Sur la promenade des Anglais, les plages de galets ou les petites rues niçoises, sont installés depuis le début de l’été des pièges géants. D’appétissants cônes de glace jouent le rôle d’appâts, afin d’attirer des proies qui prolifèrent sur la côte. Ces Tourist Traps ont été imaginés par l’artiste Toolate afin de “lutter contre le tourisme de masse” et de “réduire le nombre de touristes sur la Côte d’Azur”, nous explique-t-il.
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Il raconte avoir “placé des tapettes à souris géantes dans les zones les plus fréquentées par ces nuisibles”, dans l’espoir de “pouvoir faire disparaître un maximum de touristes d’ici la fin de l’été”. “Assez régulièrement”, l’artiste déplace les œuvres “pour éviter que la ville ne les enlève” : “L’installation est itinérante, sauvage et éphémère.” Si la forme des œuvres et l’analogie avec les nuisibles prêtent à sourire, l’installation a un fond bien sérieux et militant.
© Toolate
Toolate souhaite, grâce à ses pièges à souris géants, “sensibiliser les passant·e·s et interpeller les autorités” : “Le surtourisme sur la côte méditerranéenne est un véritable fléau pour l’environnement, la Méditerranée est la première victime. Sans parler de la pollution, de la surconsommation d’eau, du manque de logements pour les locaux – la liste est longue.”
Grâce à ses œuvres, l’artiste met en lumière un sujet d’actualité : l’extension de l’aéroport de Nice, dont les travaux ont débuté en mars dernier, qui a suscité l’ire et le désarroi d’une partie de la population niçoise. “Ce projet est une véritable bombe climatique. L’objectif est d’attirer toujours plus de passagers : 21,6 millions en 2030 contre 14,5 millions en 2019, correspondant à une hausse de 50 % et plusieurs dizaines de milliers de vols supplémentaires par an. Avec une projection de plus de 28 millions de tonnes équivalent CO2 émis sur 30 ans”, déclare Toolate, qui utilise l’art pour “montrer que l’homme est finalement son pire ennemi” en travaillant sur “les conséquences de l’homme sur environnement ainsi que les injustices”.
© Toolate
Depuis que l’installation est mise en place, l’artiste “constate que l’œuvre divise”. “Certains locaux rigolent en passant, en espérant que des touristes se fassent attraper. Des touristes se prennent en photo avec les tapettes, ce qui est quand même un comble. D’autres pensent que c’est de mauvais goût car le tourisme fait vivre l’économie, ils ne pensent pas aux problèmes liés à l’écologie.” Au bout d’une semaine, les retombées du projet ne ravissent pas totalement son auteur, qui déplore “l’égoïsme” humain.
© Toolate
© Toolate
© Toolate
Vous pouvez retrouver le travail de Toolate sur son compte Instagram.