Plus ou moins obligés de réagir après les accusations de racisme, le hashtag #OscarSoWhite et le boycott de la cérémonie par quelques figures majeures du cinéma comme Will Smith, Spike Lee et Michael Moore, les organisateurs des Oscars ont expliqué cette semaine les quelques changements apportés en janvier au fonctionnement de leur association.
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Officiellement, cette réforme n’est pas liée aux récentes controverses mais l’intention est évidente : il s’agit pour les Oscars de ne pas s’aliéner une partie de la profession et du public, et de conserver sa prestigieuse aura. Ainsi tous les membres de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS) peuvent désormais voter directement pour les jurés qui sélectionneront les films nommés, alors qu’ils devaient auparavant désigner une assemblée chargée d’élire ces jurés.
Le mémo publié cette semaine par l’AMPAS reconnaît que des efforts devaient encore être faits pour satisfaire tout le monde et que certaines des réformes annoncées en janvier étaient bizarrement conçues ou mal expliquées. En particulier, les droits de vote et le statut dans l’Académie sont supposés être mesurés en fonction d’un “taux d’activité” des membres sur les dix dernières années.
L’idée de base ? Rajeunir le groupe d’électeurs, en écartant les professionnels étant à la retraite depuis un moment. Ce qui pose quelques problèmes, de l’aveu des organisateurs : “Dans notre résolution initiale, nous avons essayé mais échoué à mettre au point une définition universelle de l’activité” qui convienne à chacun des 17 corps de métier représentés. Acteurs, producteurs, scénaristes ne sont en effet pas du tout “actifs” de la même manière…
Une volonté de rester à la page
Le souhait de rajeunir l’AMPAS fait grincer les dents de certains de ses membres : ceux qui ont intégré l’Académie tardivement dans leur carrière trouvent injuste l’éventualité de se faire exclure des votants après seulement quelques années de participation. Mais comme l’explique la journaliste Anne Thompson sur Indiewire, cette réforme doit permettre à la remise de prix de rester cohérente avec les réalités du cinéma d’aujourd’hui.
Le manque de diversité ethnique des nommés n’est qu’un exemple du conservatisme de l’Académie : il existe aussi une large préférence des jurés en faveur des films en prises de vues réelles, pour le cinéma à l’ancienne, à l’heure où les vieilles catégories ont perdu beaucoup de leur validité. Quelle différence fondamentale aujourd’hui entre un film d’animation et le récent Livre de la jungle de Jon Favreau ou le prochain Captain America : Civil War, tous deux majoritairement réalisés en images de synthèse ? Pourquoi opérer encore une distinction entre cinéma et télévision, au vu de la qualité actuelle des séries et de la porosité de plus en plus grande entre les deux milieux ?
L’AMPAS n’est pas la seule à ressentir un tel besoin de changement. Du côté des Golden Globes, on se rappelle bien des moqueries concernant la nomination de Seul sur Mars de Ridley Scott dans la catégorie “Comédies et films musicaux”. La Hollywood Foreign Press Association (HFPA), qui organise la cérémonie, a donc également annoncé lundi 18 avril une réforme de son règlement. Les changements seront applicables dès la prochaine cérémonie (la 74e) et le communiqué de presse de la HFPA explique ainsi la chose suivante :
“Les films devront être inscrits dans la catégorie qui correspond le mieux au contenu et à l’atmosphère générale du long métrage. Par exemple, des drames avec un accent humoristique devront être enregistrés comme des drames.”
La référence à Seul sur Mars, film de “survie spatiale” non dénué d’humour, est assez évidente. D’autres modifications ont aussi été annoncées, pour lutter notamment contre d’éventuels conflits d’intérêts, la HFPA étant principalement composée de journalistes.