Dans le monde du rap, l’écriture a longtemps été considérée comme un art sacré. Des rimes sur des notes iPhone, de vraies barz bossées à l’entraînement. C’est comme ça que beaucoup imaginent le processus créatif derrière les plus grands morceaux. Pourtant, certains rappeurs brisent ce mythe. Ces artistes, qui n’écrivent jamais leurs textes, défendent une approche différente de la création musicale. Pour eux, tout se joue dans l’instant, avec des paroles qui naissent directement en cabine, guidées par une énergie indescriptible. Une méthode qui fascine autant qu’elle divise.
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Est-ce une marque de talent pur ou un manque de rigueur ? Ces rappeurs, à l’instar de Young Thug, Tuerie ou Kalash Criminel, prouvent en tout cas qu’il n’existe pas une seule façon de faire du rap.
Le premier des premiers
Young Thug, l’une des figures les plus emblématiques du rap US, a toujours eu une approche spéciale dans sa manière de faire du son. Son style, souvent comparé à une toile abstraite, repose sur une technique bien à lui. Spoiler : il n’écrit pas. Pas une fois. “Je n’ai jamais écrit de paroles. Jamais”, a-t-il confié au magazine i-D.
Pour Thugger, tout se passe dans l’instant. Il freestyle, laissant son instinct devenir créateur. “Je ne suis pas assez patient pour écrire”, admet-il. “Ça prend trop de temps dans ma journée.” Ce choix, radical pour beaucoup, est au cœur de son style si reconnaissable, une fusion brute d’énergie et de spontanéité.
Paradoxalement, la prison est l’un des seuls endroits où il se permet de ralentir. “Quand j’étais incarcéré, c’était le seul moment où j’avais le temps d’écrire”, a-t-il partagé. Même là, l’écriture reste une exception, presque un dernier recours face à l’ennui.
Et en France ?
Pour RedBull, Kalash Criminel disait à propos de son projet commun avec Kaaris : “Je suis quelqu’un d’instinctif. J’écris dans ma tête, donc ce que je pense, je le pose direct. […] Je pense que la bonne ambiance en studio fait que j’ai posé différemment, que ça paraît moins engagé. Y en a un peu moins que sur ‘Sélection naturelle’ mais y en a toujours. C’est un peu ma marque de fabrique.”
Tuerie, le rappeur signé chez Foufoune Palace, disait lui aussi au micro de RedBull, interrogé par Kronomusik, qu’il n’écrivait plus ses textes dans ses notes. Ça a commencé par le morceau lourd de sens “Tiroir Bleu” qui a été charnière dans sa carrière, ironiquement salué pour son écriture.
Comme quoi, ne pas écrire, c’est peut-être bien plus libérateur pour les artistes, ne pas être enfermé dans un schéma peut-être un peu trop classique de chanteurs, rappeurs qui écrivent leurs textes sans s’en détacher. Ne pas écrire ses textes, c’est choisir l’instinct, la spontanéité et une émotion brute. Une méthode qui bouscule les codes surtout en France, comme quoi on peut bien écrire sans le faire. Car au final, vous ne serez jamais jugé sur le processus créatif mais sur le produit fini.