Quand une journaliste est harcelée par Miles Kane durant une interview des Last Shadow Puppets

Quand une journaliste est harcelée par Miles Kane durant une interview des Last Shadow Puppets

La journaliste Rachel Brodsky du webzine Spin raconte avoir été purement et simplement harcelée par le musicien britannique à coups de regards gênants et de phrases ouvertement déplacées. Des faits qu’elle a tenus à ne pas passer sous silence en retranscrivant son entretien avec les Last Shadow Puppets.

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Rachel Brodsky, journaliste pour Spin, webzine américain spécialisé en musique, a interviewé les deux membres de The Last Shadow Puppets, Alex Turner et Miles Kane, à l’occasion de la sortie de leur second album Everything You’ve Come to Expect en avril prochain. Ce qui devait être une simple rencontre professionnelle, pour discuter de l’écriture et de l’enregistrement du disque, s’est transformé en un moment extrêmement désagréable pour Rachel Brodsky. Durant tout l’entretien, la journaliste américaine a dû subir le comportement inconvenant et les remarques inappropriées de Miles Kane.

Fatiguée du harcèlement environnant que subissent les femmes dans le milieu de la musique, qu’elles soient attachées de presse, ingénieures du son, journalistes ou chanteuses, Rachel Brodsky a tenu à raconter son expérience avec The Last Shaddow Puppets et, surtout, Miles Kane.

Elle explique d’abord que les deux artistes et amis de longue date sont tous deux tirés à quatre épingles (fidèles au clip de “Bad Habits”) : Miles arbore une chemise en soie zébrée sous une veste en cuir noire. Alex, lui, est gominé jusqu’aux pointes et moulé dans un pantalon serré et imprimé. Tellement serré que, lorsque la journaliste tient à saluer l’accoutrement des deux musiciens, Miles s’amuse à pointer “joyeusement” les parties de son partenaire. Au secours, malaise.

“Tu veux aller à l’étage ?”

Pourtant ce n’est que le début des joyeusetés. Rachel se retrouve obligée de refuser d’“aller à l’étage”, alors qu’elle s’intéressait simplement au programme de la journée du groupe, ne parvient pas à interpréter les regards entendus et insistants de Kane au cours d’une conversation lambda, et finalement, après avoir serré la main d’Alex Turner au moment de se quitter, reçoit un baiser surprise sur la joue de la part de Miles Kane, décidément dans une forme éblouissante:

“J’ai essayé de réprimer ce sentiment croissant que quelque chose n’était pas bon là-bas. Est-ce normal que l’on me demande de  monter dans la chambre d’un musicien, même pour rire ? Ou de se faire embrasser sur la joue, devoir sans cesse acquiescer en ‘topant là’ et être constamment dévisagée ? Même si [Kane] est totalement inoffensif (et je suis sûre qu’il l’est), est-ce le genre de chose que je devrais laisser passer dans l’intérêt de mon travail ?”

La situation pourrait paraître anodine, mais comme le souligne à juste à titre la rédactrice, “un peu plus de prévoyance et bien plus de professionnalisme envers les femmes dans l’industrie musicale” serait appréciés.

Car c’est bien là, l’immense problème qui est pointé du doigt par Rachel Brodsky, ainsi que d’autre femmes avant elle. La guitariste et chanteuse de Best Coast, Bethany Cosentino, avait écrit une longue tribune dénonçant l’attitude des hommes dans ce milieu, les remarques déplacées, les gestes indécents qui sont la norme. L’image de la jeune groupie qui veut devenir journaliste musicale pour pouvoir s’envoyer en l’air avec des bassistes et des batteurs est bien trop répandue et dérange les gens qui veulent travailler correctement.

Donc, non, même si Miles Kane n’a touché, abusé ni violé personne (Dieu merci !), son comportement n’est pas à minimiser, et encore moins à dédramatiser. Au lendemain de la Journée internationale des droits de la femme, il est urgent que les hommes qui peuplent en très grande majorité l’univers de la musique mesurent ce à quoi doivent faire face leur consœurs et qu’ils réfléchissent au langage qu’ils emploient et à la manière dont ils se comportent avec elles.