Parce qu’il n’y a pas que le streaming dans la vie : voilà les meilleurs Blu-ray/DVD sortis ces dernières semaines

Matt Damon avait raison : le monde du cinéma allait mieux quand les DVD étaient des choses courantes, qui se vendaient en millions d’exemplaires, permettant aux studios de rentabiliser des films non bénéficiaires lors de leur sortie en salles. On ne dit pas qu’acheter du format physique est une forme de militantisme, mais presque.

Ne croyez pas ce qu’on peut lire ici et là, collectionner n’est pas une forme de fétichisme. Qu’il s’agisse de vouloir garder près de soi les films qu’on aime, d’être sûr de pouvoir les visionner quand on le veut (n’oublions pas que les plateformes peuvent lourder à leur bon vouloir les films de leur grille, même les leurs) ; que ce soit parce qu’on aime l’objet, que l’on veut soutenir une industrie, que l’on aime prêter des films… Qu’importe. Acheter des films fait toujours du bien.

Tous les mois, Konbini revient sur les sorties les plus marquantes des derniers jours. En février, il y a eu beaucoup de belles sorties. Qu’il s’agisse de patrimoine, de film un peu moins culte, de longs-métrages récents connus et reconnus, ou plus obscurs, il y en a forcément un que vous voudrez vous procurer.

Babysitter, de Monia Chokri (ESC/Blaq Out, DVD)

Le deuxième film de Monia Chokri, à la beauté visuelle déconcertante et qui avait déjà la future césarisée Nadia Tereszkiewicz, mérite bien plus que son accueil public qui était trop froid. Peut-être que la sortie en Blu-ray permettrait de donner la deuxième vie que mérite ce long-métrage pétillant, intelligent, féministe mais questionnant notre rapport à l’autre. Malin, très beau, cynique et drôle, c’est une petite pépite qui mérite une place à côté de votre téléviseur.

Gerry, et Paranoid Park, de Gus Van Sant (Carlotta, Blu-ray/DVD)

L’un est culte, le deuxième beaucoup moins connu. Les deux se répondent pourtant, et Carlotta et Mk2 l’ont bien compris. L’étude des États-Unis par Gus Van Sant, que vous compléterez avec Elephant, et le fait que ces deux grands films méritaient bien un travail en Blu-ray avec une édition léchée, c’est chose faite.

Jack Mimoun et les secrets de Val Verde, de Ludovic Colbeau-Justin et Malik Bentalha (Pathé, Blu-ray/DVD)

Comédie d’action imbibée d’un réel amour du cinéma, d’un beau casting (voir le triplement césarisé Benoît Magimel fait particulièrement plaisir), et de gags inventifs, Jack Mimoun a été injustement boudé en salle, alors qu’il était dans le haut du panier de ce qu’on sait produire ici comme film comique. Rendez justice au film de Malik Bentalha et Ludovic Colbeau-Justin, et ajoutez-le dans votre bibliothèque de Blu-ray. C’est la moindre des choses.

Je vous salue, Marie, de Jean-Luc Godard (Gaumont, DVD)

Un film sur la Bible réalisé par Jean-Luc Godard ? Une certaine vision de l’enfer pour certains, et pourtant. La vision du cinéaste de projeter l’histoire de Marie et Joseph dans le présent casse tout le classicisme d’une adaptation biblique, grâce à une structure non linéaire dont le réalisateur est habitué, mais également à l’aide d’une étude de la beauté, de la sensualité et de l’esthétisme proche de ces films précédents (Passion en tête). Le film a fait polémique (des protestations catholiques ont eu lieu, jugeant le film de blasphématoire), et mérite d’être revisité à bien des égards.

À noter que ce n’est pas le seul Godard à ressortir en DVD chez Gaumont.

La femme sur la Lune et Les Espions de Fritz Lang (Potemkine, Blu-ray/DVD)

Après avoir sublimement édité Metropolis, Potemkine continue d’éditer et d’offrir Fritz Lang. Cette fois avec deux films que le cinéaste expressionniste allemand a réalisés après l’échec (commercial, entendons-nous) de son monument précédemment cité. Deux films, différents sur le fond (quoique), mais portés par le même duo (Gerda Maurus et Willy Fritsch), que l’on connaît moins de Lang mais qui méritent d’être analysé, décortiqué, étudié, revu et exploré, comme tout le cinéma de Fritz Lang, en somme. Mais cette fois en Blu-ray.

La Guerre des polices, de Robin Davis (ESC, Blu-ray/DVD)

Jean-Pierre Melville n’a pas le monopole des grands films policiers made in France. Même s’il s’éloigne de l’imaginaire porté par ce dernier, puis par un certain Alain Corneau, La Guerre des polices a le mérite de repuiser dans la force de ces récits, tout en allant chercher de ce qu’on appellera les neo-polars italiens. Une belle découverte, avec un casting assez joli (Marlène Jobert, Claude Brasseur, Claude Rich), sur un film que nous n’aurions sans doute pas vu si ESC ne l’avait pas réédité en Blu-ray. Pour les amateurs du genre, c’est un réel plaisir.

Le Détroit de la Faim, de Tomu Uchida (Carlotta, Blu-ray/DVD)

On connaît bien trop mal Uchida en France. Pourtant, son film le plus célèbre a une réputation sans précédent : celle d’être l’un des plus grands films japonais de l’Histoire. Et pour cause : trois heures durant, vous êtes témoin d’un bien drôle d’objet. Faussement classique, puisant sur certains aspects à la récente Nouvelle Vague française, le film raconte l’histoire de l’île nippone à une période cruciale tout en explorant sa mentalité et sa spiritualité. Ce n’est pas le plus simple de la liste, on vous l’accorde, mais il reste l’un de ceux que vous pourrez être particulièrement fier d’arborer dans votre DVDthèque.

