Pourquoi il faut monter dans le train (mélancolique) d’AURORA et vite

Pourquoi il faut monter dans le train (mélancolique) d’AURORA et vite

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Screenshot @YouTubeAurora

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Par Mélissa Chevreuil

Publié le

On l’a vue en festival et depuis c’est une évidence : on a des sentiments.

Un chapiteau, des chorégraphies comme venues d’un autre monde et surtout, ce rire, qui provoque intensément un gonflement bienvenu dans ma poitrine et le sourire des voisins. C’est un petit rire de farfadet malicieux, mutin, qui n’est pas sans faire penser à celui d’Ariana Grande. Sauf que non, ce 8 août 2024, soir où la torpeur est particulièrement présente et compliquée, ce n’est pas “Ari” que je suis venue voir. Non, au cours du Sziget, festival particulièrement réputé qui a lieu chaque année sur l’île de la liberté à Budapest, c’est AURORA que je suis venue écouter. À l’évocation de ce nom-là, deux possibilités. Soit vous n’avez pas la moindre idée de qui je parle (et je ne saurais vous en vouloir), soit vous avez d’emblée le cœur plus léger car vous savez pertinemment qui est le parangon de douce mélancolie que représente Aurora. Si vous êtes du premier camp, et donc déjà bien largué, pas de panique, je vous explique ce que vous avez loupé – et pourquoi il n’est pas trop tard pour prendre le train en marche.

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Plutôt que de vous taper une fiche Wikipédia, sachez au moins qu’AURORA est une artiste norvégienne de 28 ans et qu’elle est Gémeaux, donc c’est forcément quelqu’un de bien. Son style tout comme sa voix sont très particuliers : quelque part entre la poésie d’une Kate Bush ou d’une Lana Del Rey, avec des horizons d’espoir ici et là. Il est difficile de la classer dans une seule catégorie, mais disons que s’il fallait le faire, elle serait à la croisée des chemins entre la pop, l’électro, la dream pop et la folk. Elle a commencé a émergé au début des années 2010. Déjà forte de quatre opus, elle dégaine en juin dernier un cinquième qui est un petit bijou oscillant entre lumière et ténèbres : What Happened to the Heart?. L’autrice de ces lignes le saignait déjà comme il se le devait, mais c’est vraiment en entendant AURORA en live qu’a lieu comme une épiphanie.

Née pour aimer (mais juste AURORA)

Retour au festival, où la magie se passe. C’est ma première fois au Sziget, voire ma première fois en Hongrie, et moi qui déteste profondément les festivals (mais ça, c’est une autre histoire qu’il me tarde de vous partager) je découvre un univers qui me surprend dans le sens le plus agréable du terme. Ici, pas de mecs chelous qui profitent de l’euphorie du moment pour harceler sous couvert de dragues bien lourdes, pinte à la main et venus pour voir un seul artiste quitte à critiquer ouvertement les autres. Preuve en est, côté line-up, le nom de Kylie Minogue côtoie celui de… Zola. Le mood est bon enfant, ouvert d’esprit, on me complimente de partout sur ma tenue pourtant so random et j’enchaîne autant les scènes musicales que les stands de snacks (mention spéciale au gyros, ma petite vie). Bref, il est bientôt 23 heures, et je me dirige vers le chapiteau, sorte de cirque, endroit plutôt bien trouvé au regard de l’excentricité de l’artiste. AURORA arrive. Je me place dans un endroit légèrement en hauteur et pas au cœur de la foule, en espérant avoir moins chaud. C’est évidemment en vain, mais ce n’est pas faute d’essayer, et ça n’empêchera pas le moment d’être une partie de plaisir.

AURORA arrive, je suis pile en face d’elle, je me prends les quelques jeux de lumière, mais de mon œil qu’il me reste, je peux admirer de l’art dans toute sa pureté. “Some Type Of Skin” retentit, c’est ultra-folk et c’est juste adorable de voir des mecs totalement dupers, persuadés d’être venus ici pour assister au set d’une DJ nordique, s’adonner à des danses plus aléatoires en guise de “ah ben, on ne venait pas pour ça mais c’est drôlement bien tout de même”. À “A Soul with No King” je m’imagine vivre la fin d’un épisode d’une fiction de type thriller sur Netflix, avec toujours ces cordes très rurales et dingues qui me feraient presque oublier la petite peste Parisienne que je suis. Enfin, l’acmé du show arrive à “sa seule chanson romantique” de son propre aveu (je soupçonne AURORA de nier son romantisme, mais qu’importe) et aussi peut-être l’une des plus connues : “Exist For Love”.

Mentalement, je suis loin, très loin. Mon inconscient se tape ses meilleurs edits et je me rends compte que moi aussi, j’existe pour aimer : aimer AURORA.

AURORA sera au Zénith de Paris le 5 mai 2025.