Que ce soit lors de l’acte I ou II de “Lanachella” (comprenez par là la présence de la chanteuse sur la scène de Coachella, si jamais), un commentaire est revenu comme un métronome autour de moi ou sur les réseaux. “Lana Del Rey est de retour.” En France, mais pas que. Même certains médias outre-Atlantique s’y sont mis, comme le féminin Evie Magazine, assurant que depuis ses deux performances, “tout le monde est obsédé”. Et il y a du vrai, même si l’autrice de ces lignes n’a vraiment pas attendu le festival pour faire de la chanteuse l’une de ses nombreuses lubies.
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Mais on comprend l’engouement, mérité, malgré des concerts avec un ventre mou. Dès lors, on s’attardera surtout sur la première soirée, faisant davantage jaser grâce à l’effet “nouveauté”. Qui s’attendait à ce que Lana Del Rey renoue autant avec ses premières amours, à savoir cette esthétique si américaine et vintage ? À ces moments sur une moto, boucles de Jessica Rabbit au vent, comme figés dans le temps ? À cet hologramme totalement kitsch digne d’une résidence à Las Vegas ? Ou à ce duo fantasmagorique avec Billie Eilish qui semble tout droit sorti d’une fiction Wattpad et queer ?
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Avec tout ce fan-service et bien plus encore, la chanteuse est vraiment la diva iconique qu’elle pense être, à défaut d’être une performeuse qui mouille la chemise – on l’adore hein, mais on sait que ses pauses pour vapoter l’emportent sur tout le reste, en plus de coûter bien reuch à Coachella. La poignée d’élus qui ont eu la chance de la voir en concert en 2023, comme à l’Olympia pour les Frenchies, vous le diront : les derniers shows n’étaient rien comparés à ce moment magnifié et lynchien dans le désert californien. “SHE’S BACK” ou “WE ARE SO BACK” pouvait-on alors lire ici et là.
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“Born to Die”, peut-être, mais sans faire de pause
C’est là qu’on s’interroge. Oui, on retrouve beaucoup de la vibe de ses prémices, du moins du côté de la mise en scène. Mais à quel moment peut-on parler de retour ? Comme dit plus haut, en 2023 encore, elle était déjà en tournée. Sa discographie est généreuse, constituée de neuf opus officiels en moins de quinze années. En 2021, elle se prend pour Jul ou Taylor Swift et balance carrément deux albums : Chemtrails over the Country Club et Blue Banisters. Et comme elle adore enchaîner (ainsi que les noms à rallonge), elle nous propose en mars 2023 le poétique Did you know that there’s a tunnel under Ocean Blvd. Évidemment, ça, ça ne peut parler qu’aux puristes. Mais le grand public n’est pas laissé sur le côté. Côté trends aussi, l’Américaine est omniprésente et on ne compte plus les sons (souvent des leaks) qui rythment TikTok. Que ce soit dans nos vidéos publiées avec fierté ou en sommeil dans nos timides brouillons, on s’est tous comportés un jour comme un main character sur “Cinnamon Girl” et on a tous craché nos poumons sur “Margaret”.
Mais l’exemple le plus frappant est évidemment “Say Yes To Heaven”, track vieille d’une décennie qui n’a jamais cessé de circuler sur les internets avant de péter sur la plateforme de vidéos (500 000 contenus l’utilisent au moment de la confection de ce sublime article). Certes, l’artiste n’est pas la plus prolifique en interviews et moments de promo, on peut donc penser que c’est pour cela que certains la disaient disparue, on leur laisse le bénéfice du doute. Mais ne nous mentons pas, il y a un autre point à souligner qui alimente leur théorie du retour et qui ne concerne rien d’autre que le physique.
Une résurrection contre quelques kilos pour certains
Oui, Lana Del Rey a changé au gré des années. Elle a pris du poids, des rides, ça s’appelle vieillir, c’est naturel (donc peu inquiétant d’un point de vue santé), et à moins d’être une sœur Kardashian ou Jenner, ou d’avoir comme moi trouvé la parfaite routine de skincare coréenne, c’est inévitable. Mais à Coachella, la chanteuse est apparue comme un mirage, avec une silhouette affinée, une aura sirupeuse, un visage taillé et une blondeur comme les Américains en raffolent. Bref, elle correspond à nouveau aux carcans de beauté plus proches de la pensée occidentale. Nos confrères de Teen Vogue, derrière un titre qui peut faire peur au premier abord, l’ont bien compris : “Lana Del Rey a ressuscité, tout comme les spéculations autour de son poids”.
Notre consœur Angie Jaime y évoque la grossophobie exacerbée du public ricain, qui se réjouit de voir la diva avec des kilos en moins. Et on ne parle pas de haters mais bien de fans. De nombreux comptes “stan” évoquent alors la victoire de l’Ozempic, médicament contre le diabète qui a le vent en poupe car détourné, il ferait perdre du poids. Bref, pour elles et eux, il ne s’agit pas tant d’un retour musical que d’un “glow up” purement physique selon des critères désuets (minceur = beauté). Sauf qu’associer une amélioration physique avec une perte de poids dont on ignore la raison ou la provenance, c’est au mieux maladroit (la chanteuse est apparue confiante et souriante comme never, ça, on ne peut pas leur retirer), au pire problématique et déclencheur de TCA. Tout ceci étant dit, rassurez-nous : on ne “Lana come back” plus, hein ? Hein ?