À seulement 17 ans et avec un premier film, Céleste Brunnquell vient d’être sélectionnée pour le César du Meilleur espoir féminin. Face à elle ? Nina Meurisse, Luana Bajrami, Lyna Khoudri et Mama Sané.
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Les prochains jours seront bien chargés pour cette lycéenne qui passe son bac, s’inscrit à Parcoursup en même temps qu’elle s’essaie aux concours de conservatoires et de la classe libre des Cours Florent. Si elle n’arrive pas à se faire une place dans une de ces institutions, elle vise les facs. D’art ou de philosophie. “De toute façon, hypokhâgne, ce n’est pas envisageable à cause des tournages”, prévient-elle.
Bien décidée à devenir comédienne après avoir décroché un rôle principal dans Les Éblouis et dans la série En Thérapie de Pierre Salvadori (En Liberté !), l’adolescence à frange s’imaginait dessinatrice il y a encore quelques années. Pourtant, elle semblait avoir un parcours tout tracé, en tant qu’actrice. Comme rattrapée par le destin.
Les parents Brunnquell — lui architecte, elle, dans l’évènementiel de la maire de Paris — sont plutôt cinéphiles mais c’est la grande sœur, étudiante à l’INSAS, l’école de cinéma de Bruxelles, pour devenir cheffe opérateur, qui se charge de l’éducation cinématographique de Céleste. Pour le reste, la jeune actrice ne doit rien aux autres.
Plutôt extravertie, la Parisienne raconte qu’elle a commencé le théâtre au collège, grâce à sa professeur de français, très investie :
“En 6e, ma prof de français qui nous emmenait beaucoup au cinéma avait lancé, comme ça se fait parfois, une option théâtre le lundi soir au collège. Quand j’ai commencé à voir du théâtre et à faire du théâtre, c’est là que j’ai commencé à comprendre ce que c’était. Petite, quand je regardais des films, c’était une autre réalité, je ne voyais pas des acteurs.
J’ai décidé de m’inscrire au théâtre car j’aimais déjà beaucoup le cinéma mais ce n’était pas du tout pour devenir comédienne. C’était deux choses très distinctes. Après le collège, comme je n’avais plus ma prof, j’ai commencé à faire des cours payants au théâtre de l’Atelier et c’est là qu’une casteuse m’a repérée.”
Céleste Brunnquell de passage à Konbini (Crédit image : Louis Lepron)
Un soir, une dame discrète assistait au cours. Pensant que c’était une amie de sa prof, Céleste ne comprend pas tout de suite quand son père lui annonce en rentrant qu’elle pourra passer le casting des Éblouis. Lorsqu’elle se rend au casting, elle se retrouve face à Elsa Pharaon, connue dans le milieu pour dénicher de jeunes acteurs, comme Rod Paradot pour La Tête Haute :
“Sarah Suco, la réalisatrice, devait voir beaucoup de filles, donc nous étions placées par groupe de dix et il fallait faire des exercices d’improvisation, comme dans un cours de théâtre finalement. L’une des filles avait reçu la convocation officielle du casting et apparemment, ils cherchaient une gymnaste.
Je me souviens qu’il n’y avait que des filles qui faisaient des trucs incroyables, moi je ne savais rien faire du tout, j’étais un peu perdue [rires]. Le lendemain, Elsa m’a appelée pour me dire que Sarah Suco voulait me voir.”
Une semaine après, la lycéenne alors en seconde enchaîne les castings et enchaîne des essais pendant quatre mois. Lorsqu’elle a appris qu’elle avait le rôle, Céleste était en voyage scolaire à Malte :
“Sarah m’avait appelée plusieurs fois pour me l’annoncer et m’a finalement laissé un long message. À cause de mon forfait, je n’ai pas pu lui répondre et pendant une semaine, elle n’a eu aucune nouvelle et pensait que j’avais pris peur alors que j’étais très contente mais j’étais perdue à Malte.”
Si Les Éblouis, histoire d’une communauté religieuse sectaire est inspirée de la vie de la cinéaste, Céleste Brunnquell n’a jamais véritablement entendu le passé poignant de Sarah. Pour ce drame mettant en tête d’affiche Camille Cottin, la jeune fille a construit le personnage de Camille Lourmel avec ses propres intentions :
“Pour moi c’était une fiction et un personnage totalement inventé. Même si c’est l’histoire de Sarah, c’est une histoire très romancée. Mais avec Sarah on s’est beaucoup vues en amont et on a beaucoup travaillé le personnage de Camille ensemble, c’était une vraie collaboration. En plus les scènes du film sont tournées dans le désordre : le matin j’ai 12 ans, l’après-midi 14. Le fil conducteur est donc percuté et ça m’a aidée à jouer de la fiction.
Je n’ai pas l’impression d’avoir préparé le rôle, comme un rôle de composition. Ce n’était pas de l’Actor Studio, j’ai juste bien appris mon texte. C’est aussi grâce au maquillage et à la coiffure que je pouvais être dans le rôle.”
Grâce à ce rôle mature, celle d’une jeune adolescente qui doit prendre en charge ses petits frères et sœurs, Céleste Brunnquell sera la plus jeune nommée de la cérémonie qui se tiendra ce soir, à la salle Pleyel. Un record dont elle se soucie peu, remettant la tête dans ses livres pour décrocher son bac, “histoire que ce soit fait”.