Parce que voir des gens tout nus, ça crée forcément des émotions : on vous conseille l’expo “Paradis naturistes” au Mucem

Parce que voir des gens tout nus, ça crée forcément des émotions : on vous conseille l’expo “Paradis naturistes” au Mucem

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© Don d’un adhérent aux LCP/Collection Lola Miesseroff

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

Ce qu’on a aimé, ce qu’on a moins aimé, ce qui nous a bouleversées et quelques recommandations en plus : notre chronique de l’exposition "Paradis naturistes" au Mucem.

“Il y a quoi à voir en ce moment ?”, “Vous avez une expo à me conseiller ?”, “Vous avez vu quelles expos récemment ?”… Chaque mois, nous tâcherons de répondre à ces questions existentielles qu’on nous pose tout le temps et qui vous font vivre les pires insomnies. Ces recommandations auront le mérite, on l’espère, d’adoucir vos week-ends, de remplir vos cerveaux de belles images et de projets touchants.

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Qui, quoi, où, quand…

Le Mucem expose “Paradis naturistes” jusqu’au 9 décembre 2024, pour raconter l’histoire des naturismes en France. Ce sont plus de “600 photographies, films, revues, objets quotidiens, peintures, dessins, livres, estampes et sculptures” qui sont présentés et qui font état des naturismes d’hier, d’aujourd’hui et de demain, de ses grandes figures, de son militantisme, de sa philosophie, de ses ombres et lumières.

Ce qu’on a le plus aimé…

Comme un joyeux album de famille, l’exposition est hyper-référencée, déborde de rares documentations vidéo et textuelles qui couvrent toutes les communautés, tous les sous-genres des naturismes, et plusieurs pays. Elle n’hésite pas à mettre en avant le passé sombre du mouvement, comme ses liens avec le nazisme, à revenir sur des relations méconnues comme celles qu’il entretenait avec le communisme, et à déconstruire les naturismes d’hier, leur approche coloniale, sexualisante, exotisante et sexiste. Le rôle des naturismes au sein de diverses luttes militantes est bien documenté.

Nous avons également apprécié la muséographie, qui prend des airs de plage avec des cloisons en bambou, bois et des panneaux aux couleurs très solaires et modernes. La circulation est libre, à l’image de ce mouvement qui prônait la liberté. Aucun chemin n’est imposé ou tracé, et il ne manquerait qu’une ouverture vers l’extérieur, donnant sur la Méditerranée, un peu de sable au sol et des pieds nus pour se croire à la plage.

Nu dans les criques levantines, juin 2021. (© Raphaël Chatelain)

Les œuvres qui nous ont le plus touchées…

La sculpture hyperréaliste et grandeur nature Adam & Ève, de John de Andrea, qui clôture l’exposition a retenu notre attention. Le couple biblique apparaît nu, debout, Adam contre Ève, avant le péché originel. La partie “Militantismes naturistes : nudité, écologie, végétarisme, inclusivité” a résonné avec les valeurs que nous défendons : elle revient sur la “nutopie” actuelle, fait le lien avec des groupes militants comme les Femen et démontre à quel point le nu peut être politique.

Les photos de Denise Bellon sont agréables à regarder car elles contrastent avec le male gaze d’autres photographes exposés qui étalent des nus féminins hyper-sexualisants. Les revues bien kitsch, exposées en début de parcours, ont de quoi nous arrêter. Elles sont d’ailleurs présentées en face d’un glossaire qui s’avérera très utile pour la suite de votre visite et qui distingue par exemple le naturisme du nudisme.

Ce qu’on a moins aimé…

Si l’exposition peut se faire en seulement une heure, elle est toutefois saturée en documentations à lire et à regarder si on veut profiter de tout. On ne respire que peu d’image en image, malgré la très belle muséographie mise en place. Toutefois, des petits bancs et tabourets sont mis à disposition pour regarder les archives vidéo ou tout simplement reposer un peu son dos penché.

Pour aller plus loin (mais alors, vraiment plus loin)…

Découvrir une plage naturiste, si le cœur vous en dit ?

Anonyme, Reproduction du dossier de presse du film La Marche au soleil, 1930, tirage d’exposition, collection privée. (© Yann Girault)

Fête du PSU à Meudon, 1973. (© Laurence Brun/Gamma-Rapho)

Série Nudistes au Cap d’Agde, juin 1982. (© Laurent Sola/Gamma-Rapho)

Centre Hélio-marin de Montalivet, 1965. (© Louis Boilley/Fonds Louis Boilley/Karel Oliviero)

Île du Levant, 1935, collection Éliane Schoeffert-Audebert. (© Pierre Audebert/Archives Pierre Audebert)

Hugo Höppener, dit Fidus, Prière à la lumière, vers 1900, Stiftung, Die neue Zeit, Suisse. (© AKG-images)

L’exposition “Paradis naturistes” est à voir jusqu’au 9 décembre 2024 au Mucem.