Concerts sous la Pyramide, ateliers et rencontres : le Louvre annonce une nocturne exceptionnelle

Concerts sous la Pyramide, ateliers et rencontres : le Louvre annonce une nocturne exceptionnelle

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© Michael Fousert/Unsplash

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Une exposition audacieuse au Louvre met à l’honneur "les choses", et seulement "les choses", à travers des œuvres de nature morte.

Le Louvre bouleverse l’art de présenter la nature morte par un dialogue dynamique entre notre époque et l’histoire de ce genre. L’exposition proposée secoue l’esprit et les sens. Elle s’ouvre sur la dernière scène du film Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni : la pulvérisation d’objets de consommation projetée sur grand écran.

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Intitulée “Les choses — Une histoire de la nature morte”, elle se conclut par le même cinéaste et une photo de Nan Goldin prise pendant la crise du Covid-19. Entre les deux, un parcours thématique racontant l’histoire de la représentation des choses, des tout·e·s premier·ère·s artistes jusqu’au monde post-industriel.

170 œuvres au total et de grands noms de l’histoire de l’art et de la scène artistique contemporaine. Une trentaine de chefs-d’œuvre provenant du Louvre sont exposés aux côtés de prêts exceptionnels de collections particulières et de nombreux musées dont Orsay, le Tate à Londres, le MoMA à New York et le Prado à Madrid.

Le vendredi 13 janvier, de 18 h 30 à 21 h 45, le musée invite son public pour une nocturne exceptionnelle, à l’occasion des derniers jours de l’exposition. Concerts, ateliers et rencontres accompagneront votre visite. Les musiciens Jacques, Bachar Mar-Khalifé, Thylacine, Birrd et le poète magicien Étienne Saglio donneront des performances live dans les différents espaces du musée, de la Cour Marly à la Pyramide. L’événement est accessible au prix d’un billet d’exposition et gratuit sur réservation pour les moins de 26 ans.

De la Préhistoire à l’intelligence artificielle

Première salle, première surprise : des œuvres préhistoriques et de l’Égypte ancienne voisinent avec La Madeleine à la veilleuse de Georges de la Tour face à l’héroïne de la dernière scène du film Stalker d’Andreï Tarkovski, qui fait se déplacer les objets posés sur la table par la pensée.

Ce face-à-face “fondateur est un peu le mantra de l’exposition. J’ai fait l’hypothèse que si ça marchait, alors tout marcherait”, confie la commissaire Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l’art. “J’ai essayé de repousser les frontières chronologiques et géographiques, en me demandant quand le dessin des choses est apparu. C’est une exposition sensible avant d’être historique. Les artistes dialoguent entre eux à travers le temps et l’espace sans frontières”, ajoute-t-elle.

Ce dialogue nourrit la curiosité. Fidèle à la chronologie historique, il est ponctué de cartels destinés au jeune public. Une toile du Roumain Daniel Spoerri présentant les restes d’un repas en 3D résonne avec une séquence cinématographique de 1920 où Buster Keaton fait la vaisselle au jet d’eau sur un mur.

Marché aux poissons, étal de boucher, représentation de l’argent par les maîtres hollandais répondent à des œuvres du XIXe siècle ou contemporaines, comme une nature morte aux fruits de Matisse dialoguant avec celle de son modèle Jan Davidsz de Heem.

Souffrance animale

Après une “éclipse” des choses pendant presque 1 000 ans par le christianisme, illustrée par des tableaux dans lesquels elles sont reléguées derrière des personnages religieux, le XVIe siècle et le développement du marché les remettent sur le devant de la scène, explique la commissaire.

Coquillages, aliments, verre, métal, bois… Le XVIIIe siècle impose le genre avec Jean Siméon Chardin ou les pastèques de Luis Edigio Meléndez. Ces œuvres cohabitent avec des insectes hybrides imaginaires et un herbier de Miguel Chevalier réalisé cette année à partir de l’intelligence artificielle : un cahier numérique fait apparaître des “fleurs fractales” animées lorsque le public tourne les pages.

Dans une section intitulée “Vanité”, les artistes s’interrogent sur la fragilité du vivant mais aussi sur le marché de l’art, à l’instar du Camerounais Barthélémy Toguo qui s’attaque aussi au sort des réfugié·e·s avec un gigantesque empilement de ballots recouverts de tissu, exposé sous la pyramide du Louvre.

L’exposition met également en lumière la souffrance animale avec des œuvres de Francisco de Goya ou Gustave Courbet, “qui montrent déjà une grande compassion pour le sort des bêtes, dans lesquelles ils voient une humanité”, selon la commissaire. Une tête de vache découpée, photographiée par Andres Serrano en 1984, est “la première bête de toute l’histoire de l’art qui nous accuse, après la vache folle, les élevages intensifs, les abattoirs industriels… On ne comprend pas Serrano si on n’a pas vu le reste avant”.