Après une année difficile pour le Marvel Cinematic Universe, The Marvels vient clore 2023 sur une note encore plus décevante pour Disney et Kevin Feige. Le film réalise le pire démarrage du MCU aux États-Unis, avec des scores d’ouverture encore plus bas que ceux de L’Incroyable Hulk et Ant-Man.
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Une descente aux enfers qui s’explique par plusieurs points, telle qu’une forme de lassitude des spectateurs pour les super-héros de façon générale (ou de cet acabit en tout cas), une perte d’enjeux et de visibilité sur l’avenir du MCU concernant la trame post-Endgame via la multiplication des œuvres et notamment des séries, ou encore le contexte de grèves à Hollywood qui a perturbé la promotion du film en amont.
Malgré tout, The Marvels continue de bâtir la trame des prochains films Avengers, marqués par la réunion des nouveaux super-héros. Si les aventures de Carol, Monica et Kamala s’inscrivent principalement dans la continuité de leurs péripéties respectives (Captain Marvel, WandaVision et Miss Marvel), elles ouvrent également une porte très importante pour l’avenir du MCU. On vous parle évidemment de la fameuse scène post-générique du film, un gimmick dans l’univers de Kevin Feige.
Attention, ça va spoiler, mais on n’est pas ultra-convaincus par cette introduction de personnages majeurs de la Maison des Idées.
House of M
À la fin de The Marvels, Monica utilise ses pouvoirs pour reboucher un trou dans l’espace-temps créé par Dar-Benn. De l’autre côté, il n’y a pas une autre partie de l’espace connu par nos héroïnes mais bien une réalité alternative, une autre dimension si vous préférez. Monica se réveille dans une sorte de laboratoire où elle aperçoit sa mère, Maria. Or, dans notre univers, Maria est morte d’un cancer après la disparition de sa fille liée au Snap de Thanos. Pour rappel, Monica réapparaît dans l’épisode 4 de WandaVision suite au casse temporel des Avengers dans Endgame.
Rapidement, il y a un malaise entre les deux personnages. Monica est bouleversée de revoir sa mère, alors que Maria ne comprend pas sa réaction puisqu’il existe sûrement (ou pas encore) une autre Monica dans sa dimension. Vous suivez toujours ? Monica vient d’atterrir sur une Terre qui n’est pas celle du MCU que nous connaissons (la Terre-616 pour information, celle des comics) mais celle d’une dimension parallèle où… les mutants existent.
©️ 20th Century Fox
Ainsi, on aperçoit Hank McCoy alias le Fauve, personnage emblématique de la licence X-Men. Il est d’ailleurs joué par Kelsey Grammer, le même acteur que X-Men : L’affrontement final sorti en 2006 et qui venait clore la célèbre trilogie de Bryan Singer. On entend également le thème de l’époque (du 2e film de la trilogie en l’occurrence), alors que le Fauve cite Charles Xavier et qu’on peut voir un énorme “X” sur une porte du laboratoire.
Bref, les X-Men arrivent dans le MCU mais on y était préparés depuis la présence de Patrick Stewart dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness, la mention du mot mutant dans Miss Marvel et l’arrivée de Hugh Jackman, aka Wolverine, dans Deadpool 3.
Une tentative vaine ?
©️ Marvel Studios
Mais cette introduction expéditive des X-Men nous laisse un peu de marbre. Encore une fois, le MCU ouvre une nouvelle porte qui va être compliquée à traiter dans la direction de The Kang Dynasty et Secret Wars, les prochains crossovers de la franchise, alors que c’est déjà le bordel pour relier toutes les intrigues des films et séries entre elles. Serait-ce l’envers sombre du décor du fameux “It’s all connected” rêvé par Ike Perlmutter, l’ancien patron de Marvel Entertainment et rival de Kevin Feige ?
Par ailleurs, comme avec Spider-Man: No Way Home, le MCU tente de miser sur la nostalgie pour réveiller sa fanbase : faire appel à des personnages et acteurs en provenance de productions Marvel culte mais qui n’appartenaient pas encore à Marvel Studios et donc à Disney (comme les Spider-Man de Sony, ou les X-Men de la Fox au début des années 2000). C’est un peu facile, et ça nous inquiète aussi sur un autre point : les dimensions parallèles sont un excellent moyen d’invoquer des deus ex machina ou de ramener à la vie certains héros tombés au combat.
Récemment, des discussions internes chez Disney auraient évoqué le retour des Avengers originels pour recréer la hype autour du MCU, comme Tony Stark, Natasha Romanoff et Steve Rogers (et leurs interprètes, évidemment). C’est une porte ouverte vers toutes les folies, et on ne serait pas surpris que Les Quatre Fantastiques de Matt Shakman proviennent également de cette dimension parallèle, voire deviennent carrément des mutants au sein du MCU.
D’autant plus qu’il y a un autre pépin rattaché à cette apparition du Fauve : se trouve devant nous l’acteur original, mais avec une apparence totalement différente. Comprendre en CGI, et non en maquillage/effets pratiques. C’est un moyen, on le sait, pour Disney, de pouvoir bouger encore et encore le physique du futur personnage central à tout ça, mais il y a une contradiction ; quitte à rappeler l’acteur original, pourquoi changer son look ?
Et puis, pourquoi citer Xavier et ne pas le montrer ? Disney veut-il se laisser la liberté de recaster le grand Patrick Stewart, alors qu’il apparaissait dans le dernier Doctor Strange ? Et pourquoi Maria est soudainement une mutante ? C’est un peu facile, on est d’accord. Surtout pour lui donner le rôle de Binary (le Fauve l’appelle par son nom), qui est une mutante, un peu l’équivalent mutant de Captain Marvel — ça fait beaucoup de coïncidences là…
En résumé, si la phase VI du MCU doit à la fois conclure l’arc de Kang, poursuivre celle du Multivers, intégrer les premières productions Rated R comme Blade et Deadpool 3, trouver un moyen de réunir les Young Avengers ET introduire les mutants, ça nous paraît difficilement faisable sans perdre encore une bonne partie des fans en chemin. Les X-Men devaient être le point d’orgue de l’avenir du MCU, le voilà réduit à un gimmick nostalgique sans queue ni tête.
Et si le Snap de Thanos avait aussi eu un impact dans les coulisses de Marvel Studios ?