Wu-Tang Clan — Enter the Wu-Tang (36 Chambers)
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Bien sûr, on commence par l’album qui a changé la face du rap mainstream en rendant populaire les délires violents et mystiques d’un groupe de neuf rappeurs autour des productions de RZA. Tout est à la fois crade et clair dans cet album, trop de classiques et de façons de faire qui vont réellement modifier durablement le monde du rap.
Snoop Doggy Dogg — Doggystyle
L’autre album qui va vraiment tout rafler, le premier de Snoop en pleine ascension derrière le The Chronic de son mentor et producteur Dr. Dre. Il y a tout : l’équipe Death Row, les tubes, le personnage laid back entre Slick Rick et Too $hort, et une production qui n’a pas vieilli d’un poil de chien trente ans après. Vrai classique.
A Tribe Called Quest — Midnight Marauders
Troisième album de Tribe et troisième classique. Q-Tip, Phife Dawg et Ali Shaheed Muhammad retravaillent la formule de The Low End Theory pour la rendre plus suave, plus douce, plus jazz. Certains des plus gros tubes de Tribe sont là et la pochette de l’album reflète tout l’univers du rap de l’époque, une véritable culture. Et il est toujours en haute rotation trente ans après. Intemporel.
Geto Boys — Till Death Do Us Part
Geto Boys a toujours été un groupe aux multiples facettes avec des changements réguliers dans son effectif. Et celui de 1993 est sûrement un des meilleurs, car Willie D étant parti un peu en solo, le groupe accueille le très bon Big Mike du groupe Convicts à sa place. Et juste avant de rejoindre les Geto Boys, Big Mike avait failli signer chez… Death Row, le label des génies Dr. Dre, Snoop Dogg, Nate Dogg et Tha Dogg Pound. Et l’impact du label se sent dans la façon incroyable avec laquelle rappe Big Mike sur ce disque. Si on ajoute Scarface à son top, juste avant son album The Diary, et un Bushwick Bill bien en place, on a, pour moi, le meilleur album des Geto Boys. Et ce n’est pas peu dire tellement leur discographie est chargée et très consistante. Réécoutez-le vite, s’il vous plaît.
Black Moon — Enta da Stage
L’autre classique du New York dur et sale. On retient peut-être plus le Wu pour sa longévité mais le Boot Camp Click a aussi eu un impact très fort sur le rap des années 1990, et tout commence par cet album. Buckshot y est d’une insolence folle et les productions d’Evil Dee transpirent le Brooklyn dangereux de ces années-là, le fameux Bucktown. Quasiment tous les morceaux sont classiques, c’est indécent. Le mix traverse un peu moins le temps que certains autres albums de 1993, mais vraiment, on est sur une ogive nucléaire, là.
Eightball & MJG — Comin’ Out Hard
Très souvent oublié dans l’histoire du rap, le duo de Memphis a pourtant toujours été très constant en qualité, hargne et bagout. Sur ce premier album qui lance aussi le très bon label Suave House, Eightball et MJG s’échangent des rimes riches sur des beats à la fois funky et menaçants. Une nouvelle ère commence pour le rap du Sud et on est totalement conquis.
Intelligent Hoodlum — Tragedy: Saga of a Hoodlum
Petite pépite rarement citée, ce deuxième album d’Intelligent Hoodlum, alias Tragedy Khadafi, est devenu culte au fil du temps pour être le chaînon manquant entre le Illmatic de Nas et le The Infamous de Mobb Deep qui sortent les années suivantes, tous des purs produits de Queensbridge. Tragedy est un rappeur d’exception, et “Grand Groove”, waaaah c’est quelque chose.
Souls of Mischief — 93 ’til Infinity
Cette année est aussi celle du renouvellement d’un style indépendant fort sur la côte Ouest, un peu plus éloigné du gangsta rap et du G-funk. C’est le cas dans la région de San Francisco avec un nouveau supergroupe, Hieroglyphics. Un peu comme Wu-Tang ou Boot Camp Click, les Hiero développent un style commun avec aussi des spécificités solo, en duo ou en trio. On retrouve ainsi dans leurs rangs des rappeurs comme Del the Funky Homosapien, qui fait office de leader, mais aussi Casual, Pep Love ou le groupe Souls of Mischief. Et ce sont eux qui auront un des albums les plus marquants, avec un style proche du jazz et de l’improvisation. Le morceau éponyme est bien sûr un énorme classique. L’indépendance à son meilleur niveau.
