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Depuis quelques jours, une vidéo postée sur YouTube attire les regards et les réactions de la Toile et en particulier des cinéphiles. Sur sa chaîne, le youtubeur Curious Refuge a partagé une fausse bande-annonce, fan-made comme on dit, de Star Wars.
Jusqu’ici, rien de particulier mais si vous êtes fans de la saga créée par George Lucas, les images risquent bien de vous surprendre puisqu’elles n’ont plus grand-chose à voir avec le space opera que l’on connaît. En réalité, le trailer réinvente Star Wars dans le style artistique si singulier du cinéma de Wes Anderson, et a été entièrement imaginé par une intelligence artificielle.
Selon plusieurs médias spécialisés, cette bande-annonce truquée a été conçue par l’IA Midjourney, un générateur d’images à partir de textes descriptifs dans un fonctionnement proche de celui de DALL-E et OpenAI. En gros, et pour imager, Curious Refuge a tapé plusieurs phrases dans le style “Star Wars à la sauce Wes Anderson” pour obtenir ce résultat troublant. Les images créées par l’IA réinventent ici le film Un nouvel espoir, avec la patte cinématographique du réalisateur de The Grand Budapest Hotel : des couleurs pastel, des plans symétriques et un sens de l’humour absurde et excentrique.
Pour l’occasion, les personnages emblématiques de la franchise sont incarnés par d’autres acteurs et actrices, certains et certaines étant des collaborateurs et collaboratrices de longue date de Wes Anderson : Owen Wilson enfile le casque de Dark Vador, Bill Murray devient Obi-Wan Kenobi, Timothée Chalamet porte le sabre laser de Luke Skywalker et Scarlett Johansson arbore les macarons iconiques de la princesse Leia.
Le titre de la guerre des étoiles change aussi pour The Galactic Menagerie, possiblement en référence aux différents films du cinéaste américain s’ils se déroulaient dans un univers partagé (on pense à La Vie aquatique et L’Île aux chiens).
Un sacré bordel arty, plausible, impressionnant, mais qui fâche aussi beaucoup de monde sur les réseaux.
L’IA, le nouveau seigneur Sith du cinéma ?
Si l’IA est appelée à devenir plus qu’un film culte de Steven Spielberg dans le monde du cinéma, la situation entraîne certaines inquiétudes et frustrations du côté des artistes et du public. Récemment, Joe Russo, le coréalisateur d’Avengers: Endgame, prédisait dans une interview avec Collider l’arrivée inéluctable des intelligences artificielles au sein du développement des œuvres du septième art dès 2025.
Mais cette réalité en devenir pose déjà des questions éthiques et de droits d’auteur, à une époque où plusieurs artistes (principalement des illustrateurs caricaturistes pour le moment) ont déjà porté plainte contre des générateurs d’images, et notamment Midjourney, pour… violation du droit d’auteur.
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Wes Anderson, qui sera à Cannes cette année pour présenter en sélection officielle son nouveau film Asteroid City, n’a pas encore réagi aux prouesses clivantes de cette “ménagerie galactique”. En revanche, sur la Toile, si certains s’extasient devant la vidéo, d’autres internautes se font entendre pour mettre en exergue les limites de l’intelligence artificielle dans la conception de longs-métrages, avançant plusieurs arguments dont le manque évident d’émotions humaines, l’atteinte aux droits d’auteur ou ce fameux effet d’uncanny valley sur les acteurs et actrices qui rend le tout finalement assez laid.
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“Une intelligence artificielle ne pourra jamais saisir la sincérité des émotions, l’expression et l’humanité dépeintes à l’écran par Wes Anderson. Tout ce dont l’IA est capable, c’est de se moquer de la façon dont une image est structurée. Elle n’a aucune compréhension de la mise en scène et elle ne ressent rien.”
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Le timing n’est pas idéal au vu du contexte social aux États-Unis. Les scénaristes américains et leurs syndicats viennent d’entrer en grève ce mardi 2 mai, ce qui va avoir un impact direct sur la production des films et séries de l’Oncle Sam. Et si les salles d’écriture seront vides le temps que les grévistes fassent entendre leurs revendications, on espère que certains studios malintentionnés n’essaieront pas de les remplacer par ChatGPT ou toute autre intelligence artificielle capable d’écrire un scénario dans les grandes lignes.
Après avoir passé plus d’une décennie à critiquer le recyclage industriel de Hollywood en matière de reboots et autres remakes, les cinéphiles ont une nouvelle Némésis qui pourrait bien finir par tous nous enfermer dans un mauvais film de Wes Anderson imaginé par un cerveau virtuel.