vampire campé par Mahershala Ali évoluant dans un monde plus sombre et adulte que ses acolytes Avengers.

Mais avant ces deux films, Echo va leur mâcher le travail puisqu’elle sera officiellement la première production vraiment violente voire sanglante du MCU. La série a été classifiée comme “TV-MA” aux États-Unis (contrairement au “PG-13” habituel), c’est-à-dire interdite aux moins de 17 ans (l’âge de la majorité aux US). La bande-annonce ne ment pas : ça va cogner fort et saigner un max. Au niveau des inspirations, les premiers retours critiques évoquent d’ailleurs un mix entre John Wick, Breaking Bad et… Daredevil de Netflix, évidemment.

Officiellement, la série portée par Charlie Cox ne fait pas partie du MCU, car elle avait été produite à l’époque par Marvel Television et non Marvel Studios. Toutefois, les productions Netflix ont été rapatriées sur Disney+ depuis et Kevin Feige a bien compris le succès de certaines auprès des fans, dont Daredevil.

C’est pourquoi Charlie Cox et Vincent D’Onofrio sont de retour dans les peaux respectives de Matt Murdock et Wilson Fisk, ou encore que l’ambiance grisâtre et sombre d’Echo ressemble étrangement à celle du Diable de Hell’s Kitchen. Marvel veut clairement capitaliser sur le succès de ses séries plus adultes, qui ont marqué les beaux jours de Netflix à l’époque.

Une histoire détachée du MCU

© Marvel Studios

Deuxième info importante concernant Echo : la série va lancer le nouveau label de Marvel Studios, appelée Marvel Spotlight. C’est une référence à la collection de comics née dans les seventies, recueils de récits d’anthologie qui servaient de tests auprès des lecteurs pour introduire de nouveaux super-héros. C’est notamment dans ces pages qu’est né Ghost Rider. Leur particularité, c’était d’être complètement extérieur aux gros arcs de Marvel.

Vous l’aurez compris, Kevin Feige veut structurer différemment l’avenir du MCU avec une poignée de projets dits standalone, qui ne seront pas reliés, en tout cas pas directement, à la chronologie globale centrée autour des réunions des Avengers. Echo sera la première d’entre eux, et n’aura donc peu voire aucun impact sur la conquête de Kang, l’arrivée des mutants ou encore des Quatre Fantastiques.

On attend de voir ce que ça donne dans les faits, mais la série pourra logiquement se suivre uniquement pour ce qu’elle est, et non plus comme une sorte de bande-annonce des futurs films et séries Marvel Studios. On se permet d’en douter légèrement, sachant que pour mieux comprendre Maya Lopez et les clins d’œil de la série, il faut tout de même avoir vu Hawkeye et les trois saisons de Daredevil

Ça nous concerne moins, mais les productions Marvel Spotlight pourront également être diffusées ailleurs que sur Disney+. C’est pourquoi, aux États-Unis, la série Echo verra aussi le jour sur Hulu. Certes, la plateforme de la chaîne FX appartient aussi à la firme de Mickey, mais ça a au moins le mérite de multiplier les canaux de diffusion pour nous, voisins d’outre-Atlantique.

Une série plus engagée et street level

© Disney+

Enfin, un point directement en lien avec Marvel Spotlight, Echo relancera une formule aussi empruntée aux séries Netflix, celle d’histoires plus street level, plus terre à terre. Dans leur bouche, on imagine que ça veut dire qu’il n’y aura pas d’allusions au Multivers, aux événements spatiaux et globaux de la chronologie originale et surtout l’écriture d’intrigues plus réalistes et humaines. Ça passera évidemment par la tonalité plus adulte d’Echo, mais aussi à travers les sujets exploités en sous-texte dans la série.

La réalisatrice Sydney Freeland a insisté sur ce point pendant une projection publique des deux premiers épisodes (on y revient juste après, car c’est loin d’être anecdotique) : “Dans notre série, les gens saignent, se font tuer et meurent. Il y a de vraies conséquences sur le monde réel”. Elle précise qu’Echo suit plutôt des anti-héros voire des vilains en guise de protagonistes. Les équipes de la série défendent aussi une production plus engagée que le MCU traditionnel, notamment sur le terrain de la représentation.

En effet, dans la série, Maya Lopez est une héroïne d’origine native-américaine et malentendante, qui s’exprime avec la langue des signes (ASL aux États-Unis). La réalisatrice Sydney Freeland n’a pas été choisie au hasard : elle a grandi dans une réserve Navajo du Nouveau-Mexique et connaît donc bien les us et coutumes de son peuple. La fameuse projection en public dont on vous parlait s’est déroulée en Oklahoma, en présence des Chactas, une tribu amérindienne.

Par ailleurs, plusieurs membres des Chactas venaient sur le plateau de tournage d’Echo en tant que conseillers, tandis que la production a fait appel à l’association IllumiNative, qui œuvre pour la représentation des peuples amérindiens au cinéma et sur le petit écran. Plusieurs membres de l’équipe, dont Charlie Cox, ont aussi appris les bases de l’American Sign Language afin de communiquer entre eux.

Véritable évolution de Marvel ou race washing opportuniste ? On pourra trancher le 10 janvier prochain sur Disney+, mais on a bon espoir qu’Echo puisse enfin relancer la machine rouillée du MCU.