Le Petit Nicolas : Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux, d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre (M6 Vidéo, Blu-ray/DVD)

L’un des plus jolis films de 2022. De l’animation comme on voit rarement, autant dans la forme (le dessin de Sempé prend réellement vie sous nos yeux de gosses ébahis) que sur le fond (on y suit Sempé et Goscinny donnant vie au personnage culte, en même temps que l’on voit des segments issus des BD du Petit Nicolas). Un petit bijou, à voir et à revoir.

Le Secret de la pyramide, de Barry Levinson (Paramount, Blu-ray Steelbook édition limitée)

Si on vous dit Barry Levinson, vous pensez à Rain Man, à Good Morning Vietnam, à la limite au sous-coté The Bay ou à Sleepers. Sans doute pas au Secret de la pyramide, Young Sherlock Holmes en anglais. Et pourtant, vous devriez. Cette ressortie en Blu-ray prouve que cette production Amblin (Spielberg et écrit par Chris Columbus quand même), vaut le détour — et ce n’est pas la nostalgie qui parle. Il s’agit réellement d’un film d’enquête solide, avec un sens de l’aventure rappelant par moments Indiana Jones (et donc Stevy), quelques moments d’horreur purs portés (les séquences d’hallucination rappellent à quel point Spielberg était fan de Tintin), et des effets visuels impressionnants. Vieillissants, certes, mais impressionnants. À mettre en perspective dans la carrière de son producteur, de son scénariste (qui fera le premier Harry Potter 15 ans plus tard), et de son cinéaste, c’est fascinant — et la copie est belle, de surcroît.

Le Sixième enfant, de Léopold Legrand (Pyramide, DVD)

Un premier d’une aussi grande qualité et d’une telle force est rare — et c’est bien de souligner quand c’est le cas. Le film de Léopold Legrand est implacable, bouleversant et étouffant. Il raconte l’accord entre deux couples, l’un étant sur le point d’avoir un sixième enfant alors qu’il n’a pas le salaire pour, et l’autre ne réussissant pas à avoir d’enfants. Le Sixième enfant est porté par un quatuor incroyable, comprendre Sara Giraudeau, Judith Chemla, Benjamin Lavernhe et Damien Bonnard. Un bel objet, dont on n’a sans doute pas assez parlé.

Lee Rock, de Lawrence Ah Mon (Spectrum Films, Blu-ray)

Vous aimiez Andy Lau en grand romantique chez Wong Kar-wai ou en mafieux dans l’incroyable Infernal Affairs ? Vous devriez apprécier ce dernier en une espèce de Serpico dans le Hong Kong des années 1950, dans ce film injustement méconnu, très bien écrit, décrivant une ville en métamorphose. Un polar vraiment efficace, et comme souvent chez Spectrum, avec une belle surprise : la suite, étant offerte dans un deuxième Blu-ray. Qui dit mieux ?

Lettre d’une inconnue, de Max Ophüls (Jokers, 4K/Blu-ray)

Depuis sa ressortie en salle par Jokers en février 2022, on se demandait quand la version physique débarquerait. On ne s’attendait pas à avoir une si belle édition, en Blu-ray et en 4K, avec livret, et en bonus, un entretien avec Olivier Minne (oui !), qui, quand il ne présente pas Fort Boyard, écrit des biographies, ici celle de l’acteur Louis Jourdan. Mais outre la forme de l’objet, c’est la puissance de cette romance mélodramatique d’une beauté visuelle rare et qui touche en plein cœur.

L’Origine du mal, de Sébastien Marnier (Jokers, Blu-ray/DVD)

Injustement boudé aux César cette année, le thriller parano de Sébastien Marnier avait pourtant tout d’un des grands films de 2022. Bien écrit, parfaitement exécuté, porté par un énorme casting, L’Origine du mal va puiser du côté des maîtres du genre pour un film qui se voit, et se revoit avec la même malice. Indispensable.

Seven Swords, de Tsui Hark (Spectrum Films, Blu-ray)

Vous connaissez sans doute la partie américaine de la carrière de l’immense Tsui Hark (oui, on parle des JCVD comme Double Team), ou son chef-d’œuvre The Blade ou Time and Tide. Spectrum Films, qui fait un travail colossal de sauvegarde du cinéma hong-kongais en perdition, nous fait découvrir, une fois encore, une pépite du ciné asiatique. Ici, un wu xia pan sans doute faussement plus classique d’un de ces plus importants auteurs, allant piocher chez Kurosawa et du côté de Hollywood. Assumant l’aspect chevaleresque, avec une mise en scène contemporaine et porté par le futur très grand Donnie Yen. Un grand moment de cinéma, dans une version Blu-ray splendide, avec pléthore de bonus (+1 pour l’interview de Tsui Hark d’une heure), et un bouquin complet sur l’histoire de ce sous-genre du film d’art martial. Bref, un vrai grand moment de cinéphilie.

X, de Ti West (Kinovista, Blu-ray)

L’un des plus beaux, des plus stylés et des plus intéressants films d’horreur de 2022, que l’on ne pensait pas voir sortir en France de sitôt, débarque en Blu-ray. Que ce soit pour Mia Goth, pour cet univers (on attend encore la sortie de ses deux suites en France), pour Jenna Ortega, pour Kid Cudi en acteur porno, ou pour du gore craspouille ou une mémé horrifique, il y a 1 000 raisons de se ruer dessus.