Les personnages de Maïc Baxane nous regardent, l’air goguenard, en urinant. Petite spécificité : ielles se soulagent en public. Le “pipi sauvage”, tel que le décrit l’artiste, représente une “infraction au Code pénal” bien qu’il soit “un acte mineur et trivial”. Exposées dans le cadre du Prix Utopi·e, un prix artistique dédié aux artistes LGBTQIA+, les illustrations mettent en lumière, avec autant de force que de légèreté, les heurts auxquels font face, au quotidien, les personnes queers.
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Sous ses dehors légers, le pipi sauvage charrie tout un tas d’“enjeux” puisqu’il “est traversé par les notions de genre, de sexe, d’âge, de sécurité, d’hygiène, de pudeur, mais aussi de fétichisation, d’érotisation, de liberté”. Pour les femmes et les personnes LGBTQIA+, pisser dans l’espace public n’est pas anodin et signifie s’exposer à de potentielles violences morales ou physiques.
Pisseur·se 1, Autoportrait, Souvenir des Vosges. (© Maïc Baxane)
En plaquant sur papier des silhouettes colorées faites de craies, crayons, stylos et encre qui se soulagent “face caméra”, Maïc Baxane célèbre ce qui devient une “rébellion liquide”, ‘une “prise de territoire fugace” comme “des gouttes de liberté”. Intitulée Solifluxions, la série est sous-titrée (Ta place est partout), un rappel nécessaire de la part d’un·e artiste qui œuvre à “[bousculer] et [redéfinir] les représentations qui nous entourent”.
Pisseur·se 4, Gaël. (© Maïc Baxane)
Pisseur·se 2, Autoportrait, Marseille. (© Maïc Baxane)
Pisseur·se 3, Milon. (© Maïc Baxane)
L’exposition du prix Utopi·e est à voir aux Magasins Généraux à Pantin, jusqu’au 28 mai 2023. L’entrée est libre et gratuite.