Mac Mall — Illegal Business?
Tout le son si précis de la Bay Area est dans cet album. Les prods de Khayree sont folles ; Mac Mall n’avait que 15 ans (!!!) quand il a enregistré cet album puissant, et il y a même 2Pac qui réalise un clip pour lui. C’est indécent le concentré de talent sur ce disque, d’autant plus qu’il n’est absolument jamais cité quand on parle de rap de l’année 1993. Mettez-vous ça dans la tronche, c’est un classique intemporel à tous les niveaux.
Tha Alkaholiks — 21 and Over
Autre facette du rap californien de l’époque, les Alkaholiks assurent un style proche du Def Squad à New York : ça rappe, ça se marre, c’est technique et fun, sans se prendre la tête. Avec leur mentor King Tee et juste avant de développer une génération de cracks avec Dilated Peoples, Lootpack (dont Madlib) ou encore Defari, les Alkaholiks vont ouvrir une nouvelle voie dans le rap du moment, entre funk poisseux, délires de soirées, blagues potaches et freestyles incisifs. Une école entière de rap est dans cet album. Inégalable et inégalé.
Naughty by Nature — 19 Naughty III
C’est toujours difficile de classer Naughty by Nature, ce qui rend le groupe assez absent des tops alors que Treach est sûrement un des rappeurs les plus constants, efficaces et bruts de l’âge d’or du rap. Les productions de Kay Gee ne sont pas en reste, entre club, quasi-new jack et rue. C’est un mélange très étrange que seul Naughty by Nature arrive à maîtriser.
Ultramagnetic MCs — The Four Horsemen
Dernier album en grande forme des Ultra, les prods claquent comme à leur habitude, très breakbeat, et Kool Keith est totalement incontrôlable au micro. Cinq ans après leur classique Critical Beatdown, c’est fort de voir le niveau d’indépendance, de qualité et de versatilité de ce groupe atypique, souvent oublié des panthéons du rap américain alors qu’il y a défriché de nombreuses tendances très fortes ensuite.
Digable Planets — Reachin’
Sur ce premier album du groupe Digable Planets, on atteint le top du jazz rap. C’est smooth, c’est cotonneux, c’est superbement interprété, un vrai joyau étincelant à ranger à côté du Jazzmatazz du regretté Guru sorti la même année.
Spice 1 — 187 He Wrote
La Bay est vraiment en feu en 1993, et en plus de Mac Mall et son équipe, les têtes d’affiche comme Too $hort, E-40 et son groupe The Click ou encore Spice 1 sortent de vraies ogives à leur manière. L’album de Spice 1 marque davantage les esprits car la même année sort aussi le film Menace to Society avec son incroyable BO où on retrouve l’hymne de Spice 1 “Trigga Gots No Heart”. Aussi présent sur cet album, ce tube de la rue offre une exposition forte à ce très, très bon rappeur souvent oublié de ces années dans la Bay.
Da King & I — Contemporary Jeep Music
Là, c’est le petit péché mignon, l’album inconnu qui résume toute l’année 1993 du rap américain tout en montrant ses côtés les plus génériques, les plus clichés. J’adore cet album car c’est le symbole d’une époque : un duo composé d’un rappeur et d’un producteur, du full Carhartt de haut en bas, des Timberland aux pieds, une voix efficace et claire, des prods boom bap très bien ficelées. Il n’y aura qu’un seul album, mais c’est l’album somme, celui qu’il faut absolument découvrir.
Mention plus qu’honorable pour :
- Cypress Hill — Black Sunday
- De La Soul — Buhloone Mindstate
- Freestyle Fellowship — Innercity Griots
- Threat — Sickinnahead
- Erick Sermon — No Pressure
- Onyx — Bacdafucup
- Above the Law — Black Mafia Life
- Poor Righteous Teachers — Black Business
- Brand Nubian — In God We Trust
- 2Pac — Strictly 4 My N.I.G.G.A.Z…